It's the end of the world as we know it - Alex&Marcy

Dans la cours, on observait encore le squelette d'une scène dont il ne restait plus que les échafaudages. Des élèves du comité gravitaient autour de l'imposant dispositif et supervisaient la manœuvre pour le démonter, curieusement silencieux. C'était une drôle de scène à laquelle assistait Marcy, assise plus loin sur les marches bétonnées du jardin. Elle entr'apercevait parfois Aya donner des directives au groupe, pointer des endroits du doigt et annoter l'on ne sait quoi dans un petit carnet sur lequel elle se penchait régulièrement. C'est que nul ne savait trop quoi penser de la soirée de la veille et tous accusaient le coup depuis les révélations étonnantes faites par leur directeur au cours des festivités.

Marcy avait passé pour sa part une soirée étonnante. Elle n'était pas allée comme tout le monde au festival et avait traîné dans les couloirs déserts de l'établissement en profitant du calme inhabituel du lieu. Bien sur elle avait croisé la route de quelques templiers en colère de la trouver là, mais donner un prétexte n'était pas difficile et ils l'avaient toujours laissé vaquer à ses occupations non sans la prier de rejoindre la cours ou son lit. Lors de ses déambulations, elle avait croisé une camarade dont elle ne savait finalement rien et d'abord réticente à l'idée de poursuivre ses aventures nocturnes avec elle, elles avaient finalement fini par parcourir la BGU de long en large en binome. Ce n'était pas désagréable, Marcy n'avait jamais réussi à sympathiser avec une fille de son âge et l'espace d'un cours instant elle s'était sentie plus légère en sa présence. Elles étaient assise dans le couloir du premier étage depuis un bon moment lorsque la voix de Kramer avait résonné dans toute l'école et c'est là-haut, ensemble, qu'elles avaient appris le véritable but des SEEDs. Un lourd silence était retombé alors et son acolyte d'un soir avait préféré se retirer dans sa chambre. D’un commun accord, elles avaient rejoint leurs dortoirs respectifs et s’étaient séparés sans vraiment évoquer ce qu’elles venaient d’apprendre.

Ce matin Marcy le regrettait. Elle aurait voulu pouvoir parler de tout cela avec quelqu’un, pour la simple et bonne raison qu’elle ne savait quoi penser de ces drôles de révélations qui semblaient avoir assommé la plupart des étudiants du garden. À juste titre, qu’allait il advenir de leur organisation ? La guerre était déclarée, la riposte de leur cruelle adversaire certainement imminente et ils n'y étaient de toute évidence absolument pas préparé. Et si par miracle ils parvenaient à vaincre cette menace, que se passerait-il alors ? La BGU continuerait t’elle d’officier ? Kramer avait il seulement imaginé à quoi ressemblerait un monde sans sorcière ? Plongée dans ses pensées, Marcy n’avait pas remarqué qu’elle bloquait le passage et alors qu’une jolie voix lui intimait doucement de la laisser passer, du moins c’est ce qu’elle crue interpréter lorsqu’elle réalisa que quelqu’un se trouvait dans son dos, la rouquine se redressa dans un bond et se décala pour lui céder la place.

« Pardon. »

Bredouilla t’elle en appuyant son dos sur la rambarde et en plongeant ses mains dans les poches de sa veste.

Alexiel se posait globalement moins de questions que la moyenne des élèves. Sur le moment, elle avait été aussi choquée que les autres, mais après une nuit de sommeil, elle avait suivi sa philosophie habituelle très Scarlett O’Hara tout ça : le soleil s’était levé sur un autre jour, c’était donc que le monde continuait de tourner, et eux avec. Elle ramena ses cheveux en une queue de cheval haute et elle retrouva d’autres cadets dans la cour pour donner un coup de main au comité des fêtes. Toutefois, elle croisa sur son chemin une jeune cadet qui lui bouchait l’accès à la cour, elle semblait perdue dans ses pensées. Totalement immobile, le regard dans le vague... « Pardon ! » lança-t-elle d’abord, légèrement… aucune réaction ? Elle retenta, plus doucement mais plus fermement aussi : « Pardon, pourrais-tu me laisser passer s’il te plaît ? » Demanda-t-elle gentiment une seconde fois, ce qui parut réveiller la rouquine. Alex s’était légèrement penchée pour mettre ses yeux à la hauteur de ceux de la demoiselle, car Alex était très grande, même pour une dernière année, et surtout pour une fille !

L’air qu’avait la Cadet laissait à penser qu’elle était préoccupée. Alex’ se mordit la lèvre inférieure, regardant Aya au loin qui était en train de donner ses ordres. Son bon coeur prit le dessus, elle reposa les yeux sur la jeune demoiselle et lui sourit. « Ce n’est pas grave. Tu avais l’air d’être plongée dans tes pensées, il y a quelque chose qui ne va pas ? C’est Aya ? Elle t’a crié dessus ? » Cela pouvait paraître bête d’en arriver à cette conclusion mais Alex’ avait tellement l’habitude de passer derrière son amie pour arrondir les angles que c’était la première chose qui lui était passé par l’esprit… surtout en attendant la voix de la concernée brailler à certains qu’ils étaient des incapables. Ah, Aya… enfin, c’était aussi comme ça qu’on l’aimait !

Alexiel se fit toutefois la réflexion que ce ne devait pas être ça, car Marcy – son prénom commençait à revenir à Alex qui se faisait un devoir de connaître tout le monde -, était assez loin du champ de bataille… vu qu’elle était dans l’entrée. Puis, qui se souciait encore des crises d’autorité d’Aya ? Pas elle de toute évidence

« Tu pensais à hier soir peut-être, sinon ? Enfin… tu me diras, tout ça, ça ne me regarde pas, mais j’aime bien parler, et écouter aussi, alors si jamais... » proposa-t-elle d’un ton léger. Elle était tout à fait capable de s’imposer quand c’était nécessaire, mais elle savait aussi très bien que ça ne servait à rien dans les cas où c’était personnel. Si Marcy lui disait qu’elle ne voulait pas lui dire ce qui l’avait plongée si fort dans ses pensées, elle en reviendrait à sa première idée et irait rejoindre Aya et ses abeilles pour remettre de l’ordre dans la ruche. Mais la priorité était le bien être de tout le monde, surtout les plus jeunes… Alexiel était une grande sœur dans l’âme, la personne idéale pour confier ses états d’âme donc, même si elle-même n’en éprouvait pas vraiment.

Dos à la rambarde, Marcy attendit que sa camarade la dépasse sans s’attendre à ce qu’elle lui adresse la parole. Levant son visage vers elle, qui se trouvait maintenant quelques marches plus basses, lorsqu’elle l’interrogea, la rouquine secoua machinalement la tête, haussant les épaules avant de lui répondre. « Non, non Aya ne m’a rien fait. Par contre les autres là bas… » Instinctivement son regard se posa sur les membres du comité que sa colocataire n’hésitait pas à reprendre férocement. Elle était rentrée furieuse la veille, avait claqué la porte de sa chambre sans demander de reste. Marcy aurait juré l’avoir entendu insulter le directeur. Cette soirée avait compté tellement pour elle ces derniers mois, elle l’avait vu s’afférer autour de ce projet et y mettre tout son cœur, en réalité, la cadette regrettait que cela ne se soit pas passé comme prévu. Mais l’histoire était en marche…

En se rasseyant, Marcy referma son blouson contre elle en fourrant ses mains dans ses poches. Elle comptait encore profiter de la cours avant de retourner dans l’établissement. Mais elle sentit sur elle le regard insistant de sa camarade et constata effectivement, qu’elle continuait de l’observer. C’est alors que l’autre revint sur ses pas, s’inquiétant pour elle et affirmant qu’elle pouvait lui parler. C’était surprenant mais agréable, cette fille dégageait naturellement quelque chose de très doux. Elle n’avait rien contre le fait d’entamer une discussion avec, Marcy n’était pas une grande bavarde mais elle était moins timide qu’elle n’était réservé.

« Je n’étais pas là hier soir. Enfin j’ai entendu le discours de Kramer, comme tout le monde. Mais je ne me trouvais pas ici. » Commença t’elle en désignant la cours et les vestiges du festival du menton. Un choix qu’elle ne regrettait pas, mais, forcément, elle s’interrogeait. « C’était comment ? Je veux dire, comment la nouvelle a été reçu ? L’ambiance est tellement… Bizarre, ce matin. J’imagine que tout le monde prend le temps de digérer la nouvelle, et de se faire une idée sur tout ça. » En réalité il y avait bien quelque chose qui la turlupinait, elle craignait que ce discours, au lieu de souder les troupes, ne les divise. Mais peut être s’inquiétait elle pour rien, que les conversations qu’elle avait pu entendre – clairement la nouvelle ne faisait pas l’unanimité – n’étaient qu’éphémère et que très rapidement on comprendrait qu’ils n’avaient aucun intérêt à créer des clans au sein de l’établissement.