Le chaton apeuré et ces humains

Lorsque mon téléphone avait sonné, je n'avais pas tout de suite réagit, encore légèrement endolori par l'entraînement matinal que j'avais eu avec Payne. J'avais passé toute l'après-midi à récupérer dans mon lit. Si vous voulez mon avis, cet instructeur était un psychopathe. Il disait qu'il faisait ça pour que j'aille au delà de mes limites - parce que j'en étais capable. Sauf que moi j'avais aucune envie de forcer, mais bon quand on recevait un brasier dans la tronche il fallait bien se défendre. C'était aussi uniquement avec lui que je pouvais lancer mes sorts sans m'inquiéter de blesser, comme avec Nathan ou Daisuke. Il me faisait aussi exercer les sorts de protection élémentaires, que je ne maitrisais pas vraiment - à part celui de la glace comme c'était mon élément avec lequel j'avais le plus d'affinités. Autant dire que cette matinée n'avait pas été de tout repos. Je n'étais donc pas du tout au courant de ce qui s'était passé à Balamb. Alors une fois que j'avais enfin attrapé mon téléphone et ouvert le sms de Paul, c'était un peu du charabia pour moi. Pourquoi est ce qu'il avait peur ? C'était quoi le grabuge dont il parlait ? Quelques secondes sur internet m'avais permis comprendre tout de suite qu'un monstre énorme s'était invité sur la place de la ville. En une seconde je m'étais redressé et attrapais ensuite mes affaires, les enfilant à la va vite avant de courir dans les couloirs de la BGU vers le parking. En chemin j'avais envoyé un message à Paul pour lui dire que j'arrivais. Pleins d'émotions se mélangeaient dans ma tête. Est ce qu'il était blessé ? Pourquoi est ce qu'il m'avais pas appeler avant ? Pleins de questions auxquelles il avait intérêt d'avoir des réponses.

Sur la route je croisais des véhicules de la BGU qui allait dans mon sens contraire. Surement ceux qui avait combattu à Balamb. Ce n'était pas parce que j'étais puni que je servais à rien. Ca m'énervait d'être mis de côté. Une fois devant le bâtiment où habitait Paul, je ne prenais même pas la peine de garer la voiture et montait de quatre en quatre les escaliers pour enfin arriver à l'appartement. J'entrais sans frapper - de toute façon si j'avais les clés c'était fait pour ça.

- Paul ?

Je rejoignais directement le paysagiste et posais mes mains sur ses épaules. Il avait pas l'air d'avoir de graves blessures. J'avais remarqué ses mains bandés cependant. Je tentais de rester calme mais l'inquiétude ne m'aidait pas à rester neutre.

- Pourquoi est ce que tu m'a prévenu que maintenant ?? Qu'est ce que j'aurai fait moi si j'avais appris qu'un monstre t'avais tué hein ??

Il était hors de question de perdre quelqu'un à qui je tenais à nouveau. Une fois m'avais suivi. Ma mère, j'étais trop jeune à l'époque pour avoir des souvenirs d'elle. Mais je me souvenais parfaitement de Cain, et je n'étais pas prêt à faire face à une nouvelle perte.

J'étais peut être un peu trop excessif actuellement ? Je ne savais pas trop. C'était nouveau pour moi de m'inquiéter pour les autres. Surtout que Paul était le seul civil dans mes contacts proches - hormis mon père. Le reste faisait partie de la BGU alors ils étaient assez grand pour se défendre. Mais Paul n'était qu'un simple paysagiste. Il ne pouvait pas combattre des monstres aussi aisément qu'un Seed. Ca m'énervait de n'avoir pas été prévenu car j'aurai pu l'aider, et éviter ainsi qu'il se retrouve blessé. En plus il avait besoin de ses mains pour travailler.
Je me mordais les lèvres alors que Paul me serrait dans ses bras. Pris de court, je restais stoïque quelques secondes avant de poser timidement mes mains sur son dos. Sentir qu'il était bien là, vivant, me faisait du bien quelque part. Ses mots me rassuraient aussi, et je n'avais pas pu m'empêcher de sourire en l'imaginant frapper un monstre. Bien qu'imprudent, c'était courageux de sa part. En venant jusqu'ici j'avais vu toute la pagaille que ces créatures avaient causés dans la ville. J'avais aperçu des civils blessés aussi.

- Tu n'a pas à avoir peur pour moi, je ne suis pas aussi fragile que tu le crois

Il serait même étonné de savoir tout ce que je pouvais faire. Mais bon, c'était un secret que j'avais choisi de garder, pour le préserver. Bien que si il avait su, peut être qu'il ne se serait pas autant inquiété pour moi lorsque les monstres avaient envahis Balamb. J'étais tranquillement en train de dormir dans ma chambre quand c'était arrivé...

- Oui je sais...Quand j'ai lu ton message je ne comprenais pas de quoi tu parlais alors je suis allé sur le net

Les commentaires avaient ensuite parlés de jeunes Seeds. A l'allure d'adolescent. Kramer partait en vacances et on envoyait des poussins à l'abattoir. Norg avait vraiment que des Rubz à la place du cerveau. Heureusement qu'il n'y avait eu aucun mort parmi les cadets. Paul s'excusait à nouveau. Je sentais et voyais qu'il avait peur de ma colère. J'étais énervé oui, mais pas vraiment envers le paysagiste. Plus envers mes supérieurs et moi-même. Si je n'avais pas été puni...Peut être que j'aurai pu accompagner au moins les cadets. Pauris s'étais joint à notre discussion.

- Tu es blessé, tu ne pourra pas travailler pendant quelques jours à cause de...ces monstres. Qu'est ce qu'ils faisaient là d'ailleurs ? Normalement ils ne s'approchent pas autant

Déclarais je en me baissant pour prendre le chaton dans mes bras. Heureusement que le petit n'avait pas eu l'idée d'aller faire un tour dehors. Il avait eu plutôt l'intelligence d'aller se planquer sous le canapé. Il avait dû avoir tellement peur.

- Toi aussi tu as eu une belle frayeur hein ?

Je le caressais doucement, le sentant ronronner sous mes doigts et déposai un bisou sur sa petite gueule avant de le remettre sur le sol. Je le regardais ensuite filer se mettre dans son panier, tourner sur lui même deux-trois fois pour enfin s'allonger. La présence de nous deux devaient le rassurer, et il devait surement être fatigué de cette journée peu ordinaire. Je revenais ensuite sur Paul et ses mains bandées. Ca me faisait mal au cœur de les voir ainsi. J'avais tellement l'habitude de les voir. Ou de les sentir quand il me serrait dans ses bras. Je ne doutais pas que les personnes qui s'était occupé du paysagiste avait fait ça bien mais...J'attrapais doucement la main droite de Paul et défaisais délicatement le bandage. Elle n'avait au final que quelques égratignures et des bleus. Mais rien de grave.

- Ca fait mal ?

Demandais je en plantant mon regard dans le sien.

Le fait que les monstres aient carrément envahis Balamb était tout de même inquiétant. Ainsi que de se retrouver avec une énorme bête au milieu de la place. Je ne pensais pas que c'était l'œuvre de Cydaée ce genre de choses. Elle devait surement avoir des G-Forces à gogo plutôt. Je me demandais d'ailleurs ce qu'elle pouvait bien préparer en ce moment pour éliminer les Seeds - dont moi. Raison de plus pour ne pas parler de ça avec Paul vu l'épée de Damoclès que j'avais au dessus de la tête. Vu que ce dernier avait été au cœur des évènements, il en savait surement plus que moi au sujet de ces attaques. De mon côté, j'aurai les informations plus tard, quand je serai rentré. Je ne pouvais pas laisser le paysagiste tout seul, d'autant plus qu'il était blessé. Difficile de faire la cuisine sans les mains et il m'avais confié l'autre jours ne pas être à l'aise au téléphone pour commander quoique se soit.
Il fallait aussi s'occuper de Pauris, le pauvre chaton qui avait dû avoir peur avec toutes ces bêtes dans les rues. Même si il ne sortait pas de l'appartement, il avait dû les sentir. J'avais donc rassuré le pauvre animal avant de le laisser rejoindre son panier pour se remettre enfin de ses émotions. Maintenant, je devais m'occuper de son deuxième papa. Vérifier que tout allait bien, pour être sur. J'avais donc défait son pansement pour voir l'état de sa main. Ca ne devait pas faire du bien. Même si Paul était un homme robuste, il avait quand même des mains soignées. Je le voyait devenir tout rouge face à ma question. Allons donc, je n'avais rien dit de gênant pourtant ? Simplement poser une question. Il essayait de me rassurer en disant qu'il allait bien, minimisant les choses comme il en avait l'habitude. Devais je lui rappeler qui était aller le chercher quand il avait trop travailler dans le parc ?

- Quand même...je ne peux pas les laisser ainsi...les bandages c'est bien beau mais ça n'aide pas. Je te mettrais de la pommade plus tard, elle est resté à la...enfin dans ma chambre

J'avais failli gaffer mais heureusement je m'étais rattrapé à temps. Mon inquiétude pour Paul était tellement forte que je n'arrivais pas à penser correctement. Bien sur, comme je l'avais dit c'était trois fois rien, et il allait pas finir manchot. Mais depuis la mort de mon frère, j'étais devenu surement un peu trop excessif sur les blessures concernant les personnes avec qui j'étais proche. D'ailleurs en parlant de proche, Paul s'était collé contre moi. Mes joues étaient devenues automatiquement aussi rouge que les siennes. Il allait vraiment falloir qu'il arrête de me prendre comme ça par surprise...Cela dit ses paroles étaient perturbantes, et ma gène était passé au second plan. Je pouvais voir à quel point il avait vraiment cru me perdre aujourd'hui. Je levais alors ma main pour la poser timidement sur la joue de Paul, qui était toute chaude.

- Hé...je vais bien d'accord ? J'étais en sécurité chez moi quand c'est arrivé...J'ai eu une matinée assez éprouvante avec...

Je bloquais, ne trouvant pas un rôle à Payne dans mon histoire. Nathan était déjà mon manager, ça serait étrange d'en avoir deux. Enfin, ceci dit ce n'était pas très important, Paul en avait surement rien à faire avec qui j'étais ce matin.

- Enfin, le principal c'est que aucun ne nous trois n'ait de graves blessures...

Rajoutais je avec un petit sourire timide avant de laisser ma main quitter sa joue pour poser ma tête contre le paysagiste. J'avais couru tellement vite pour arriver jusqu'ici que je n'avais même pas eu le temps de me réveiller complètement. En plus, les émotions que j'avais dans ma tête étaient aussi épuisantes. Le soulagement de voir Paul debout avait fini de m'achever quand j'y pensais.

J'esquissais un sourire lorsque Paul me caressais la tête. On devait avoir le même âge à peu près et pourtant parfois, il se comportait avec moi comme si j'étais un enfant de cinq ans. D'un côté ça m'agaçais et de l'autre, j'en étais soulagé. Je ne savais jamais comment réagir quand une personne me voyais comme un adulte. Bien que j'étais au courant que je pouvais plaire, mon caractère avait tôt fait d'éloigner ceux qui pensaient avoir le droit de tenter quelque chose. Heureusement, Paul n'était pas un gros pervers et je pouvais donc le laisser m'enlacer - sans non plus exagérer - l'esprit tranquille. A force de vivre avec le paysagiste, je m'étais habitué à ses marques d'affections et à la chaleur de ses bras quand on passait la nuit ensemble. Je ronchonnais d'ailleurs, quand il se levait pour aller préparer le petit déjeuner. Paul n'était pas du genre à faire la grasse matinée à cause de son travail. Alors que moi, je récupérais mon sommeil dans cet appartement. Il n'y avait que là que je réussissais à échapper à mes cauchemars.
Actuellement, même si on était debout comme un piquet au milieu du salon, je n'avais aucunement envie de bouger. Simplement rester près de Paul et enfouir ma peur de l'avoir perdu. Je n'étais donc pas très ravie lorsque le paysagiste s'était éloigné légèrement de moi pour aller s'asseoir. Même si je comprenais qu'après une si dure journée il avait besoin de se poser et de se reposer. Il était cependant hors de question de ne pas profiter de lui. Surtout que dernièrement, on ne s'était pas trop vu entre ma punition d'enseigner au futur mage et ma carrière de mannequin.

- Je ne te quitte plus pour aujourd'hui

Déclarais je tout en prenant place près de lui. Je posais ma tête sur son épaule, attrapant doucement sa main blessé dont j'avais défait le bandage tout à l'heure. Elle était toute abîmée et je me sentais coupable de ne pas avoir été en mesure de le protéger comme il le faudrait. A quoi ça servait d'être un Seed, si on ne pouvait pas protéger ceux à qui on tenait ? A cause de mon impulsion envers le civil, je n'avais pas pu être en mesure d'être dans les parages et de secourir Paul. Je me sentais vraiment misérable et poussais un long soupir. J'ignorais combien de temps encore on comptait me punir ainsi. Je sursautais lorsque je sentais quelque chose sauter sur mes jambes.

- Pauris...

Le réprimandais je mais, il en avait que faire et venait frotter son museau contre ma joue. Ses griffes s'agrippaient à mon tee-shirt pour se hisser sur ses deux pattes arrières. Je ne pouvais cependant pas résister à ses câlins et le gratouillait d'une main entre les deux oreilles. Son ronronnement ne tardait pas à se faire entendre.

- Je crois qu'il ait aussi câlin que toi...Avec vous deux je suis sur de ne pas être en manque d'affection

Soufflais je avec un petit sourire.

Maintenant, ce n'était plus une mais deux personnes qui m'attendais dans cet appartement. J'avais quand même plus hâte au fond de retrouver Paul que le chaton. Même si ce dernier savait comment m'accueillir avec ses miaulements pour que je le prenne dans mes bras et lui fasse des câlins. Manifestement, son deuxième père n'était pas son favori. Il fallait dire aussi que le pauvre animal s'était fait crié dessus dès son premier jour ici. Alors peut être qu'il était encore traumatisé et n'osait pas trop s'approcher de Paul de peur de se faire disputer. Je me demandais si il faisait beaucoup de bêtise pendant mon absence ? Quand j'étais là, le chaton était majoritairement dans mes pattes et je le retrouvais même à mon réveil dans le lit à mes pieds. Paul devait surement le maudire de mettre des poils partout. J'avais pouffé suite aux paroles du paysagiste, posant mon regard sur Pauris qui continuait de me faire des bisous. Vraiment, je ne comprenais pas pourquoi ces deux mâles n'arrivaient pas à s'entendre. Ils étaient remplis d'affection autant l'un que l'autre - à part que Paul ne me faisait pas de bisous.

- Je crois qu'il a peur que tu le dispute encore

Il faut dire aussi que entre Paul et moi, j'avais le gentil rôle. Il était donc normal que le chaton vienne plus facilement me faire des câlins. J'étais un peu la maman et le paysagiste, le papa. A cajoler Pauris, je n'oubliais cependant pas la blessure de mon ami. Même si je n'étais pas coupable, n'avoir rien pu faire pour l'en empêcher me faisait culpabiliser. En tant que Seed - punition ou pas - c'était mon rôle de protéger les civils. Et d'éviter la fin du monde à cause d'une Sorcière aussi mais ça, c'était pas prévu dans le contrat. Paul devait sentir que je m'en voulais et essayais de me rassurer. Il m'avouais avoir essayé de cuisiner avec ses mains blessées. J'avais haussé les sourcils avant de secouer la tête de dépit. Je ne pouvais pas être H24 sur son dos, à contrôler ses faits et gestes. C'était un grand garçon à la base.

- Ton inconscience me laissera toujours sans voix

Soufflais je avec un petit sourire avant de rajouter.

- Mais c'est ce qui te rend unique...et ce que j'apprécie aussi chez toi...ça et puis ta gentillesse. Même si Pauris n'est pas d'accord

J'attrapais ce dernier par la taille et déposai un bisou sur son museau avant de le tourner vers Paul. Les oreilles du chaton s'étaient légèrement affaissés suivi d'un petit miaulement. Il était vraiment traumatisé le pauvre.

- Fais lui un bisou, que vous soyez enfin réconciliés. Et après je m'occuperai de tes mains avec ta boîte à pharmacie

En tant que paysagiste il devait bien avoir de quoi désinfecter et protéger ses mains. Sinon, j'aurais deux mots à lui dire ou à son employeur.

Je souriais devant le spectacle qui s'était offert devant moi. Ce n'était pas encore l'amour fou entre les deux, mais j'étais persuadé qu'un jour ou l'autre, Paul et le chaton arriveront à s'entendre. Ils étaient très gentils tous les deux, et câlins. Franchement, je ne comprenais pas pourquoi Pauris n'arrivait pas à tourner la page. C'était triste, et je comprenais le sentiment de Paul. Mais je n'allai pas forcer le petit animal à faire des câlins à son papa.

- C'est étrange, tu passes quand même plus de temps avec lui que moi

Déclarais je d'un air songeur. Je récupérais Pauris, le laissant tomber sur mes genoux. Ce dernier s'était alors allongé dessus, prêt à faire une sieste. Sauf qu'il allait falloir qu'il se bouge car je devais aller chercher la pommade que Paul m'avait indiqué. C'était surement parce que je lui manquais beaucoup qu'il me collait ainsi quand j'étais à l'appartement. J'ignorais ce qu'il se passait dans sa tête de chat mais sa minait le moral du paysagiste. Il allait jusqu'à dire qu'il était un mauvais maître.

- Mais non ne dit pas ça ! Je suis sur qu'il finira par comprendre que tu l'aime aussi

Rétorquais je avec un léger sourire. J'attrapais ensuite doucement Pauris et me penchait pour le poser par terre. Visiblement, quitter mes genoux ne lui plaisait pas trop vu qu'il se mettait à miauler.

- Plus tard Pauris, je dois m'occuper des mains de ton papa

Lançais je et je me levais enfin pour aller dans la salle de bain. Evidemment, le chaton était sur mes talons et je faisais attention de ne pas lui marcher dessus. Monsieur n'avait rien d'autre trouvé comme jeu que de slalomer entre mes jambes. Il était vraiment pire qu'un gosse mais plus attachant que les cadets dont j'avais la charge à la BGU. Sans aucun doute. Une fois dans la salle de bain, je fouillais dans tous les tiroirs, en mettant du bazar au passage comme d'habitude. Je finissais par trouvé le fameux tube avec une croix turquoise dessus. Pauris de son côté s'amusait avec une boîte de médicament. Je soupirai et la lui volais, lui arrachant un miaulement, avant de la remettre dans le tiroir.

- On ne joue pas avec ça

Déclarais je d'un ton réprobateur à Pauris. Le fait que je lui ai piqué son jouet ne lui avait manifestement pas plu puisqu'il avait couru en dehors de la salle de bain pour aller se cacher sous son meuble habituel. Je secouai la tête et rejoignais Paul qui m'attendait.

- Hésite pas à me dire si je te fais mal, je n'ai pas l'habitude de jouer les infirmiers...

Je débouchai le tube et mettais une petite noisette de pommade sur la main de Paul. Délicatement, je l'appliquais sur les cicatrices et les hématomes. Concentré sur ma tâche, je levais un instant les yeux sur le visage de Paul, croisant son regard. Sans que je ne puisse rien y faire, le rouge me montait aux joues en même temps que mon cœur se mettait à battre la chamade. Je me concentrai à nouveau rapidement sur ma tâche. J'essayais de dire quelque chose mais mon cerveau était comme vierge de toute chose. La seule chose qui était encore connecté, c'était le neurone me permettant d'étaler la pommade du bout des doigts sur la main de Paul.

Concentré dans ma tâche pour ne pas penser à autre chose, je ne m'attendais pas du tout à sentir soudainement les lèvres de Paul sur les miennes. Jamais il ne me serait venu à l'esprit d'ailleurs que le paysagiste fasse ça. Surpris, j'en avais lâché le tube de pommade qui était allé rouler sur le sol. Il m'avait embrassé. Pourquoi ? Qu'est ce que j'avais fait de mal ? Je ressemblais pas à une fille pourtant. Fut un temps oui, j'étais beaucoup plus efféminé que maintenant. Je n'osait pas bouger, mon visage me chauffait atrocement et j'avais l'impression que mon cœur allait sauter en dehors de moi tellement il battait vite et fort. C'était la première fois qu'on me touchait ainsi - mon frère ne comptait pas même si ça m'avait surpris aussi le jour où il l'avait fait - alors forcément j'étais un peu énervé aussi. J'avais l'impression que Paul venait de marcher encore plus dans mon espace personnel. Malgré tout je n'arrivais pas à lui en vouloir réellement. C'était surtout envers moi. De n'avoir pas vu le coup venir. Et d'être aussi irrésistible. J'espérais que Paul ne serait pas touché par mon charisme lui aussi mais manifestement, ce n'était pas le cas.
S'agissait il simplement d'une...pulsion ? Vu comment le paysagiste était paniqué je pouvais même supposer que c'était un accident. Il avait voulu m'embrasser sur la joue par exemple et avait dérapé...Je voulais vraiment croire à cette éventualité plutôt qu'autre chose. Je n'avais pas envie de m'éloigner de lui. Surtout qu'en y pensant, le geste n'avait pas été...désagréable. Ca avait duré même pas une seconde mais ça m'avait semblé être une éternité. C'était vraiment bizarre. Paul s'était éloigné de moi et je l'attrapais par le poignet, pour ne pas qu'il s'enfuit comme il en avait l'habitude.

- Pourquoi tu as fait ça ? Je...est ce que c'était un accident ?

La question n'était pas posé méchamment. Au contraire, elle était vraiment interrogative. Et en même temps j'avais aussi peur de la réponse. Certaines me décevraient, d'autres me feraient peur. Je ne savais pas à quoi m'attendre avec Paul. Je me mordillais les lèvres quelques secondes avant de rajouter.

- Je ne t'en veux pas...je...je suis juste surpris...

Je relâchais son poignet, le scrutant du regard pour être certains qu'il n'allait pas en profiter pour aller se cacher dans la chambre. Une fois qu'il m'aura donné les explications si il voulait mais pas avant. Même si je voulais qu'il reste avec moi sur ce canapé et tout au fond de moi, je désirai même qu'il recommence son geste...Cette pensée me faisait virer tout rouge et je baissais les yeux, extrêmement gêné.

Ce n'était pas un accident ? J'avais écarquillé les yeux face à la révélation que venait de me faire Paul. Moi qui pensait que c'était un homme différent des autres...du moins sur ce point là. C'était terriblement gênant et je me sentais aussi un peu trahi. Etais je donc le seul sur cette planète à ne pas avoir envie de sauter sur quelqu'un ? A part Megara bien sur. Mais c'était à cause de sa maladie, c'était pas de sa faute.
Le paysagiste regrettais son geste, cela se voyait affreusement. Il en venait même à dire qu'il était horrible et qu'il ne me méritait pas. Partis comme ça, personne ne me méritait en vérité mais bon...Je n'allai pas débattre sur ce sujet. La détresse de Paul avait cependant réussi à balayer le sentiment de trahison et de colère que j'avais développé suite à la nouvelle. Le soucis était surtout que je ne savais pas ce que je devais faire. Lui dire que ce n'était pas possible ou bien partir en claquant la porte ? La deuxième idée ne me plaisait pas du tout, surtout avec mon hôte dans cet état. La première non plus...cela mettrait de la distance entre nous deux et ce n'était pas ce que je désirais. Que je le veuille ou non, ces câlins m'étaient devenu indispensable tout comme me retrouver aux creux de ses bras la nuit pour dormir. Sans eux, je faisais des cauchemars et depuis que j'étais puni, mes nuits à la BGU étaient très courtes.

- Calme toi...

Soufflais je d'un ton doux mais Paul n'avait pas l'air de m'avoir entendu et me demandait de le lâcher. Pour qu'il aille s'enfermer dans la chambre ? Non merci. J'avais passé l'âge d'aller gratter à la porte. Paul était au bord de larmes, et je me sentais un peu fautif de le mettre dans cet état. Bien évidemment qu'il n'était pas comme tous ces pervers. Et puis honnêtement, la sensation que j'avais eu n'était pas du tout la même que celle d'horreur que j'avais ressenti quand un homme avait posé sa main sur ma taille en pensant que j'étais une fille. Surement parce que je faisais totalement confiance à Paul. J'ignorais si mon idée pour le calmer était la bonne. J'allai surement mourir juste après ? De quoi, je ne savais pas vraiment mais rien que d'y songer, me faisait peur. J'étais un Seed tout de même. Je combattais des monstres et même des golems. Je pouvais bien affronter un contact physique.
Tirant avec ma force caché sur le poignet de Paul, je l'attirais vers moi et posai mes lèvres contre les siennes. Malgré que c'était de ma propre initiative, mes yeux s'étaient écarquillés et je m'étais prestement reculé, les joues toutes rouges, n'osant pas le regarder.

- Tu...tu n'es pas horrible d'accord ? Ni...ni l'un de ces pervers...je ne pensais pas juste pas...que...que tu avais...ce genre...d'envie...envers moi...

Balbutiais je avant de finir dans un marmonna-je. C'était la fin. Mon cœur battait trop vite. Pourquoi est ce qu'il était aussi affolé que lorsque j'étais en train de combattre ? C'était trop étrange. Je levais les yeux vers Paul, fixant ses lèvres que je venais d'embrasser. Aish, c'était trop embarrassant. Je cachais ma tête contre le torse de Paul en la baissant.

Ce qui venait de se passer était aussi nouveau pour moi que pour Paul. Je n'avais jamais été intime avec quelqu'un et le paysagiste était aussi mon premier baiser. Je ne comptais pas celui de mon frère, c'était différent, nous n'avions pas la même relation que j'avais actuellement avec Paul. D'ailleurs, j'étais un peu perdu à ce sujet. Je ne voulais pas qu'il se sente horrible et décide de rompre tout contact avec moi. Bien évidemment, son geste m'avait surpris et je l'avait mal pris au début. Mais je n'avais pas trouvé ça repoussant. Pas venant de Paul en tout les cas. Ce dernier m'étonnait encore et toujours, je pensais le connaître et finalement, je m'étais trompé.
Avouer ce genre de chose ne devait pas être évident, du moins je le supposais. C'était un peu comme toutes les autres personnes qui se confessaient au fond. A part que le paysagiste lui, avait des pensées lubriques envers ma personne, et non pas celle d'un amoureux qui me ferait la cour.

- Ca ne doit pas être évident pour toi...je suis désolé de te mettre dans un tel état...

J'étais navré et en même temps content. C'était très étrange. L'idée que Paul me trouvait désirable était en quelque sorte une bonne chose non ? Tant qu'il ne dépassait pas une certaine limite bien entendu, j'étais apte peut être à le laisser poser ses lèvres sur les miennes. Même si rien que d'y penser j'en avais les joues rouges et le cœur battant.

- C'est nouveau pour moi aussi tu sais...je ne sais pas trop comment je dois réagir. Tout ce que je sais, c'est que ça ne m'a pas déplut...alors euh...si tu veux, tu peux avoir à nouveau une folie passagère...mais pas trop souvent non plus...

J'avais repris ses termes, même si je n'appréciais pas trop qu'il se traite de fou. Il était loin de l'être, il était simplement humain. Esquissant un sourire je ramassais le tube de pommade qui était tombé suite à l'attaque de Paul. Je rebouchais l'objet et le posais sur la table basse, tandis que Pauris était encore une fois venu réclamer de l'attention. C'était vrai que le chaton avait le chic de se pointer lorsque Paul et moi étions en tête à tête. Ce dernier avait peut être raison, notre petite boule de poil était possessif envers moi. Mais que le paysagiste se rassure, ma relation avec lui était plus forte que celle que j'avais envers l'animal. J'aimais beaucoup Pauris, je n'allai pas le nier. Lui faire des câlins, des bisous et des gratouilles mais ça s'arrêtait ici.