guess what ? - Freya&Robin

Cinq mois maintenant qu'elle officiait à la BGU, Robin pourtant continuait de s'extasier sur la structure de l'établissement militaire comme si elle venait de la découvrir. Quand son regard se posait sur l'hallucinante architecture du hall, elle se rappelait avec émotion le jour ou pour la première fois où on avait entendu claquer ses talons dans les couloirs de l'école et qu’elle avait levé les yeux vers les imposantes statues en souhaitant être embauché. Elle avait obtenu le poste trois jours plus tard, un véritable tournant dans sa carrière, elle qui avait enchaîné les galères dans des établissements ou elle était à peine prise en considération se voyait enfin offrir un poste à la hauteur. La grande romanesque qu'elle était avait vu cela comme un nouveau chapitre de sa vie, la plus idéale manière de clore le précèdent dont elle avait hâte de tourner les dernières pages. Pourtant ses parents avaient eu une réaction mitigée lorsqu'elle leur avait annoncé qu'elle avait été prise. Inscrire sur son curriculum vitae que l'on travaillait pour une organisation à laquelle on avait déclaré la guerre quelques semaines plus tôt n'était pas ce qu'ils avaient souhaité de mieux pour elle, malgré tout le respect qu'ils avaient pour la dite organisation. Leur manque d'enthousiasme l'avait ébranlé, Robin se nourrissait trop de l'avis des autres pour ne pas en être attristé par leurs réserves, mais dès le lendemain, elle avait fait ses valises et s'était provisoirement installé chez son frère à Balamb.

Elle y pensait souvent lorsque, submergé par les dossiers, des images de la période obscure qu’elle avait laissé derrière elle venait lui rappeler qu’elle n’avait rien à envier au passé. Bien que la charge de travail soit plus conséquente que son poste ne le laissait supposer lors de son entretiens – un remaniement du personnel la conduisit rapidement à endosser plus de responsabilités que prévu – Robin n’avait jamais été aussi épanouie. Pourtant en ces temps obscurs, il ne semblait pas de bon ton d’afficher sa bonne humeur et bien souvent, le sourire de Robin était mal interprété. Ne comprenant pas qu’on puisse lui rapprocher de tenter d’apaiser les cœurs, la secrétaire ne cachait plus son entrain, encore moins ce midi ou elle allait rejoindre Freya Ravenel pour déjeuner.

Freya était certainement la seule ici qui se rapprochait d’une amie. Comme la jeune instructrice n’avait pas émis de résistance lorsque Robin avait tenté de se rapprocher d’elle, la secrétaire avait sauté sur l’occasion et brûlé les étapes. Elle qui aimait mettre en scène toute les rencontre de sa vie aurait sûrement assuré que « tout s’était fait si naturellement ! » mais il n’en était rien. Son avancée vers elle avait été motivé et au préalablement calculé seulement Robin, qui avançait que certaines personnes étaient promises à se rencontrer, soutenait avec malice qu’il n’y avait pas de mal à donner un coup de pouce au destin.

Distinguant la silhouette de la jeune femme, attablée à quelques mètres, elle lui adressa un signe de la main avant de se frayer un passage vers elle, soufflant comme si elle venait de traverser un parcours d’obstacles lorsqu’elle la rejoignit quelques secondes plus tard.

« Tu ne devineras jamais ! » Commença t’elle en tapotant le bord de la table. Elle se pencha en avant, laissant tomber son sac à ses pieds, définitivement assuré de faire effet avec son scoop. « Loveless s’est installée à Balamb. » Pinçant ses lèvres en hochant la tête comme pour donner plus de poids à cette révélation, elle se rassit correctement en réajustant une mèche de cheveux avant de hausser les épaules, l’air finalement un peu déçue. « L’information circule depuis hier apparement, mais je ne l’ai apprise que ce matin. Elle a emménagé avec son compagnon, évidemment. » Ajouta t’elle en mimant que cette information allait de soi. « Tu te rends compte, elle vit peut-être à quelques mètres de mon appartement ! Si tes élèves manquent à l'appel ne te pose pas plus de questions, ils sont là bas. » Assura t'elle en pointant du doigts son dos pour signifier qu'ils seront nombreux à vérifier de leur propre yeux que la chanteuse résidait bien dans la petite ville portuaire. C'était sans doute ignorer que les apprentis mercenaires étaient sans doute plus rigoureux qu'elle le supposait, mais elle avait apprirt au cours de ces derniers mois qu'ils étaient aussi friands qu'elle de ce genre d'histoires et ne seraient pas surprise d'en croiser plusieurs lorsqu'elle rentrerait chez elle ce soir.

Je n’aurais jamais cru qu’un jour on me proposerait un poste de professeur. N’en ayant jamais eu de ma vie, ce rôle me paraissait toujours aussi obscur et j’avais eu bien du mal à m’adapter. Ma mère m’avait toujours fait les cours à la maison, notre famille ne restant jamais suffisamment longtemps au même endroit pour qu’il en soit autrement. Ensuite, une fois recrutée par le SOLDAT, notre entrainement avait surtout consisté en des combats, de la stratégie basique et des conseils de discrétion. On n’avait pas des années de cours en tout genre comme les futurs SEED. Pourtant, c’était à eux que je devais enseigner les subtilités du lancer en particulier et des armes blanches en général.

Bien que sympathique avec les élèves, je savais aussi me montrer ferme et implacable lorsqu’il le fallait. Comme ce matin, face à mes élèves tous plus dissipés les uns que les autres, j’avais du sévir. Ainsi, un de mes couteaux avait volé pile entre deux élèves s’apprêtant à faire des messes basses. Ils avaient été tellement choqués qu’ils n’avaient plus mouftés de tout le cours. Ah, le plaisir tu travail bien fait ! Certains étaient même venu me voir en fin de cours pour se spécialiser en lancer.

Il était à présent temps de manger. Callista donnait cours sur l’heure de midi, je m’étais donc installée seule à une table, espérant tomber sur Léandre ou Robin pour me tenir compagnie. Quelques minutes à peine après mon arrivée, j’apercevais mon amie en train de me faire signe. Nous étions devenues proches très vite et je n’étais pas dupe du fait que c’était surtout du à l’enthousiasme de Robin. Mais cela me faisait plaisir de l’avoir pour amie. Sa gaité et son optimisme me faisait du bien. Léandre et Calista étaient adorables mais j’avais souvent l’impression qu’ils guettaient le moindre affaiblissement de ma part et qu’ils surveillaient tout ce que je faisais. Avec Robin, je savais qu’elle ne m’empêcherait pas de faire un excès. Parlant d’excès, je m’amusais souvent des siens. Comme en ce moment alors qu’elle s’extasiait sur les derniers potins. Son enthousiasme était contagieux.

Je fus surprise de son annonce, commençant à mieux comprendre les divers incidents de ce matin. Pas étonnant que les élèves soient dans tous leurs états alors que l’idole de toute une génération s’installait en ville.

« C’était à prévoir qu’elle veuille se rapprocher de la BGU. Il n’y avait qu’à la voir arriver au festival au bras de Prescott. Ca crevait les yeux qu’ils sont fous l’un de l’autre. »

Je laissais échapper un petit soupir. Vaguement déprimée en me disant que de mon côté, jamais je ne pourrais dévorer des yeux celui qui faisait battre mon cœur. Il avait beau ne pas être mon frère par le sang, il ne verrait jamais en moi autre chose que sa sœur. Et cette perspective me remplissait de tristesse. Observatrice, mon amie n’allait sans doute pas le manquer. Je tachais donc de penser à des choses moins déprimantes, sans beaucoup de succès.