[Mission] This is the hunt

Vous venez d’arriver à la Forêt  des Chocobos, lieu de votre mission. Il vous aura fallu une journée de voyage, majoritairement de nuit. C’est pourquoi vous vous retrouvez ici de bon matin. A l’exception de quelques irréductibles éleveurs que vous ne croiserez pas, le lieu est vierge de toute âme humaine. Il n’y a que des arbres largement espacés les uns des autres, de gros rochers ici et là ainsi que les ruines d’anciennes tours que la végétation avait recouverte.

Kramer avait été clair, la mission n’avait rien de compliquée. Pourtant, son petit sourire en coin tandis qu’il vous donnait votre ordre de mission semblait indiquer le contraire. Une écurie de la région de Balamb avait fait appel au SEED afin de capturer trois chocobos dans la région de Centra. Pas de grand combat, de monstres antiques ou d’enjeux géopolitiques majeurs, il s’agissait simplement de ramener trois gros volatiles jaunes. C’était une mission facile qui aurait pu être confiée à des SEED fraichement diplômés. Et pourtant, c’est vous qu’on avait choisi. Pourquoi ? Vous ne pouviez que faire des suppositions. Toujours est-il que vous aviez une mission à accomplir et qu’échouer sur une mission d’apparence si simple n’était pas envisageable.

Durant cette mission, le MJ n’interviendra pas ou alors de façon épisodique pour pimenter le jeu. Voici donc quelques indications : il vous faudra fouiller les alentours pour retrouver les trois chocobos. Ils sont très intelligents et rapides. Leur vitesse de déplacement est plus rapide qu’un cheval lancé au galop et ils ne se laisseront pas attraper facilement. Vous les repèrerez et les capturerez les uns après les autres. Mais le dernier sera celui qui vous donnera le plus de fil à retordre. Vous devrez faire appel à tout votre esprit stratège et il risque bien de vous épuiser à la tâche

Quand j'avais lu la mission sur laquelle Kramer m'envoyait, j'avais pensé que c'était une blague. J'avais même été prêt à lui poser la question mais je m'étais dit que le directeur n'avait pas d'humour. Du coup j'avais plutôt opté pour une sorte de punition. Même si je n'avais pas lu les rapports de mes partenaires au sujet de la mission sur l'artefact, ça n'avait pas du être que des éloges. Même si une fois séparé j'avais obéi aux ordres de Sithmaith, mais les deux autres idiots n'avaient pas été là pour le voir. C'était surement la rouquine qui avait empêché Kramer de me donner un nouvel avertissement. A la place je devais aller à la pêche au chocobo en compagnie de Selena. On avait jamais travaillé ensemble vu qu'elle était plus dans l'infiltration. Je me demandais si elle n'était pas elle aussi punie ? En dehors de jouer au go ensemble, on ne parlait pas vraiment.

En tout les cas, je boudais dans mon coin, sommeillant à moitié depuis le départ de la BGU. Et en même temps j'étais excité de voir des Chocobos pour de vrai. Je savais à quoi ça ressemblait à travers les bouquins et les paroles de mes anciens instructeurs mais c'était tout. Je n'avais pas eu le temps de trouver un manuel de capture de Chocobos, mais je supposais que comme tous volatiles il allait falloir y aller avec des pincettes.

Il était tôt à notre arrivée et on avait croisé personne pour nous dire si nos cibles avaient un nid ou pas quelque part dans la forêt. A croire que Kramer avait tout fait pour corser la chose. Déjà qu'à mon avis, en attrapé trois ça ne serait pas du gâteau. Aish, ça me gavait déjà alors qu'on avait pas commencé.

- Une idée de comment les trouver ? J'ai pas suivi de cours de pistage

Demandais je à Selena. Elle était aussi intelligente que moi, j'étais l'une des rares personnes à le savoir au sein de la BGU. Raison pour laquelle je pouvais me risquer à poser la question. La situation aurait pu être pire, me retrouver avec Prescott par exemple.

Kramer et moi n’étions pas en bons termes dernièrement. En fait, notre relation avait toujours été compliquée. Il n'avait pas vraiment apprécié que je passe directement par NORG en bravant son autorité pour me faire inscrire à la BGU. Encore moins que ‘j’usurpe’ selon ses termes une des bourses de la BGU. Il avait mis de l’eau dans son vin parce que j’étais une bonne SEED. Excellente même. Mais mon petit pétage de plomb du mois de décembre n’avait pas plaidé en ma faveur. Insulter Kramer n’avait pas été une bonne idée. J’étais tellement inquiète pour mes trois amis. J’avais cru perdre les deux hommes de ma vie et c’était une douleur inimaginable. J’avais été tellement heureuse quand ils étaient tous revenus sains et saufs. Mais ils avaient comme laissé une partie de leur âme là-bas. Ils en parlaient peu. Lucian avait l’air plus sombre, presque brisé. Et Zack… il s’était perdu dans l’entrainement. Même si notre relation s’était apaisée, cela restait bizarre entre nous. Et je n’approuvais pas sa nouvelle lubie. Il était obsédé par les soldats d’élite de Cydaée. Ça en devenait ridicule.

J’avais été surprise de recevoir une convocation dans le bureau du Directeur. Dernièrement il déléguait les ordres de mission à des SEED de rang A. Peut être pour ne pas me voir ? Bah voilà que je virais paranoïaque. Toujours est-il qu’avec sa mission ridicule, Kramer avait battu tous les records. Attraper des chocobos ? Sérieusement ? Je n’avais jamais réellement compris la fascination des gens pour ces bestioles. Pour moi rien ne valait une voiture de sport, un moteur et de l’huile. Bref, cette mission m’ennuyait prodigieusement. Pour la première fois, je me retrouvais en mission avec Joris. Nous n’avions jamais beaucoup parlé pendant nos parties, si bien que je ne savais pas grand-chose de lui si ce n’est qu’il était un mage. Plutôt doué d’ailleurs. Mais beaucoup se plaignaient de son manque d’application en mission. Bah… ce n’est pas vu ce qu’on nous avait confié que ce serait très dérangeant.

Le voyage se passa sans encombre. J’avais dormi la plupart du temps, mon compagnon de route ne semblant pas enclin à discuter. A notre arrivée à la forêt des chocobos, l’endroit était désert. Ni éleveurs, ni chocobos. Juste des arbres et de la roche. Bon… Voilà qui s’annonçait bien. Apparemment, Joris avait eu les mêmes pensées que moi car sa question reflétait mes interrogations.

Je pris quelques secondes pour réfléchir avant de lui donner la réponse la plus logique qui me vient à l’esprit.

« Hum… Je suppose qu’il faut trouver un point d’eau. Un étang, une cascade ou je ne sais quoi. Ce sont des chocobos sauvages donc ils devront y passer à un moment ou à un autre de la journée. Et de la nourriture. Lors d’une mission de protection j’ai eu pour client un jockey chocobo donc je me souviens à peu près à quoi ressemblent les chocolégumes. Si on a de la chance, on en verra sur le chemin et on pourra en ramasser comme appât. Ils ne se nourrissent que de ça. »

J’avais déjà eu de meilleurs plans mais là, on ne croulait pas non plus sous les données pour pouvoir partir sur quelque chose de plus élaboré.

« On a plus qu’à se mettre en route. »

Un jockey chocobo ? Selena avait vraiment des fréquentations étranges. Enfin, si on pouvait appeler cela ainsi vu que c'était plus exactement un ancien client de la Seed. A force de se promener partout on finissait surement par avoir des tonnes de contacts. Trop de gens à rencontrer et à parler pour maintenir une couverture éphémère. Même si j'étais mannequin pour des raisons personnelles, le peu que je faisais était déjà suffisamment fatiguant et relationnelle. Après, il y avait toujours des risques que les projecteurs se mettent sur ma personne parce que je n'avais pas de bol.
Enfin bref, là j'étais sur une île perdue pour une mission super ennuyante. Heureusement que je n'étais pas venu seul, sinon je serai resté sur le bateau plutôt que d'aller partir à la chasse aux chocobos. Ma partenaire avait l'air de s'y connaître pas mal grâce à son jockey.

- Un point d'eau...de toute façon il doit y avoir d'autres bestioles dans cette forêt...et d'un point de vue de la verdure, plus on sera proche d'un point d'eau plus l'herbe sera verte et il devrait y avoir aussi un peu de mousse sur les arbres

Du moins c''était ce que j'avais lu. Personnellement c'était la première fois que on me demandait de trouver une rivière. Et à Trabia il n'y avait pas vraiment de grande forêt verdoyante. Plutôt enneigé. Surement pas un climat pour des volatiles non plus. Il n'y avait à présent plus qu'à se mettre en route, comme l'avait suggéré Selena. Et c'était en trainant les pieds que je me dirigeais vers la forêt.

- Et tu sais comment on attrape un Chocobo ? je ne pense pas que leur demander de nous suivre soit suffisant, bien que ça soit des créatures avec une cervelle...

J'étais venu, un peu les mains dans les poches. En même temps la mission c'était de ramener vivant des animaux pas de les couper en tranche. Bien que, couper une patte pouvait être utile pour empêcher un chocobo de s'enfuir. Quant à la paramagie, il n'y avait pas vraiment de sort adéquat dans toute ma panoplie et ces animaux étaient en plus très rapides, donc difficile à viser. Peut être que Selena avait aussi rencontré un pro du lasso dans sa spécialisation.

Joris ne se doutait pas à quel point il avait raison. J’avais effectivement rencontré des gens plus spéciaux les uns que les autres lors de mes missions. La confidentialité m’empêchait d’en parler mais j’aurais eu de sacrés histoires à raconter. Pour ce qui était de garder ma couverture, comme la plupart des spécialistes de l’infiltration, j’avais une couverture de longue durée qui me permettait de sauver les couvertures éphémères. Pour le grand public, j’étais une journaliste. Une reporter qui allait de part le monde pour des reportages chocs et en immersion. Ainsi, si on me reconnaissait, il suffisait de dire que j’étais en plein reportage. Ou, si la mission ne nécessitait pas d’action, j’étais simplement en congé dans les parages. Ca ne marcherait peut être pas durant toute ma carrière mais pour le moment cela fonctionnait très bien.

En tout cas, ce n’était pas cette mission ci qui risquait de griller ma couverture. Il n’y avait pas âme qui vive ici. Attraper des chocobos… tu parles d’une mission. Je me demandais combien le Directeur réclamait pour ce genre de prestation. Il y avait intérêt que ce soit beaucoup pour justifier tous les désagréments. Sans compter le transport. Heureusement que j’avais quelques vagues notions sur ces volatiles parce que mon compagnon de go ne semblait pas en avoir côtoyé. Alors que Joris évoquait de potentielles bestioles, j’abondais dans son sens.

« Il y aura sans doute des monstres. Mais plus faibles que sur le reste de Centra sinon les chocobos n’auraient pas choisi cette région. Ils sont très rapides mais ce sont des herbivores. Contre un monstre carnassier, ils ne feraient pas le poids. »

Nous nous mettions ensuite en route. On ne pouvait pas faire grand-chose de plus. J’essayais d’aller là ou le chemin semblait un petit peu en pente. Il y avait plus de chance de trouver de lot comme ça. En effet, avec le ruissellement, en descendant la vallée, on aurait peut-être une chance de trouver. L’endroit n’avait pas beaucoup de relief mais on s’en contenterait. J’essayais donc tant bien que mal de nous guider. J’avais des notions de base, fruit de cours à Galbadia et de nombreuses lectures mais c’était bien la première fois que je les mettais en pratique. C’était très différent.

J’eu un petit rire ironique à la question de Joris avant de répondre de façon très franche.

« Je suis une fille de la ville alors… Je n’en ai absolument aucune idée. Avant ma mission avec le jockey je n’en avais même jamais vu. Ceux que j’ai vu étaient domestiqués mais là ce seront des chocobos sauvages… ils risquent de fuir et à la vitesse pure, on ne peut pas les battre. »

Je réfléchissais tout en parlant. Imaginant les différents scénarios possibles et quelques variantes. Cela n’allait pas être de la tarte.

« Il faudra sans doute essayer de le prendre par surprise. Et s’il nous repère, l’un de nous devra le courser et l’autre le bloquer à revers jusqu’à ce qu’il soit assez fatigué pour se laisser attraper. »

Au fil de notre discussion, nous nous étions de plus en plus avancés dans la forêt. La végétation était de plus en plus drue et luxuriante, signe que nous nous approchions de notre objectif. Un éclat jaune à quelques dizaines de mètres attira mon regard et je me précipitais dans cette direction. Je me penchais alors de façon à ramasser un objet, un grand sourire aux lèvres. Je me tournais vers Joris, une longue plume jaune et duveteuse à la main.

« On dirait qu’on est sur la bonne voie. »

Cela fut confirmé quelques secondes plus tard alors qu’un « Kwaaaah » tonitruant nous indiqua la présence d’un chocobo non loin.

Depuis ma mission souterraine, les monstres m'apparaissait comme du menu fretin. Alors honnêtement le fait qu'il y en aurait dans cette forêt à un petit niveau ne me faisait ni chaud ni froid. J'avais surtout envie de finir rapidement le boulot et de rejoindre Paul pour le dîner. Hélas, la mission s'annonçait plus compliquée que prévu étant donné les notions que Selena et moi avions sur les chocobos. Elle se décrivait comme une fille de la ville et finalement, son copain le jockey n'était pas si utile que ça. J'étais en tous les cas d'accord sur le fait que nous ne pouvions pas battre un chocobo à la course . L'idée de me mettre à courir derrière l'une de ces bestioles ne m'attirais pas du tout.

- Je suis un garçon du froid, alors des animaux j'en ai pas trop croisé

Encore moins avec des plumes. Elle devait le savoir de toute façon vu qu'elle avait passé un bout de sa vie à Trabia. C'était même là bas, à Nibelheim que l'on s'était rencontré. Une connaissance forcé par mon frère mais je ne lui en avait pas voulu. Après tout grâce à lui, j'avais trouvé une partenaire de jeu à ma hauteur. Ce n'était pas drôle avec les autres, je gagnais tout le temps.

La forêt était plus verte à mesure que nous avions avancé. Selena s'était baissée pour ramasser quelque chose sur le sol. Il s'agissait d'une plume jaune. Il n'avait pas fallu longtemps pour entendre le propriétaire avec son cri caractéristique. Il ne devait effectivement, pas être loin. Ce qui était une bonne chose, car mine de rien les minutes passaient depuis qu'on était arrivé. Il ne manquait plus de savoir comment s'y prendre pour attraper le chocobo.

- J'imagine que si on ne fait aucun mouvement brusque, il n'y aurait aucune raison qu'il sente un danger et s'enfuit

Comme tout animal sauvage qui se respectait. Je faisais donc signe à Selena de se faire discrète et j'en faisais de même de mon côté. Marchant doucement et évitant les brindilles et les feuilles mortes. Comme j'avais l'habitude de me faire tout petit depuis ma naissance, il m'était aisé de marcher sans bruit en direction d'où il me semblait avoir entendu le chocobo. Un autre cri ne tardait d'ailleurs pas à se faire entendre, et c'était après avoir passé un buisson que l'on tombait sur l'animal, à quelques mètres. Sa couleur jaune ressortait dans le paysage et il fallait avouer que c'était grand. Et charismatique.

- Tu crois que ça rentrerait dans ma chambre à la BGU ou dans un appartement ?

J'imaginais la tête de Paul en voyant un chocobo en plein milieu de son salon. Ca serait drôle. Mais bon, les trois que nous allions capturés n'étaient malheureusement pas pour moi. Je tentais une première approche vers le chocobo qui me regardait avec ses yeux de volatile. Cependant, ce n'était pas un regard bête comme chez les pigeons. Alors que je tendais ma main vers lui, l'oiseau laissa échapper un kwaa avant de s'enfuir à grande enjambé.

- Ya ! Reviens ici !

Je m'élançais à sa poursuite, essayant de lui lancer un stop mais ce n'était pas évident de faire trois choses à la fois. J'espérais que Selena avait une bonne vitesse.

Tout comme Joris, les monstres ne me faisaient pas peur. En fait, j’aurais même préféré que la mission ai pour but de massacrer des monstres. Cela m’aurait au moins permis de me détendre un peu. A ce niveau-là, j’étais l’antithèse de Joris qui détestait la violence. La violence faisait partie de mon être et, surtout, elle me faisait du bien. C’était mon exutoire. Ma seule façon d’affronter mon trop plein de pensées. Parfois, elles bourdonnaient dans mon crâne jusqu’à en être physiquement douloureuses. Petite, je m’enfermais dans le noir de ma chambre lorsque cela arrivait. Puis mon père avait décidé de me canaliser en me donnant des leçons d’escrime. Cela m’avait surement sauvé. Puis, quand tout s’était effondré autour de moi, j’avais quitté Galbadia pour rejoindre le SEED. Parce qu’on m’offrait alors l’occasion de m’oublier dans le combat. Et c’est ce que j’avais fait. Puis je m’étais plongée dans l’infiltration. J’aimais être quelqu’un d’autre et focaliser mes pensées sur ça. Toute ma vie n’avait n’était qu’une fuite en avant, mais je le vivais bien. La plupart du temps.

Lorsque Joris me fit part de l’absence d’animaux dans sa vie, je ne pus m’empêcher de sourire.

« En fait, tu serais surpris. Trabia et Centra sont les plus gros foyers de chocobos. Mais ceux d’ici sont les plus performants. Dommage que Nibelheim ne soit pas proche de ces nids. »

Personnellement je n’en avais jamais côtoyé avant mes 21 ans et pendant une période très restreinte. Je n’étais jamais monté sur l’un d’eux par contre. Honnêtement ils me mettaient plutôt mal à l’aise. Et puis le vif du sujet s’était imposé à nous en un tourbillon de plumes jaunes et un cri tonitruant. J’hochais la tête à la remarque de Joris. J’étais arrivée à la même conclusion même si mon pessimisme légendaire m’amenait à penser que les choses ne seraient pas si simples.

Tout comme Joris, j’avais l’habitude d’être discrète. Je participais à des missions d’espionnage après tout. Si j’étais un éléphant dans un magasin de porcelaine, on ne me laisserait jamais participer à de telles missions. Je m’approchais de la source du bruit à pas de loups. La bestiole me filait la chair de poule. Je l’imaginais déjà me marteler le corps à coup de bec. Mais vu l’air ébahi de Joris, il n’avait pas l’air dans le même état d’esprit que moi. Ces volatiles avaient un étrange pouvoir pour hypnotiser les habitants de Dol on dirait. C’était terrifiant.

Alors qu’il me posait sa question, je ne regardais avec des yeux ronds totalement sidérée. Il était sérieux là ? Pour un type supposément intelligent il avait de drôles de lubies. Sentiment qui se confirma quand il tendit la main vers l’animal. On avait dit pas de gestes brusques ! Alors qu’il décampait, je lâchais un soupir. Il allait falloir lui courir après maintenant. Ma vitesse n’était pas mauvaise mais pas au niveau d’un chocobo. Je me lançais donc le sort booster avant de m’élancer à la poursuite de la bête.

« Et merde… »

Je partais dans un angle un peu différent de celui de Joris, j’espérais pouvoir finir par le coincer. Bien m’en avais pris car la bestiole avait zigzagué et se retrouva alors devant moi. Elle avait sursauté avant de se retourner brutalement et de repartir dans la direction de Joris. Si on continuait comme ça, on arriverait peut être à le fatiguer.

« Joris ! A toi ! »

A défaut d’arriver à l’attraper tout de suite, ca lui laisserait peut être le temps de ralentir le volatile.

Des chocobos à Trabia ? Je réfléchissais, cherchant dans mes souvenirs si j'avais pu lire ça quelque part. Les faits étaient que à l'époque où j'étais cadets, les cours étaient tellement ennuyant que je n'avais pas vraiment écouté. Encore moins les zones géographique où l'on pouvait trouver ces bestioles à plumes. Mais si Selena, le disait ça devait être vrai. Elle en connaissait plus que moi sur ce sujet là. Je n'en avais ceci dit jamais croisé alors peut être que leur nid se trouvait dans les montagnes. C'était un endroit gorgé de monstres et je savais qu'il y avait une forêt. Après je ne voyais pas en quoi c'était dommage que Nibelheim ne se trouvait pas près des chocobos. Parfois, j'avais un peu de mal à suivre la pensée des autres et la Seed en faisait partie. Malgré notre intelligence commune, on ne fonctionnait pas pareil.

- J'imagine que ceux de Trabia doivent bien se débrouiller dans la neige

Ceux d'ici étaient peut être les plus performants mais si ils avaient jamais mit les pattes dans une montagne enneigés, ils avaient aussi leur faiblesse. Mais il n'y avait hélas pas de neige dans cette forêt pour ralentir la course des chocobos. J'avais essayé de m'approcher de celui qu'on avait trouvé, avec un peu de chose il se laisserait faire. Mais non, cet abruti d'oiseau avait déguerpi. Je m'étais donc lancé à sa poursuite, pestant intérieurement contre la volaille et Kramer.

Selena avait visiblement fait de même et réussi à faire une queue de poisson au chocobo. Ce dernier avait fait demi-tour et se dirigeait vers moi. Je n'avais pas envie de courir toute la journée. Je regardais autour de moi et une idée me traversait la tête. Je tirai sur une liane accroché à une branche, merci la faune et la flore.

Je revenais ensuite sur le chocobo, calculant la distance et le taux de probabilité de parcours. Il zigzaguait. Un sourire étirait mes lèvres tandis que je sautais pour m'agripper à une branche juste quelques secondes avant que l'animal passe. Je me laissai tomber au même moment, atterrissant sur son dos. Son plumage était très doux. Mais je n'avais pas le temps d'apprécier le toucher. Le chocobo faisait tout et n'importe quoi pour me faire tomber. Je m'accrochais à son cou, m'aidant de ma bouche pour tenir la liane, et la passer autour du cou du chocobo comme je pouvais pour faire un nœud.

J'essayai ensuite de tirer sur sa nouvelle laisse pour le faire s'arrêter mais à part un kwaa étranglé...il en avait rien à faire. Saleté. Un coup plus virulent me faisait cependant tomber de son dos et tenant toujours la liane, je me faisais trainer que quelques mètres avant de lâcher pour éviter de finir dans un arbre. Saleté. J'espérais au moins l'avoir épuisé.

Et oui, comme je l’avais expliqué à Joris il existait des forêts de chocobos à Trabia. En fait Galbadia et Balamb étaient les seules régions dépourvues de volatiles jaunes. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle on devait se perdre à l’autre bout du monde en ramener. Foutus poussins jaunes. Et dire que j’étais habituée à espionner ou infiltrer des organisations criminelles et voilà qu’on m’envoyait à la chasse. Non mais franchement.

« Je suppose. Je n’en ai jamais vu. »

Le spécimen d’ici par contre, je le voyais bien et il commençait sérieusement à m’agacer. Jouer au chat et à la souris avec le gros poussin ne faisait pas partie de mon planning de la journée. Il fallait que cela cesse. Joris semblait penser la même chose car sous mes yeux ébahis, il fit preuve d’initiative. Il se prenait pour Tarzan ? Tandis que Joris se débattait sur le dos de la bête, je me rapprochais de façon à bloquer au maximum les tentatives de fuites du chocobo. Pendant ce temps là, Joris faisait du rodéo avec son nouvel ami jaune et sa liane. Joris avait saisi une opportunité et je ne pouvais que l’en féliciter mais quand même, il aurait pu me demander une des cordes et harnais que Kramer m’avait confié avant notre départ. Après tout, il fallait bien qu’on ai un minimum de matériel pour ramener, à nous deux, trois de ces monstres à la BGU. Mais comme je le disais, son initiative avait été bienvenue et nous avait fait gagner du temps sur cette mission inutile. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi autant de gens se plaignaient à son sujet en retour de missions. Certes, il avait la sociabilité d’un poulpe agonisant mais sorti de là ce n’était pas si désagréable de travailler avec lui.

Je suivais le chocobo raisonnablement plus let depuis son petit rodeo jusqu’à ce que Joris lache la liane et que le chocobo fasse un écart pour contourner l’arbre qui lui faisait face. Ni une ni deux, je bloquais du pied la liane qui trainait empêchant le chocobo de s’enfuir alors qu’il poussait un Kwaa horrifié. Je me tournais rapidement vers Joris.

« Tout vas bien ? »

Une fois rassuré sur son état, je sortais le harnais de ma poche avant de le passer autour du coup de l’animal. Il n’était pas spécialement ravi et manqua de me piquer les mains de son bec à maintes reprises. Pas commode l’animal ! J’accrochais ensuite au harnais une espèce de laisse en cuir et je trainais d’une main l’animal peut coopératif avant de tendre l’autre à Joris qui se remettait de son affrontement avec le démon jaune.

« C’était bien joué le coup de la liane. »

Je lui adressai un sourire sincère. J’étais peu habituée aux missions à plusieurs. Les dernières fois, c’était à Timber puis avec Mateusz et cela avait été loin d’être une partie de plaisir. Pour des raisons bien différentes selon les cas. Sans compter le fiasco avec Zachary lors de ma mission à Winhill. Non, décidément, j’étais plus efficace quand je faisais cavalier seul.

Kramer ne m'avait parlé ni de cordes ni de harnais. Ou peut être que je n'avais pas écouté à ce moment là tellement la mission qu'il m'avait donné à moi et à Selena, m'avait contrarié. J'aimais les animaux mais quand il s'agissait de les caresser ou de les câliner. Mais pas de les attraper. J'étais loin d'être un expert en matière de capture de chocobo. J'avais du donc improviser rapidement pour en finir au plus vite avec la bête à plumes. Et le petit tour de manège m'avait convaincu de ne pas en ramener un chez Paul. Le chat que j'avais recueillis avec mon ami risquerait aussi de faire une attaque en voyant le grand volatile. Avec toutes ces conneries, je m'étais fais trainé comme une vieille remorque. Autant dire que mes vêtements avaient quelques peu verdis sous l'action. Heureusement que c'était solide sinon, ça aurait été aussi déchiré et le créateur aurait entendu parler de moi. Enfin bon, si mon petit rodéo surprise avait permis à Selena d'attraper ce dingue de chocobo  je n'allai pas rouspéter. Elle avait aussi l'amabilité de me demander si ça allait. J'opinais de la tête en guise de réponse, époussetant les manches de mon vêtements pour enlever les feuilles et l'herbe qui s'y était collé. Ma coéquipière finissais pendant ce temps de capturer définitivement notre premier chocobo. Non sans y avoir vendu ma peau. Un peu. Alors me féliciter du travail accompli n'étais que justice. Et aussi la première fois que l'on me le disait. Ca réchauffait le cœur et évidemment, je n'avais que mon visage pour refléter le fait que ça m'avait fait plaisir. Traduction : j'étais devenu légèrement rouge.

- Hum...j'avais pas envie de lui courir trois ans après

Déclarais je tout en prenant timidement sa main pour m'aider à me relever. Une fois debout, je pouvais épousseter le reste de mes habits. Ils étaient bon pour faire un tour à la machine à laver.

- Bon, plus que deux ! Tu crois qu'on pourrai se servir de celui là pour attirer ses copains ?

Il y avait des animaux qui avaient la faculté de faire appel à du renfort en cas de danger. J'ignorais si cela faisait partie de celles du chocobo. En tout les cas je pouvais clairement dire qu'ils étaient résistant à la fatigue et pas fan de se faire monter dessus.

Même si Joris ne semblait pas l’avoir retenu, Kramer nous avait bel et bien parlé matériel. Entre divers points de son paragraphe sur la nécessité de diversifier nos compétences dans le respect de la hiérarchie et divers piques concernant mon coup d’éclat à son égard lorsque mes amis étaient fait prisonniers par une folle dangereuse et qu’il n’avait pas daigné bouger le petit doigt. Oui, j’étais toujours fâchée contre le Directeur et cette mission débile n’arrangeait rien. Heureusement que Joris était de compagnie agréable. Si je m’étais retrouvée seule sur cette mission, j’aurais explosé.

Le pauvre Joris avait vraiment donné de sa personne pour nous permettre d’attraper le volatile. Il m’affirmait aller bien mais je ne pus m’empêcher de le détailler pour m’en assurer. Après tout, il n’y a pas si longtemps j’avais caché à mon coéquipier du moment une blessure potentiellement fatale pour la bonne réussite de la mission en cours. Mais, heureusement, Joris semblait plus sale que mal en point. Sa légère rougeur tandis que je le complimentais sur son travail me fit sourire. Il était vraiment adorable. En plus d’être un adversaire admirable au go. On ne devait pas le complimenter souvent sur son travail et s’était bien dommage car, sur ce coup, il avait été essentiel. Je lui tendais donc ma main afin de l’aider à se relever. C’était vraiment un poids plume ! Il avait certainement dû s’accrocher comme un fou lors de son rodéo avec le chocobo.

« Hum… Peut-être. Mais vu comme ces animaux sont intelligents, notre nouveau copain serait bien capable de les avertir. Autant réfléchir à différentes stratégies pour ne pas être pris par surprise. »

Je réfléchissais à voix haute, faisant part de mes réflexions à Joris.

« On devrait peut être explorer les environs. Voir s’il y a un endroit rendant la capture plus aisée vers lequel on pourrait tenter de les diriger. »

Je me tournais vers Joris, attendant ses réflexions sur la question avec impatience. Il était très intelligent et, je savais de nos parties de jeu qu’il pouvait se révéler un brillant stratège. Tout en discutant, nous nous déplacions dans la forêt en quête des deux spécimens qu’il nous manquait pour compléter la mission. Qui sait quand ils nous tomberaient dessus.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, derrière mon air froid et mon sale caractère se cachait un garçon tout timide. Même si cohabiter avec Paul m'avait tout de même aidé à "apprécier" la présence des autres j'étais encore mal à l'aise en société. Un montagne ne poussait pas en jour, ce n'était pas en un claquement de doigt que j'allai devenir l'homme le plus social du monde ? Le voulais je en fait ? Pas vraiment. Les relations que j'avais en ce moment me suffisait amplement. Je pouvais même dire que j'avais battu mon record. Ce qui n'était pas forcément le cas dans tous les domaines. J'avais encore pas mal de chemins à faire en tant que Seed. Je n'étais pas encore prêt à me fatiguer pour rien même si ce que je venais de faire avec le chocobo démontrait le contraire. Selena en avait été témoin. Mais il y avait une raison : en finir au plus vite avec cette mission à la noix et maudire ensuite pendant cent ans Kramer et ses idées tordus. A part me salir et me fatiguer mentalement je ne voyais pas en quoi cette tâche allait améliorer nos compétences. La seule chose positif, c'était que c'était la première fois que je travaillais avec la spécialiste en infiltration. Ca aurait été quelqu'un d'autre, surement que je l'aurai laissé faire le job et me serai assis tranquillement sur la branche d'un arbre.
En tout les cas cette petite sauterie était très loin d'être une partie de plaisir. Il restait encore deux chocobos à attraper et je comptais plus sur la chance d'en avoir trouvé un que sur autre chose. Peut être que la suite suivrait le mouvement ou pas. Je proposais donc naïvement de se servir de celui qu'on avait capturé pour attirer ses copains. Il était vrai que la bestiole pouvait aussi nous doubler. L'idée d'attirer les chocobos vers un endroit où ça serait plus aisé de les capturer était bonne. Un lieu où il n'y avait pas d'arbres, une clairière donc. Peut être que la forêt en possédait une ? Difficile de le dire vu du sol. Prendre de la hauteur aiderait peut être sur cette recherche - ou que je tomberai aussi sur une cascade.

- Je reviens

Lançais je à Selena avant de me lancer un booster. Je m'approchais ensuite de l'arbre qui me paraissait être pas trop jeune et commençait l'ascension. Ce n'était pas si différent que de grimper la montagne de Trabia. Les sorties pédagogiques de la TG n'étaient pas si inutiles que ça. Grâce au sort, j'arrivais rapidement au sommet. J'arrivais à voir l'océan à l'horizon par delà la cime des arbres. Et de l'autre côté, il y avait des montagnes. Un sourire étirait mes lèvres et je finissais par redescendre. Une fois les pieds au sol, je pointais du doigt une direction.

- En continuant vers le nord ouest, on se dirige vers des montagnes. Si on croise des chocobos en chemin on pourra se servir des parois pour leur bloquer le passage. Il y a aussi plus de chance de trouver un point d'eau de ce côté ci

Expliquais je brièvement. Je n'avais pas envie de m'attarder sur un cours de géologie.

Ni Joris ni moi n’étions très emballés par cette mission. Mais bon, il fallait bien faire contre mauvaise fortune bon cœur et surtout, tenter de l’expédier au plus vite. Nous avions discuté de comment apréhender la suite de la mission. L’un comme l’autre, nous préférions élaborer un plan plutôt que de foncer tête baissée. Je ne reculais pas devant l’imprévu, mais quand j’avais la possibilité de minimiser les surprises, je saisissais toujours cette opportunité. Une nouvelle fois, Joris était parti en exploration dans les arbres. Je commençais à me demander s’il n’était pas à moitié Moomba. La rapidité avec laquelle il grimpait était affolante. L’accrobranche ne faisait définitivement pas partie de mes compétences. Prendre des prises sur un immeuble, pas de soucis, mais la nature, j’avais toujours eu un peu de mal. La main en visière pour éviter tout éblouissement, je suivais la voix de Joris pour me faire une idée de se qu’il inspectait. Il fut de nouveau très vite à mes côtés (et en un seul morceau ce que je considérais comme un exploit vu l’arbre). Il pointa alors du doigt une direction que je m’empressais d’observer. Tandis qu’il parlait, j’hochais la tête. Pas besoin d’en dire plus, je comprenais ou il voulait en venir. Resserrant ma poigne sur la bride du volatile, je me contentais d’un énergique :

« Ca me va. On est partis alors ! Plus vite on les aura retrouvés plus vite on sera sur le chemin du retour. »

Et ce maudit Kramer pourrait se mettre une plume de chocobo bien profond là où je pensais. Non mais franchement ! D’un pas martial, je suivais donc la direction indiquée par mon coéquipier, bien décidée à en finir vite. Ce fut donc l’œil aux aguets que nous continuions notre avancée jusqu’à approcher des saillies rocheuses. Un cri désormais bien familier résonna tandis que j’adressais un sourire carnassier à Joris.

« On va avoir de la compagnie. »

J’attachais notre volatile à un arbre de façon à pouvoir me déplacer librement et accrochais licol et harnais à ma ceinture. Il était maintenant temps de se remettre en chasse.

Ce qui était bien de travailler avec une personne intelligente c'était qu'elle comprenait vite où je voulais en venir et donc pas besoin de lui expliquer en détails la suite des évènements. Ce n'était pas dit que mon idée fonctionne mais au moins c'était une sorte de piste. C'était aussi la première fois que j'étais meneur de troupe, j'avais plutôt tendance à être le suiveur lointain dans mes missions. A part quand j'étais avec Daisuke, il m'obligeait à y mettre du mien. Et comme c'était le meilleur ami de mon frère, je lui obéissais non sans ronchonner.
J'étais comme Selena j'avais hâte de rentrer à la BGU et donc d'en terminer avec cette stupide chasse. D'ailleurs pourquoi on se servait de Chocobo comme monture alors qu'on avait des véhicules ? C'était mignon et jaune mais à part ça, je ne voyais pas d'autres avantages. Encore un truc que je ne comprendrais surement jamais. Je suivais ma coéquipière qui était déjà partie dans la direction que j'avais pointé. Un cri bien connu se faisait bientôt entendre. Ah, c'était une bonne nouvelle. Je laissais Selena accroché notre nouvel ami à un arbre. Le chocobo pensait surement que c'était une opportunité pour se barrer vu qu'il essayait de se détacher. A force, il allait finir par se blesser. Mais peut être que ça lui permettrait de se calmer. Un nouveau cri se faisait entendre, bien plus proche que celui d'avant. Autrement dit, la bestiole se rapprochait de nous. D'ailleurs elle venait même en courant vu le point jaune qui arrivait à toute vitesse. Et pas seul. Il y avait un homme qui lui courait après. A mon avis ce n'était pas du renfort envoyé par Kramer. Non, ça c'était un rival qui essayait de nous voler nos Chocobos. Mais est ce qu'on était censé l'arrêter ? Personnellement je n'avais pas envie de chercher encore pendant trois heures un autre ami à plumes. D'ailleurs c'était moi où l'oiseau venait de soudainement s'écrouler par terre ? Le pauvre. Il avait dû se faire attaquer par derrière.

- Occupe toi du chocobo, je me charge de ralentir la concurrence

Enfin, si elle voulait hein. Ce n'était pas que je voulais donner des ordres. J'attendais donc son approbation avant d'aller couper la route à l'individu. Vous imaginez bien qu'il m'a ordonné de me pousser. Ce qui était une réaction tout à fait normale. Sauf qu'il m'avait appelé " minus". Je pouvais être beaucoup de choses, une princesse, un fainéant et j'en passe. Mais ce qualificatif était très loin d'être apprécié.

- Tu sais ce qu'il te dit le minus ?

Alors que papy Exodus me disait de ne pas faire ça c'était déjà trop tard. Je lançais un rafale à celui qui venait de m'insulter. L'envoyant valser dans les airs avant de retomber plus loin sur le sol. De toute façon, si il crevait ça faisait un crétin en moins sur terre. Qui s'en plaindrait ? Pas moi en tout cas. Et puis ce type n'avait qu'à pas me sous estimer et me chercher comme ça. J'avais ma propre susceptibilité.

Jusque-là, la mission bien que d’un ennui mortel ne se passait pas si mal. Notre duo fonctionnait bien et on avançait dans la même direction. Alors que le cri d’un chocobo un peu plus loin indiquait que notre deuxième proie allait arriver, j’étais en train d’attacher Poussin numéro 1 à un arbre. Soudain, Joris me fit part d’une ‘concurrence’. Je hochais la tête avant de sécuriser mon chocobo à l’aide d’un nœud savant dans ses rênes ne sale oiseau ne me facilita pas la tâche à s’agiter dans tous les sens. Seulement voilà, pendant ce temps-là, l’Enfer s’était déchainé autour de moi et j’en restais profondément choquée. Joris était en train de lancer une attaque Rafale sur un civil. Non seulement c’était formellement interdit mais en plus c’était potentiel mortel. Je n’avais pas son niveau de magie mais je me dépêchais de lancer le sort Blindage sur le pauvre malheureux.

Le sort l’envoya voler au loin mais au moins, il ne risquait pas de mourir sur le coup. Un coma, des lésions potentiellement permanentes peut-être même une hémorragie interne. Je soupirais de désespoir. On n’avait vraiment pas besoin de ça. Sans compter que l’onde de choc de la rafale avait envoyé le chocobo poursuivi par l’homme droit vers un arbre et que, vu l’angle du cou de la bestiole, elle n’avait vraiment pas dû apprécier le voyage. Quelle idée d’aller lancer de la paramagie en étant aussi proche d’un civil ? Joris n’avait donc aucune idée de la valeur d’une vie humaine ? Je ne comprenais pas du tout ce qui l’avait amené à commettre cette erreur. Mais, vu l’état de notre mystérieux concurrent, il fallait interrompre la mission de toute urgence. Cydaée nous faisait déjà paraitre pour des monstres, tuer un civil lors d’une mission serait une véritable catastrophe. Sans compter que si Kramer découvrait pareille chose de n’importe qui d’autre que nous, c’était la cour martiale assurée. Déjà qu’on allait peut-être pas y échapper. Je m’agenouillais au côté de l’homme qui semblait tellement mal en point. Son pouls était faible mais régulier. Il y avait encore de l’espoir.

« On est vraiment dans la merde là. Il faut mettre un terme à la mission et rentrer à la BGU tout de suite. Et prier Hyne pour que Kramer ne nous destitue pas de nos places de SEED. »

Je ne le blâmais pas, mais j’étais très déçue et peut être que cela se sentait à ma voix. Tout se passait si bien et pourtant… il avait suffi d’une minute d’inattention pour que tout vire au carnage. J’appelais rapidement la BGU pour connaître le protocole à suivre et faire part du fait que la mission était compromise. Nous devions ramener le civil avec nous pour qu’il puisse bénéficier des soins de la BGU.

« Je te laisse lui lancer Dissipation et un Soin. Je ne maitrise pas assez la magie pour lui retirer le Blindage. Ensuite direction le bateau, nous avons ordre de rentrer, de ne pas tuer Monsieur pendant le voyage pour qu’il puisse être déposé à l’infirmerie et de nous rendre ensuite directement chez Kramer. »

Et très certainement passer un très mauvais quart d’heure. Je laissais donc Joris procéder avant de porter notre invité dans mes bras.

« On devrait aussi ramener le chocobo histoire de remplir quand même une partie de la mission. Ça pourrait jouer en notre faveur. »

Je soupirais à nouveau. Je m’en voulais d’avoir laissé les choses déraper à ce point. Ces derniers temps, aucune de mes missions en groupe n’était de grandes réussites. Si j’excellais seule, j’avais l’impression d’être maudite pour les missions de groupe.

Je ruminais ma mauvaise conscience et mes sombres états d’âmes jusqu’à notre retour au bateau. J’appréhendais un peu le retour à la BGU.

ECHEC DE LA MISSION

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Kramer n'était pas ravi. Il était même franchement furieux et le sermon auquel Selena et Joris eurent droit fut particulièrement magistral. Non seulement ils avaient raté leur mission, manqué de tuer un homme mais surtout, c'était la réputation de la BGU toute entière qui avait été mise à mal.

Kramer était furieux. Si l'incident n'avait pas été signalé tout de suite, il aurait envoyé ses deux SEEDs en cour martiale. Seulement voilà, comme souvent, Joris faisait preuve d'une chance insolente pour éviter de perdre le privilège d'être un SEED. Il pouvait remercier sa partenaire pour cela.

Les faits étaient cependant trop graves pour que Kramer ne prenne pas de mesure.

- En tant que responsable, Selena est suspendue pour une durée de 15 jours.

- Suite à l'incident et au rapport des faits effectué par le blessé, Joris est suspendu pour une durée indéterminée et astreint à un suivi psychologique avec la psychologue de la BGU. Il pourra retourner en mission après avis positif de celle ci et du Directeur.

Attention à l'usage des paramagies offensives sur les civils. Ca reste une arme très puissante et volatile (un peu comme envoyer une salve de balles avec un semi-automatique)

Qu'est ce qui m'avait pris d'attaquer un civil ? Pendant un bon moment je me poserait surement cette question. Je ne savais pas vraiment non plus d'où m'étais venu cet élan de violence. La goutte d'eau de trop diront certains. En temps je me serai effacé, comme d'habitude face à un gars bien plus musclé que moi. Mais une fois que le sort avait été lancé, il était trop tard pour faire marche arrière. Heureusement que Selena avait eu le réflexe de lui lancer une protection. Cela n'empêchait pas que je nous avait mis dans de sale draps tout les deux. La colère m'était passé rapidement, en partie parce que Exodus me criait dans la tête des remontrances depuis mon attaque. Mais le ton déçu de ma partenaire avait réussi à me faire culpabiliser. C'était vrai, attaquer des innocents, ce n'était pas moi. Je laissais ça à d'autres personnes, comme Cydaée et ses sbires. Est ce que j'étais en train de devenir comme eux ? Par tout les saints, j'espérais bien que non. Certes, voir le braconnier évanoui ne me faisait ni chaud ni froid, comparé au pauvre Chocobo. J'avais exécuté les ordres de Selena sans discuter, lui lançant le plus haut niveau de soins que je connaissais. Je la suivais ensuite sans un mot jusqu'au bateau avec l'unique volatile que l'on avait réussi à capturer - avant que je ne fasse tout capoter. Pour une fois que je ne restais pas les bras croisés, c'était pour foutre la merde. J'étais sur en plus que Selena allait m'en vouloir à vie. A cause de moi Kramer allait surement la punir ou la virer. Je préférais prendre tout et qu'elle soit épargné. Je pourrais toujours plier bagage et rentrer chez moi. Emmener Paul à Trabia. Même si il n'y avait pas beaucoup de plantes là bas. Je m'y voyais déjà. Selena m'avait défendu mais je pensais que c'était peine perdue. Mais contre toute attente, Kramer me laissait - encore une fois - une chance. Il faut dire que contrairement à d'habitude, j'avais bien aimé fixer le bout de mes chaussures, l'indifférence dont je faisais preuve habituellement était bien loin. J'avais subi la colère de Kramer sans broncher, avait voulu dire quelque chose pour sauver Selena mais m'étais abstenu face au regard noir du directeur.
Elle se retrouvait suspendue pendant quinze jours et moi...je devais supporter des séances avec une psy et étais aussi suspendu pendant x temps. Ca n'allait pas être facile de leur faire donner un avis positif.

Une fois hors du bureau j'avais doucement attrapé ma camarade par le bras avant qu'elle ne parte.

- Je suis désolé...je ne suis pas comme ça...je...vraiment désolé

Balbutiais je pour m'excuser. Je me sentais tellement misérable actuellement, et j'avais envie de pleurer. Le pire était surtout d'avoir déçu Selena et de perdre une "amie". Même si je ne le montrais pas forcément, je l'appréciais. Parce qu'elle faisait partie de ces rares personnes avec qui je pouvais converser et jouer sans me prendre la tête. J'avais lâché son bras et m'étais incliné quelques secondes avant de m'enfuir en courant pour aller cacher mes larmes dans ma chambre.