[Garden Festival] Music Is All Around

J'écoutais d'une oreille la raison pour laquelle l'instructrice n'était plus une simple Soldat. La vie des autres ne m'avait jamais réellement intéressé. La seule chose que j'avais entendu c'était qu'elle était malade et que Kramer l'avait mise à ce poste pour cette raison. A mes yeux ils étaient tous atteints dans ce bâtiment mais c'était surement pas de la même maladie dont elle devait parler. Ca ne l'avait pourtant pas empêché de venir à mon secours. Pour une raison que j'ignorais et dont j'avais voulu avoir une réponse.
Megara m'avait simplement dit qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis à la bibliothèque. Pote signifiant ce terme. Bien que je n'avais jamais élevé la jeune femme à ce niveau. Mais, il paraissait que l'amitié c'était comme l'amour : ça pouvait être unilatéral.

Celle de Freya m'avait légèrement fait sourire. J'avais déjà entendu parler des Voyageurs. Mais Trabia n'était pas vraiment un continent idéal pour ce genre de personnes. Il faisait trop froid et trouver de la nourriture n'était pas simple, à moins de manger du monstre. Après je n'avais pas cherché à approfondir le sujet mais sa façon de penser n'était pas mauvaise. Je supposais que voyager permettait d'avoir une ouverture d'esprit que d'autres personnes n'avaient pas.

- Je compte donc sur vous pour inculquer à vos élèves ce que leurs parents ou autre tuteur n'ont pas su faire

Déclarais je comme si j'étais un vieil ainé qui demandait à une nouvelle collègue de bien s'occuper des sales gamins qui polluaient les salles de classe.
Le sujet s'était ensuite dirigé sur les cheveux, par la perruque que Freya portait. Je tiquai au nom d'Arriline qui sonnait comme celui d'une instructrice que j'avais eu, et que je n'avais pas particulièrement apprécié. En même temps, quel professeur aurais je pu aimer vu qu'ils avaient tous eu le don de vouloir me faire faire des choses dont je n'avais pas eu envie ? A part la paramagie où j'y avais mis de la bonne volonté.

- Pas un carré, tu as déjà un visage d'enfant, ça ne ferait que l'accentuer. Tes cheveux à cette longueur sont parfait

Conseillais je à nouveau avant la venue d'une nouvelle personne dans le petit groupe. Ca commençait à faire beaucoup. Bientôt le festival ça allait se passer par ici. En plus c'était la fameuse instructrice que j'avais évoqué dans ma tête plus haut. La soeur de Freya donc. On ne choisissait pas sa famille malheureusement. Et puis pourquoi est ce qu'elle cherchait Daisuke ? J'avais froncé les sourcils à sa requête avant de tourner la tête vers Megara qui me demandait qui était Daisuke. L'ambiance devenait vraiment trop bizarre suite aux paroles de Freya.

- C'est un Seed, il vit en dehors de la BGU avec son fils. C'est surement pour cette raison qu'il ne te dit rien...C'est un très bon épéiste que j'ai connu à la Trabia Garden

Et manifestement je n'étais pas la seule personne qu'il avait forcé à venir à ce fichu festival. Tiens, si je le voyais je lui raconterai ma petite rencontre avec les deux idiots rien que pour le faire culpabiliser. Je regardais d'ailleurs si je ne voyais pas une queue de cheval familière se balader quelque part. Bien que, en tant qu'homme anciennement marié, il ne ferait pas attendre une autre jeune femme aussi longtemps. Je ne voyais absolument pas ce qu'il pouvait trouver à cette Arriline.  

Mais quelle galère… Moi qui voulais simplement me fondre dans la masse et tenter de vaguement apprécier la soirée. OU en tout cas de faire au moins semblant de m’amuser. Et voilà que, de toutes les personnes possibles, on me mettait en face d’une de celles qui m’avait le plus blessé dans ma courte vie. L’ambiance était donc polaire. Apparemment la princesse semblait apprécier la joute verbale mais pas la mention de notre ignorance mutuelle. Parce qu’elle s’imaginait que j’avais coupé les ponts de gaité de cœur ? C’est elle qui avait sabordé notre relation avec son béguin ridicule pour mon frère. Qu’est-ce que j’étais sensé faire ? La regarder se transformer en groupie ridicule comme mes parents et les trois quarts de la ville ? Très peu pour moi. J’étais déjà fragile et cela m’aurait détruit à petit feu. L’argument final, celui qui m’avait définitivement fait prendre la décision de partir, c’était quand je m’étais aperçu qu’Aya passait son temps à suivre mon frère du regard pendant les vacances. C’était trop. La goutte d’eau. M’éloigner de Balamb m’avait permis de m’affirmer, de me construire comme un être autonome et différencié de mon frère. J’avais plutôt bien réussi d’ailleurs. Mais depuis que j’étais revenu, c’était comme si j’avais perdu le bénéfice de toutes ces années loin d’ici. Je ne me reconnaissais plus. Ce gamin bougon et revanchard, ce n’était pas moi. Peut-être que Niko avait raison. Je n’allais pas bien.

« Tu n’as jamais compris, hein ? Les raisons de mon silence et de mon départ. Mais vu ce que tu viens de dire, c’est la preuve que tu ne m’as jamais connu. »

Car s’il y avait bien une chose qui ne me viendrait jamais à l’esprit, c’était de me croire supérieur aux autres. Bien au contraire. Bien sur, je jouais les grandes gueules et les arrogants depuis toujours. Mais c’était un mécanisme de défense bien huilé. Mon trouble de l’attention, les remarques de mon père, les comparaisons de tous mes proches… Tout cela m’avait toujours laissé un vide immense dans le cœur que je voulais à tout pris combler. Je voulais leur acceptation, je voulais qu’ils me voient. J’avais étouffé d’être le petit frère médiocre, toujours dans l’ombre. Je devais toujours faire mes preuves et mes réussites semblaient normales pour mes parents car mon frère avait toujours tout fait avec brio. La ou je devais travailler comme un fou, cela avait paru pour lui une promenade de santé. Alors je devais travailler encore plus dur. Je me foutais de la théorie et des cours du professeur Nanoo car c’était du temps perdu ou je pouvais m’entrainer. En fait, ce n’était pas à lui que j’en voulais mais à ma propre médiocrité. Je ne ressentais pas tout ça au G-Garden. Ou en tout cas de façon moins prononcée. J’avais perdu du poids depuis mon arrivée. Le stress et la pression n’avait jamais été pour moi.

Aya semblait prête à redémarrer les hostilités mais Alexiel s’interposa avant qu’elle n’ai le temps de lancer une autre de ces piques assassines. J’en avais presque oublié sa présence ce qui était loin d’être sympathique. Pas que je lui ai donné des raisons de croire que je l’étais depuis notre première rencontre après tout…. Elle m’arracha un sourire en coin avec sa remarque. Comme si elle était capable d’être grossière ! Elle était d’un savoir vivre qui frôlait le ridicule. Mais bon apparemment, même sa patience d’ange avait des limites. C’était bon à savoir si jamais on me la remettait de nouveau dans les pattes pour une visite. Je me préparais psychologiquement à un discours digne de ma mère, ce qui ne manqua pas d’arriver. Mon cerveau se déconnecta tandis qu’elle s’adressait à Aya pour retrouver un semblant d’intérêt quand mon nom fut prononcé. Je me contentais de lever les mains devant moi en affichant un air innocent, subissant la fin du sermon de bonne grâce. Avec ses mains sur les hanches, elle me rappelait presque mon institutrice de primaire. J’en aurais bien rit mais je craignais un petit peu de me prendre un coup si je me laissais aller. Elle n’était en fait pas très commode.

« Ouais c’est votre festival. Et j’ai promis d’essayer de m’amuser donc ne gâchez pas mon plaisir. »

Ce n’était pas une pique mais plutôt un constat, même si mon regard dériva malgré moi vers Aya. Je n’étais pas sûr d’arriver à me décrisper en sa présence. Elle réveillait tellement de souvenirs doux-amers. J’attrapais le verre que me tendais Aya. Un brin surpris par son geste. Mes yeux se firent tout rond et un brin vulnérables alors qu’elle utilisait le surnom de notre enfance. Je me reprenais pour trinquer avec elle. Adversaires en joute verbales ou non, je savais reconnaitre un bon mot. J’en fis de même avec Alexiel avant d’afficher un sourire diabolique à la mention de l’alcool. Je vérifiais d’un mouvement de tête que nos chers instructeurs soient bien occupés (ce qu’ils étaient, Sun avec sa rouquine et les deux instructrices blondes entre elles) avant de sortir une flasque de la poche intérieure de ma veste. Les joies des tenues décontractées ! Il n’y aurait certainement pas de quoi saouler qui que ce soit mais rien n’interdisait de se décontracter un peu. Je versais donc un peu du contenu dans mon verre.

« Des volontaires ? »

Aya certainement, vu qu’elle avait émis l’idée. Pour Alexiel, j’avais un peu plus de doutes. En tout cas, je faisais également en sorte que personne au comité des empêcheurs de tourner en rond ne remarque mon petit manège.

Alex était bien contente que ses camarades l’ait écoutée, surtout parce qu’elle ne comprenait pas à quoi ils faisaient référence et qu’elle se sentait assez exclue de la conversation, ce qui n’était pas très agréable… Elle n’en fit cependant pas sa priorité parce qu’elle ne voulait pas s’immiscer dans des histoires privées qui ne la concernait pas, cela aurait été assez malpolie or, elle était effectivement telle que le pensait Zeke quelqu’un de difficilement grossière. Elle n’était pas précieuse non plus, ses manières étaient aussi franches qu’amicales, mais il était évident que son éducation avait fait d’elle avant tout une jeune personne bien élevée. Elle fut d’ailleurs encore plus outrée du langage de Aya dans la réponse qu’elle avait faite à Zeke mais avait décidé de se garder son petit sermon sur « les jeunes gens ne doivent pas utiliser des mots comme « salope » » pour plus tard. A la place, elle s’était contenté d’un regard noir. Corriger Aya n’était pas leur pus gros problème, non, c’était son attitude passive-agressive qui l’était.

Heureusement, son intervention ayant fonctionné, elle put se détendre un tout petit peu. « Voilà, ça c’est la bonne attitude Aya. » Car sa camarade avait bien compris qu’à défaut de pouvoir la maîtriser physiquement, elle pouvait tout à fait aller chercher des instructeurs puisqu’elle en avait au minimum repéré deux. Cela ne fit toutefois pas disparaître cette sensation désagréable qu’elle n’aurait pas du être là. Dommage qu’être véritablement gentille ne soit pas une qualité appréciée à sa juste valeur au sein de la BGU, elle aurait peut-être cherché une autre compagnie… et en même temps, elle aurait eu peur de laisser les deux Cadets seuls. Ils pourraient en profiter pour se disputer encore une fois !!!

« Notre festival Zeke. Notre. Je sais que tu n’aimes pas la BGU mais tu es élève ici maintenant. » Le reprit-elle, presque malgré elle, parce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de semer la bonne pensée dès qu’elle ouvrait la bouche. A peine l’eût-elle refermée cependant qu’elle se dit qu’elle se fatiguait pour rien : ainsi soit-il, elle en ferait son deuil.

A peine eut-elle cette pensée que le jeune homme leur proposa, en réponse aux regrets de Aya, de boire de l’alcool. Elle évalua rapidement la quantité et tendit son verre dans un soupir. Après tout, elle avait vingt ans, elle n’était plus un bébé, et s’ils se faisaient prendre, ils seraient juste ramenés dans leur chambre et punis… elle nourrissait aussi l’espoir pas si difficile à deviner que l’alcool adoucirait les mœurs, la musique n’y étant pas parvenue.

« Je veux bien, à petite dose, ça ne peut pas faire de mal. » Elle avait déjà bu quand elle était hors des murs de la BGU, mais toujours avec modération. Se soûler n’était pas vraiment son style, bien qu’elle soit assez tête en l’air de nature, elle n’aimait pas l’idée de perdre le contrôle à cause de la boisson. Ou à cause de quoi que ce soit d’autre. Le petit monde arc en ciel dans sa tête lui suffisait, elle n’avait pas besoin de planer autrement.

{HRP : Désolée c'est un peu pourri mais j'avais pas beaucoup de temps à disposition ^^'}

Comme toujours… Si seulement cela pouvait être bien. Les quelques semaines que Lena avait passé dans le coma, où j’ignorais si elle se réveillerait un jour et, si par chance elle se réveillait, si elle garderait des séquelles, avaient été les pires moments de ma vie. Cette incertitude, ces moments de d’angoisse et d’impuissance m’avait fait prendre dix ans d’un coup et avait conditionné ma participation au projet de Nova. Il avait fallu convaincre le Directeur mais la chirurgienne avait un projet bien ficelé. Il n’avait pu qu’être impressionné et donner son feu vert. Ce n’était pas facile. J’avais peu de mission et énormément de cours et d’entrainement. C’était un peu comme si j’étais toujours une cadet. A l’exception de ma mission à Centra bien sur. Cela avait été difficile mais j’avais énormément appris.

Malgré sa réponse, je scrutais tout de même mon amie et lui posait les questions que je lui répétais comme une litanie depuis des semaines.

« Tu es sure ? Pas de vertiges, de nausées ? Tu prends bien tes médicaments ? »

Depuis l’accident, j’avais l’impression de me transformer en mère poule avec Lena. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais peu d’amis mais ceux qui gagnaient ce titre étaient tout pour moi.

Vint ensuite une discussion plus légère sur nos tenues qui me redonna le sourire. Mais pourtant, alors que Lena me parlait de sa robe, mon attention s’était focalisée sur l’objet de bien des rêveries nocturnes… Mon ami, confident et fantasme occasionnel. Aiden. La voix de Lena me sorti de ma rêverie, avant de me faire piquer un fard monstrueux. Bien entendu, je m’étais admis à moi-même mes sentiments à son égard mais entendre que c’était aussi visible était quelque peu gênant. Encore que le principal intéressé ne semblait absolument pas s’en rendre compte.

« Il ne se rend compte de rien du tout. Je suis juste une amie à ses yeux. »

Tout cela avait été plutôt clair lors de cette fameuse soirée en boite de nuit. Bien sûr, il y avait eu ce moment magique sur ses genoux… Mais c’était pour dissuader tout prédateur de s’approcher de moi et non motivé par un intérêt quelconque pour moi. Dommage, mais c’était comme ça.

Je n’avais pas encore réellement eu LA discussion avec Lena. Ou j’admettais que j’étais irrémédiablement amoureuse d’Aiden. Mais elle me connaissait assez pour l’avoir deviné. Elle avait fait suffisamment de sous entendus pour que j’en sois persuadée. Je la laissais me prendre par le bras pour me guider dans la foule. Ce geste m’aurait mise mal à l’aise il y a un an de cela mais tellement de choses avaient changées depuis.

« C’est vrai que j’ai soif. Il faudra juste faire attention que les boissons soient vraiment inoffensives cette fois ! »

Je repensais au soir du bal ou je m’étais donnée en spectacle. J’avais une meilleure tolérance à l’alcool à présent. Pas fabuleuse, mais meilleure tout de même. Ce n’était pas pour autant que je souhaitais renouveler l’expérience. Je me laissais donc porter par les pas de Lena, sans vraiment faire attention à la direction qu’elle prenait. C’est donc ainsi que je me retrouvais… face à face avec Aiden tandis que Lena lui disait bonjour. Je me détachais d’elle avant d’adresser un grand sourire au jeune homme. J’étais vraiment contente de le voir, je me rapprochais donc de lui pour lui faire une bise. Geste qui n’était pas si inédit lorsque nous étions entre nous mais un peu moins en société. Pour un œil extérieur, cela n’avait rien de particulièrement choquant mais cela le serait peut-être plus pour Lena. Ce n’est que quelques secondes plus tard que je prenais conscience de la vue que devais lui offrir ma tenue étant donné qu’il faisait presque 30 centimètres de plus que moi. Mes joues prirent alors une légère teinte rosée. La dernière fois, ma robe était certes 15 centimètres plus courte mais le décolleté n’était pas aussi audacieux. Je n’avais pas non plus d’alcool dans le sang pour me sentir plus téméraire. Je n’avais pas pris en compte ce genre de paramètre lors de mon choix de tenue. Peu importe le regard des autres, mais celui d’Aiden, lui, avait du poids.

Aiden ne fut pas excessivement surpris de voir arriver devant lui Lena et Eirena. Il avait de bons rapports avec la première et était ami avec la deuxième. Cette apparition eut seulement pour effet d’interrompre des petits coups d’oeil vers la sortie : puisqu’il était désormais en bonne compagnie, il aurait été mal vu qu’il rejoigne ses quartiers, même si la musique et le bruit n’étaient pas sa tasse de thé. * Tu te dis ça mais on sait tous les deux que tu aurais été déçu qu’elles ne viennent pas te dire bonsoir. * Bailla son gardien qui n’avait rien de mieux à faire ces derniers temps qu’observer Aiden et Eirena se tourner autour. Il était bien sorti une ou deux fois ces derniers mois pour servir d’effaceur de mémoire ambulant, mais cela avait été plus rare qu’à d’autres moments, sûrement en raison de la nature des missions que l’archer avait effectué et aussi parce qu’une partie du cerveau du jeune homme était préoccupé par autre chose que sa conscience depuis cette fameuse soirée en boîte de nuit. Il n’allait pas s’en plaindre. Et comme il n’y avait pas d’alcool, Aiden était cette fois-ci lâché sans filet ! Parfait !

« Salut Lena. Moi ça va, mais toi, comment te portes-tu, tu te remets dans le bain ? » Car Lena n’avait pas repris du service depuis bien longtemps, et encore, par service il fallait entendre la reprise des cours puisqu’elle n’avait pas été promue à la suite de l’examen de passage. Parce qu’elle avait été blessée dès le début… ce n’était pas de chance, mais Aiden en connaissait d’autres qui avaient retapé leur année (suivez son regard qui glisse vers Joris) et qui ne s’en portaient pas plus mal, professionnellement parlant en tout cas.

Il fit la bise à Eirena pour la saluer à son tour, comme elle était très petite (ou lui très grand), il dut se pencher. Bien sûr, son regard tomba sur le décolleté profond de la demoiselle et s’y arrêta quelques secondes, mais, gentlemen, il remonta rapidement vers les yeux d’Eirena, tout aussi charmants et bien moins troublants. « Tu es très en beauté ce soir Eirena. » La complimenta-t-il en mettant les mains dans ses poches, comme pour se tenir lui-même en laisse. Ne voulant pas être goujat, il se tourna aussi vers Lena : « Et toi aussi Lena, cette couleur te va bien. Ma sœur aussi va venir en bleu je crois. » Amy ressemblait physiquement à Lena, elle était juste plus grande qu’elle. Tous les Saroyan étaient assez grands, quand on voyait Aiden, on s’en doutait. Rousse comme elle, elle aussi avait prévu de venir en bleu, c’était visiblement la couleur plébiscitée chez les jeunes filles/femmes de la BGU puisqu’il avait aperçu Megara qui était en bleu clair. A se demander si elle ne s’étaient pas passée le mot. Il essaya de se souvenir comment était habillée Aya puisqu’il l’avait vu aussi mais il réalisa qu’il ne s’en souvenait pas. Il ne voyait pas son élève comme une fille donc il n’avait pas fait attention à sa tenue. C’est qu’il prenait très au sérieux son rôle de mentor… Comme il prenait à peu près tout au sérieux au demeurant.

Par exemple, pour l’anniversaire de Eirena, il avait mis des heures à trouver un cadeau avant de se décider pour un beau poignard qu’il avait fait gravé au nom de la demoiselle sur la lame. Il savait que Sithmaith en possédait de semblables en terme de qualité et de visuel, et aussi qu’ils plaisaient à Eirena qui avait appris le lancer de poignards avec elle. C’est ce qui l’avait décidé car il manquait cruellement d’imagination dans tous les domaines, y compris celui-ci.

« Vous voulez boire ? » demanda-t-il eux deux filles : vu qu’il s’était mis près des boissons et qu’elles étaient venues jusque là, il supposait que c’était pour se servir.

Venir au festival n’était pas à proprement parler mon idée. En fait, si j’avais pu, j’aurais même carrément évité l’événement. Depuis mon retour de la prison du désert, je n’avais pas réellement recherché la compagnie de mes semblables. Je restais surtout terré dans mes quartiers, avec pour seule compagnie Ultima qui avait été tout autant secouée que moi par la torture. Elle n’était plus capable de se matérialiser et cela l’inquiétait énormément. Moi aussi d’ailleurs. Je n’avais jamais abusé de l’invocation mais savoir que je pouvais y avoir recours était rassurant. Sans compter que la faiblesse d’Ultima impactait par voie de conséquence ma paramagie. Je n’avais jamais bien saisi toutes les subtilités du lien entre les gardiens et la paramagie mais il existait bel et bien.

Le fait que je me remette moins rapidement que mes camarades inquiétait le Directeur. Comme la cause ne semblait pas physique, il m’avait imposé un suivi psychologique. Voilà pourquoi je me retrouvais ici. La psychologue avait estimé que le festival était le lieu idéal pour que je renoue avec mes condisciples. J’avais eu beau lui expliqué que je n’avais jamais été sociable à la base, elle avait insisté sur le fait que là, j’étais carrément passé au stade d’ermite. Sur le fonds, elle n’avait pas tout à fait tort. Si j’acceptais les visites de Selena et celles, moins fréquentes, de Zachary, mais autres contacts se résumaient à mes missions. Et encore, étant toujours estimé en convalescence, j’en avais eu très peu.

Je n’avais pas fait d’efforts particuliers pour venir. J’arborais une barbe de trois jours qui, sans être hirsute pour autant, tranchait avec mes habitudes. Un jean, un simple tee-shirt blanc et une veste en cuir, voilà le maximum que je pouvais faire aujourd’hui. Je n’allais pas en faire des tonnes pour écouter un peu de musique et échanger quelques banalités. J’étais bien décidé à faire en sorte que mon passage soit le plus court possible.

Je n’avais même pas demandé à mes amis s’ils seraient là. A peine arrivé, je scannais la salle du coin de l’œil. Je pouvais apercevoir un petit groupe autour de Megara et Callista ce qui me dissuada d’entrée de toute tentative d’approche. La petite Eirena et son amie Lena était en grande discussion avec un jeune homme que je connaissais de vue pour l’avoir déjà vu avec Selena et je reconnaissais également un peu plus loin la chevelure rousse de Sithmaith en compagnie d’un homme qui m’était inconnu. J’avançais dans leur direction – à vrai dire je n’étais plus qu’à quelques mètres - sans forcément avoir d’en l’idée de perturber leur tête à tête lorsqu’une petite main se posa sur mon épaule, provoquant chez moi un mouvement de recul automatique. Fronçant les sourcils, je découvrais Nova, la chirurgienne de la BGU. Son air déterminé ne me disait rien qui vaille. Je sentais tout mon corps se tendre par sa simple présence.

« On peut discuter ? »

Je n’en avais vraiment pas envie mais j’acquiesçais néanmoins de la tête après avoir poussé un soupir agacé. J’eu alors droit à l’un de ses habituels sermons sur le fait que je n’effectuais pas mes visites de façon régulière, que j’étais un cauchemar comme patient et que si je revenais encore une seule fois amoché de mission, elle me déclarerait inapte. Le tout, ponctué de petit coup sur mon torse avec son index pointé dans un geste qui se voulait menaçant.

N’y tenant plus, j’attrapais son poignet avec un peu plus de force que je ne l’aurais dû ce qui eut pour effet de la rapprocher un peu plus de moi, nos deux corps se frôlant presque. J’en profitais pour lui murmurer à l’oreille en un sifflement un peu agacé. « J’ai compris le message. Maintenant, si tu veux bien, j’ai des amis à saluer. Ordre de ta collègue. » Je la plantais ensuite là. Vaguement conscient que la tension de notre échange avait attiré les regards. Encore une raison d’éviter au maximum cette femme. Nos joutes verbales m’amusaient la plupart du temps, mais ce soir, je n’étais pas d’humeur. Sur les quelques mètres me séparant encore du couple, je tachais de reprendre mon stoïcisme habituel. Il n’y avait qu’elle pour me faire perdre mon sang froid. Je me présentais donc devant Sithmaith et son compagnon. Complètement imperméable au changement de look de ma coéquipière. Ce genre de considération n’avait jamais été mon genre.

« Sithmaith ! Ca faisait longtemps. »

Je tendais ensuite la main à l’inconnu qui semblait être son cavalier de la soirée. J’étais un peu méfiant étant donné le comportement du dernier homme que j’avais vu en sa compagnie, mais celui ci semblait plus civilisé.

« Lucian Morgenstern, enchanté. »

De nombreux regards semblaient s’être soudainement braqués sur notre petit échange comme si la population de la BGU attendait quelque chose. D’ordinaire, je ne l’aurais pas remarqué mais depuis mon petit passage par la case torture, j’étais plus vigilant. Sourcils froncés, j’interrogeais mes deux compagnons.

« C’est quoi leur problème ? »

Je commençais seulement à prendre conscience que les gens s’intéressaient un peu trop à mes faits et gestes. Surtout après avoir vécu reclus ces trois derniers mois. Je n’avais aucune idée qu’à ce moment-là, ils se demandaient surtout ce qu’ils devraient retenir de la soirée entre la tension évidente entre la chirurgienne et moi ou mon manque flagrant de ressentiment pour le couple Sithmaith/Sun.

Je ne désirai pas non plus que Sithmaith se transforme en nonne à cause de moi. Même si c'était, d'après elle, son désir de se faire discrète je sentais tout de même qu'elle n'était pas à l'aise. Je supposais que quand on avait eu l'habitude d'être le centre d'attention, c'était compliqué de s'y défaire. Comme une sorte de drogue. D'un autre côté, je ne voulais pas non plus que ma petite amie se retrouve au milieu d'un scandale ou d'une rumeur débile - j'avais déjà eu mon lot là dessus.

- Vu le couple qu'on forme, on attire l'attention sans le vouloir...mais je m'en fiche de ce que les gens peuvent penser de nous deux

Qu'est ce qui dérangeait plus les personnes ? Notre différence d'âge ou bien le fait que j'étais son ancien professeur ? Je n'avais pas envie de le savoir. Il y avait des choses pour lesquelles je me souciais plus, comme le nouveau comportement d'Eirena. Je partageais mon incompréhension à Sithmaith. Celle-ci m'expliquait alors que c'était pour se faire voir par un garçon en particuliers. Je suivais du regard le direction indiqué par son mouvement de tête. Vu comme ça, il avait pas l'air méchant. Mais il fallait se méfier des apparences. Il me semblait que j'avais déjà vu sa tête. En fait, je l'avais déjà vu trainer avec la petite blondinette.

- Ils ne sont pas déjà...proche ?

Je n'avais jamais interrogé Eirena sur sa vie privée. J'avais toujours estimé qu'elle avait le droit à sa propre vie, même si je veillais toujours à ce qu'elle ne fréquente pas les mauvais garçons ou filles de la BGU. Notamment lorsqu'elle était encore une cadet.

Venait ensuite le sujet de l'anniversaire de Sithmaith, et de la rencontre de ses parents. Mon cerveau s'était tout de suite imaginé le pire mais ma petite amie me rassura tout de suite. Enfin, deux secondes avant d'entendre le prénom d'Ethan.

- Qu'est ce qu'il vient faire là, lui ?

Je ne cachais pas du tout ma jalousie tout en vérifiant correctement que la boisson n'était pas empoisonné ou alcoolisé. Je me souvenais que lors du bal quelqu'un s'était amusé à verser de l'alcool dans le jus de fruit. Comme tout semblait ok, je buvais une gorgée à mon tour avant de secouer la tête face à la réponse de Sithmaith. Mais une personne non désirable venait de faire son entrée entre nous deux. Il salua ma petite amie avant de se présenter à moi. Je savais très bien qui il était. Je me sentais un peu désolé de ce qui lui était arrivé tout de même.

- Sun Nanoo, je suis instructeur et le petit ami de Sith

J'insistais bien sur le statut, passant un bras autour de la taille de la jolie rousse. Lucian semblait surpris des regards qui étaient tourné vers nous. Ne savait il vraiment pas ? Ou bien se moquait il de moi ?

- Oh, je ne sais pas, peut être parce qu'on vous a prêté une aventure avec la demoiselle ici présente ?

Mon ton était froid. Je n'arrivais pas à freiner ma jalousie - même si je savais très bien qu'il ne s'était rien passé entre eux deux. Ma main se crispait sur la taille de Sithmaith. Autant dire, que j'avais rêvé bien des nuits de mettre une droite au voleur.

Sithmaith observa sa boisson avec suspicion tandis qu'elle répondait à Sun sur la nature exacte de la relation que Aiden entretenait avec Eirena. "Hum ? Proche ? Si, si. Mais pas comme Eirena voudrait, ils sont juste amis. Ou juste jeunes et coincés, mais il semblerait que tout le monde n'adhère pas à ma façon de voir le monde." Elle fit une petite moue pour ponctuer cette remarque dans laquelle elle visait surtout Aiden qui n'avait pas toujours l'air de l'apprécier parce que, justement, il était bien trop coincé pour ça. Mais c'était ça d'être jeune, pas comme elle l'avait été, triste et désabusée, mais jeune et innocent, tout juste en train de découvrir l'amour ! Elle trouvait ça relativement mignon, et un peu mièvre dans le genre trop dégoulinant pour elle aussi... attention hein ! Elle encourageait Eirena dans ses efforts contrairement à monsieur ronchon à côté d'elle, mais il ne fallait pas trop lui en demander, l'histoire d'Eirena et d'Aiden tournait un peu trop en rond et ne finissait pas assez vite dans un lit, toujours selon ses critères.

Elle vit Sun tiquer à la mention d'Ethan. Elle trouvait toujours ça bizarre qu'il puisse être jaloux après tout ce par quoi ils étaient passé. Elle ne disait pas qu'il n'avait pas de raison de l'être, elle avait son passé sulfureux pour elle et avait couché avec pas mal des hommes qu'elle fréquentait encore en tant que connaissance de boulot ou, plus rarement mais c'était le cas d'Ethan, comme amis. Elle pensait montrer suffisamment à Sun que maintenant il était le seul pour qu'il n'ait aucune raison de douter... et en même temps on parlait de Sun là. Il avait beaucoup de qualité dont la logique ne faisait pas forcément parti. Ou le bon sens plutôt, car il voyait vraiment le mal partout, elle ne savait toujours pas pourquoi au demeurant car elle ne pensait pas qu'être en couple ouvre toutes les portes de toutes les confidences. Il lui parlerait quand il en aurait envie des raisons de sa méfiance envers la BGU. Ou il ne le ferait pas parce qu'elle respectait beaucoup cette institution. C'était sa décision. Mais revenons-en à Ethan, sa réponse fut dans tous les cas assez concise : "Ethan est mon unique ami d'enfance. Et c'est un ami de ma famille aussi." Sun devrait composer avec Ethan, ce dernier étant un civil, ce n'était pas comme s'ils risquaient de beaucoup se voir ou comme s'il voyait beaucoup Sith elle-même.

La conversation aurait pu se poursuivre quant à son anniversaire mais Lucian arriva. "Salut Lucian ! Comment tu vas ? C'est mieux ? Tu vas bientôt pouvoir retourner en mission avec moi ?" Parce que avec Mat' qui faisait dans la protection rapprochée et Lucian qui était toujours considéré comme en semi-convalescence, elle se retrouvait à faire des missions en solitaire pas très drôle. sachant que ce que Sith' trouve drôle c'étaient les missions avec plein de combat où elle pouvait se défouler un max' ! Son enthousiasme fut toutefois douché par Sun qui fit preuve d'un élan de possessivité, elle se retint de toute expression faciale exagérée à la manière dont Sun se présentait. Il n'avait pas besoin de revendiquer son statut de petit ami comme ça franchement, pas avec Lucian, elle n'avait jamais eu d'aventure avec son coéquipier. Il n'y avait pas plus saine amitié que la leur. Il faut dire que Lucian était un être asexué aux yeux de Sith', ça aidait... mais son cher et tendre petit ami (sans ironie aucune évidemment) ne semblait pas vraiment prendre en compte cette donnée pourtant primordiale.

"Sun ! Je t'ai déjà dit qu'il n'y avait jamais rien eu entre Lucian et moi ! Excuse-le Lucian, mon petit ami n'a visiblement toujours pas digéré certaines rumeurs sur notre compte..." Elle avait posé une main qui se voulait apaisante mais ferme sur l'épaule de Sun et elle regardait Lucian pour s'empêcher de lui jeter un coup d'oeil réprobateur. Lucian était son coéquipier, elle lui confirait sa vie les yeux fermés, tant qu'à faire, si Sun ne voulait pas mourir prématurément d'anxiété, il ferait tout aussi bien de l'imiter. Pourtant, elle sentait que ça allait être compliqué parce que 1) Sun ne fait confiance quasiment à personne, 2) elle savait d'expérience que quand un homme commence à parler de vous à la troisième personne, à moins de lui mettre un bon direct dans l'estomac - ce qu'elle ne ferait pas -, intervenir revenait à parler dans le vent. Lucian l'avait probablement écouté, Sun c'était bien moins sûr. Il était encore plus têtu qu'elle après tout et ce n'était pas rien de le dire...

{Robe de Sithmaith : http://www.doctorwhotv.co.uk/wp-content/uploads/karen_gillan_BBC_photoshoot-3.jpg
La coiffure est celle du gif !}

C’était le grand jour, la Balamb Garden University donnait son traditionnel festival. Lors de mon hébergement à la BGU, j’avais fait la connaissance de la présidente du Comité des fêtes (ou plus exactement elle m’avait sauté dessus dès que mon identité avait été révélée). Sur le coup, je ne lui avais donné aucune réponse, acceptant de prendre son numéro histoire de m’en débarrasser. Mais sa confiance en elle m’avait fait sourire et c’est peut-être pour ça qu’il y a un mois, je m’étais rappelée d’elle.

Beaucoup de choses avaient changées depuis le mois d’octobre. Certes, j’avais toujours voulu apporter mon soutien au groupe de mercenaires. Ils me rappelaient mon père en quelque sorte. Donner un peu de la somme d’argent indécente qui dormait sur mon compte en banque n’était pas grand-chose. Mais à présent que le SEED me protégeait et vu les liens tout particuliers qui m’attachaient à mon garde du corps, ce n’était plus seulement une question d’argent. J’étais plutôt imperméable aux conflits, pas du genre à prendre parti à moins d’en tirer une contrepartie immédiate. Aussi, la prise de pouvoir de Cydaée ne perturbant pas mes affaires, je m’en contrefichais. Mais son embargo contre le SEED avaient des répercutions sur ma vie. Mateusz était souvent envoyé à droite et à gauche. Et, depuis quelques mois, notre relation avait évoluée. Une part de moi, celle abritant l’adolescente qui ne s’était jamais remise de la mort de son père et de l’abandon de sa mère, craignait que la fin de la mission de protection ne signe aussi la fin de ma relation avec Mateusz. Mais je préférais vivre cette relation au jour le jour, j’avais beau être folle de lui, j’étais bien consciente que nos deux caractères rendaient toute projection assez hasardeuse.

Le voyage jusqu’à Balamb n’avait pas été de tout repos. Je n’avais pas voulu partir trop tôt. Après tout, j’avais une réputation à tenir. Attendre bien gentiment mon tour de scène lors d’un événement de ce type n’était pas mon genre. Plus depuis que j’avais atteint un certain degré de célébrité en tout cas. Mais, je n’étais pas une sauvage non plus. Mes excentricités étaient connues dans le milieu. Tout comme le fait que je tenais mes engagements. On ne s’inquiétait donc jamais outre mesure de mes retards. Le comité était prévenu de mon arrivée en cours de festival. Comme mon passage était une surprise, c’était même un avantage pour eux. Tout le monde y gagnait.

J’avais obligé mon équipe à s’arrêter à l’hôtel de Balamb pour me changer, me coiffer et mettre la touche finale à mon maquillage. La scène étant en plein air, j’aurai sans doute un peu froid au début, mais qu’à cela ne tienne. Il fallut une bonne heure pour que les préparatifs soient terminés. Je portais une micro robe rose on ne peut plus brillante assortie de talons vertigineux. Mes tenues de scène étaient connues pour ne pas laisser beaucoup de place à l’imagination. Mes cheveux avaient été savamment ondulés et mon maquillage se mariait astucieusement à ma robe. Chargé pour être révélé sous les projecteurs mais pas outrancier.

Il était maintenant temps de se mettre en route. Le véhicule avait été avancé et nous déposerait, Mateusz et moi devant la BGU. Le reste de mon équipe n’était pas admis ce soir. J’allais donc devoir oublier les différents effets de mes prestations habituelles. J’en avais pourtant fait livrer un avec le mode d’emploi au comité. On ne se refaisait pas.

Toute apprêtée, je fis signe à Mateusz que nous partions. J’attrapais son bras puis m’engouffrais dans la limousine. Mateusz et les voitures avec chauffeur… que de souvenirs.

La vérification à l’entrée de la BGU pris plus de temps que je ne l’avais imaginé. Sérieusement, ces templiers de malheur ne m’avaient pas reconnus ? Ou alors ils s’imaginaient que je cachais une arme sous ma mini-robe ? Bon, en vérité je cachais bien une arme mais ils ne l’avaient pas trouvé. On ne prenait pas une Redwood à son propre jeu. Mateusz à mon bras – ou plutôt moi au sien pour dire la vérité, nous nous dirigions vers la cour.

Notre arrivée fut accompagnée d’un silence choqué. J’attribuais cela à ma présence ici et peut être un peu au fait que notre couple n’était pas non plus passé inaperçu. J’adressais un sourire coquin à mon compagnon. Je me retenais de l’embrasser là, devant tout le monde juste pour leur donner de quoi jacasser jusqu’à mon passage sur scène. Je me penchais pour murmurer à l’oreille de mon amant.

« Et bien, et bien, j’ai presque l’impression d’avoir enfin droit à mon bal de promo. »

Enfin, ça ressemblait plus à la fête du lycée qu’à un bal de promo mais je n’avais participé ni à l’un ni à l’autre donc je ne pouvais pas vraiment me faire une idée précise.

HRP : et voilà ce que ma jolie Loveless porte. Pas voyant du tout surtout au mois de mars hein? https://i.servimg.com/u/f11/19/57/18/28/90894b10.jpg

« Tu apprendras assez vite que Nina obtient toujours ce qu’elle veut. » Râla Callista à la remarque sur sa robe de sa jeune sœur. Et il lui fut difficile de ne pas rougir ensuite car il semblait que Daisuke fasse l’objet de la curiosité de Freya autant que de Nina. Peut-être parce qu’elle passait beaucoup de temps chez lui et qu’on les soupçonnait de faire des choses… qu’ils ne faisaient pas ? Callista se contentait de faire la baby-sitter pour Daiki, il n’y avait pas de quoi cancaner là-dedans.

Mais un nouveau regard coulé vers le couple de Sithmaith et de Sun lui rappela combien il était facile d’être au coeur d’idées fausses, même si finalement, pour son collègue, cette rumeur sur Lucian et sa coéquipière rousse avait plutôt été un déclencheur bénéfique. Elle était assez contente de croiser un Sun plus détendu qu’autrefois. Il était toujours sur ses gardes, elle l’avait bien noté, mais son humeur s’était amélioré alors il était plus facile de montrer patte blanche pour entamer une conversation, même portant simplement sur le travail.

Callista se contenta donc d’envoyer un regard à sa demi-sœur qui signifiait « Je ne trafique rien du tout, tu verras ! » et comme Joris la snobait plus ou moins, elle se dit qu’elle devrait peut-être aller voir ailleurs si elle y était, mais Daisuke finit par arriver. « Enfin te voilà ! » Commença-t-elle avant de poursuivre « Mais oui, bien sûr, je peux venir demain. Nous ne serons pas beaucoup sollicitées après une nuit de fête. Je ne peux pas répondre pour Nina en revanche mais je lui demanderai. » Bien entendu, Daisuke se décida à parler à son ami l’affreux jojo, un des premiers élèves que Callista ait eu, mais pas le plus sympathique, surtout qu’ils se connaissaient déjà à ce moment là par Daisuke et sa femme. Heureusement, la jolie blonde était d’un flegme impressionnant, elle ne montrait rien… que cela concerne Daisuke – car elle ne voulait pas faire ce plaisir à Freya et par ricochet à Nina -, ou bien Joris.

« Daisuke, je te présente ma demi-sœur, Freya. Elle est instructrice avec moi maintenant. » Callista tendit la main vers celle de sa cadette en souriant avec chaleur. Elle était très famille, même si elle n’avait réussi à parler avec Freya que quelques mois auparavant, elle était aussi importante pour elle que Nina. Et elle était heureuse (malgré tout) que son ami la rencontre, surtout qu’il connaissait déjà sa sœur jumelle, et surtout parce qu’il était celui avec qui elle passait le plus de temps en dehors de ses élèves ou de ses sœurs. Elle était aussi proche de Thad’, mais ce n’était pas vraiment pareil, parce que chez Daisuke, elle était comme chez elle à force de garder Daiki. C’était un peu comme s’il faisait parti de sa famille lui aussi en quelque sorte, bien que son statut ne soit pas très défini.

Ne connaissant pas outre mesure Megara, elle n’ajouta rien de plus, laissant les autres prendre la parole. Elle n’avait jamais été bien bavarde.

J’allais de surprise en surprise ce soir. Aya était un paradoxe, capable de passer de la peste suprême à la bonne copine en l’espace d’un battement de cil. Elle avait toujours été déconcertante mais apparemment les années passées n’avaient fait que renforcer cette tendance.

Alors qu’Alexiel tentait une nouvel fois de m’insuffler l’esprit ‘BGU’. Je haussais les yeux au ciel devant tant d’insistance mais ne commentait pas. Je ne voulais pas gâcher ce grand moment de pseudo camaraderie. C’était étrange mais j’avais promis et, aussi démodé que cela puisse paraitre, je tenais toujours mes promesses. Nikola avait dit ‘Amuses toi et essaie de t’intégrer’, c’était ce que j’allais faire. Juste pour ce soir.

Mais je ne pouvais définitivement pas réaliser ce prodige sobre. Voilà pourquoi j’avais sorti ma flasque. Cet alcool avait été distillé par les bons soins de mon père (un de ses passe-temps favoris en dehors de radoter sur les exploits de mon frère). Ce n’était pas une boisson de débutant, elle vous enflammait la gorge lorsque vous décidiez de la boire pure mais se mariait à la grande majorité des ‘diluants’ comme disait mon père. J’en proposais à mes compagnes de soirée et Aya me l’arracha presque des mains ce qui m’arracha mon premier franc sourire depuis mon arrivée à la BGU. Un sourire qui transformait mon visage d’ordinaire si austère. Un regard complice, un sourire et c’était comme remonter le temps à une époque où nous ne nous déchirions pas. C’était étrange. Pauvre Alexiel, elle n’allait plus rien y comprendre.

« Et oui, tout arrive ! On sait aussi faire la fête au G-Garden. Croyez le ou non, j’étais dans le Comité. »

Oui, ce n’était pas forcément flagrant comme ça en me voyant. La fibre musicale n’étant pas très répandue, c’était à moi qu’on avait confié la lourde tâche de recruter des groupes ou de m’occuper des playlist lors des événements plus informels. Ca me paraissait presque une autre vie.

Et voilà qu’Alexiel me surprenait également en tendant son verre. Mes yeux ronds devaient parler pour moi. Aya était dans le même état que moi mais s’était reprise plus vite. Je vidais mon verre d’une traite, autant prendre un peu d’avance pour survivre à cette soirée. Je ris doucement devant le manège d’Aya tandis qu’elle faisait un câlin façon Maman Ourse à Alexiel. Les filles et leur manie de s’enlacer à tout bout de champ… Puis elle attrapa la main d’Alexiel et replaça la flasque dans la poche intérieur de ma veste. Ce rapprochement inattendu me laissa un brin perturbé d’où mon absence de réaction quand elle attrapa ma main pour me trainer sur la piste de danse. J’aurai peut-être pu éviter cette situation si j’avais été moins abruti par son geste. Sans être une star du dancefloor, je n’étais pas pour autant un mauvais danseur. Après quelques instants d’hésitation, j’haussais les épaules avant de suivre le rythme. Autant faire contre mauvaise fortune bon cœur après tout. C’était plutôt amusant après tout.

Mais après quelques minutes à ce régime, un silence étonnant vu le lieu était tombé sur la salle. Suivant l’endroit vers lequel tous les regards étaient braqués, je ne pus m’empêcher d’ouvrir grand la bouche tel un poisson hors de l’eau. Ce n’était pas possible. Non, pas possible. J’allais peut être me mettre à aimer la BGU finalement. Rien que pour la vue qu’elle offrait. Car, venait d’entrer mon fantasme adolescent, la belle Loveless. Mon expression singeait à la perfection celle des autres cadets et d’une partie des SEED. C’était comme si de la fumée allait nous sortir des oreilles. Tant bien que mal, je reprenais mes esprits, au moment où le groupe attaquait avec une nouvelle chanson. La starlette avait manifestement calculé son entrée. Ebahi, mon regard passa d’Aya à Alexiel, pour revenir vers Aya. Sans m’adresser à l’une ou l’autre en particulier, je m’interrogeais.

« Loveless ? A la BGU ? Quelqu’un peut m’expliquer comment vous avez accompli ce miracle ? »

Oui, je me taperais sans doute la tête contre les murs plus tard pour les accents de fanboy qui avait percés dans ma voix à ce moment-là mais, je voulais VRAIMENT connaitre la réponse. Et pourquoi pas aussi l’identité du grand costaud à l’air énervé qui était à ses côtés. Il ne paraissait pas avoir le look d’une personne gravitant dans le show-business.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, la compagnie de Sithmaith m’avait manqué. En un an, notre relation avait bien évolué. Depuis notre mission dans les montagnes de Trabia, partir en mission avec elle était toujours une aventure plutôt agréable et c’est vrai que suite à mon emprisonnement, j’avais un peu oublié ça. Il était temps que je reprenne du poil de la bête.

« Ca va mieux. Venir ce soir faisait partie des conditions pour que je puisse réellement retourner sur le terrain. Donc j’espère avoir bientôt le feu vert des médecins. »

Ou plus exactement celui de la psychologue mais ce n’était pas vraiment le genre de choses dont j’avais envie de discuter en plein milieu des membres de la BGU. C’était déjà assez humiliant que tout le monde ai été au courant de mon emprisonnement. Le compagnon de Sithmaith se montra étonnamment froid. Mettant l’emphase sur son statut de petit ami. Oui, et alors ? C’était censé m’intéresser ? Honnêtement, les relations intimes des autres m’étaient toujours passé et au-dessus et paraissaient bien compliquées. Il n’y avait qu’à voir le perpétuel jeu du chat et de la souris de Selena et Zachary. S’en était lassant.

C’est alors qu’ils m’informèrent sur les rumeurs. Comme souvent, j’étais totalement passé à côté. Je les observait donc avec des yeux ronds, pas du tout prêt pour une telle révélation.

« Pardon ? »

Une fois le premier choc passé, j’éclatais de rire devant l’absurdité de toutes ces histoires.

« Je pensais qu’ils en avaient fini avec tout ça. Quand Selena est arrivée, j’avais soit disant une aventure avec elle, après ils se sont imaginés que j’étais avec Joris… Ils n’ont rien de mieux à faire ? »

C’était complètement fou. Cet intérêt pour ma vie sentimentale (inexistante) me dépassait totalement. Je ne m’intéressais pas à celle des autres alors cette obsession étant franchement ridicule. Et apparemment sources de problèmes et de quiproquos pour les personnes de qui j’avais le malheur de me rapprocher. A croire que la BGU avait toujours besoin d’avoir le regard rivé sur quelque chose pour oublier le quotidien.

Cette impression fut confirmé alors que les conversations alentours s’effaçaient et que le regards se braquaient dans une autre direction. Sur mes gardes, je cherchais la source de cette attention soudaine. Il s’agissait d’une femme blonde auprès d’un SEED que, sans jamais lui avoir réellement adressé la parole, je connaissais très bien. Mateusz Prescott. La belle jeune femme l’accompagnant n’était certainement pas une SEED et était loin de passer inaperçue. Cet événement étant propre à la BGU, je me demandais bien pourquoi on l’avait laissée entrée. Et aussi pourquoi elle déchainait tellement les foules. Méfiant, j’interrogeais mes compagnons, l’air sombre.

« Qui-est-ce ? La femme avec Prescott. Je pensais que la sécurité avait été renforcée. »

Je ne me doutais pas que cette question allait encore une fois faire montre de mon décalage par rapport aux priorités de la plupart des spécimens masculins de cette soirée.

Depuis son retour à la BGU il y a 4 mois, Zack n’était pas trop dans son assiette. L’échec de la mission, l’état dans lequel il était rentré avec Megara et Lucian, ainsi que ce qu’ils avaient subi avec Bahamut l’avait retourné. Aujourd’hui encore, il en gardait quelques séquelles et devait encore subir des séances avec le psy du Garden. Selon elle, son incapacité à accepter cet échec pouvait être destructeur pour lui. Ainsi, elle avait insisté sur le fait que Zachary devait assister au Festival du Garden pour reprendre un semblant de vie normale car passer du temps à la salle d’entrainement n’était pas sociabiliser mais s’isoler. Heureusement, il y avait eu Selena. Sa présence lui faisait du bien même si les paroles qui se voulaient réconfortante de sa part ne semblait pas faire autant effet qu’il le voudrait et il sentait que son comportement avait tendance à l’agacer.

Quant à son meilleur ami Lucian, Zack s’efforçait de faire bonne figure devant lui pour ne pas l’alarmer car du trio rentré de mission, Lucian était celui qui avait été le plus atteint. Ce dernier ne s’était pas spécialement confié mais on voyait clairement qu’il dormait très peu, répondait à peine à ses appels ou ses sms et son côté plus tête brûlée que d’habitude faisaient que Zack s’inquiétait pour lui. Il se demandait d’ailleurs s’il ne devait pas passer faire du « camping » dans sa piaule à l’occasion pour lui tenir compagnie et le soutenir.  Tout en gardant ça dans un coin de la tête, il fini par se dire qu’il ferait peut-être mieux de descendre voir les festivités ou tout du moins profiter du buffet, histoire d’avaler quelque chose et ne pas rentrer se coucher le ventre vide. Selena lui avait rappelé dans la matinée que le Festival de la BGU allait bien avoir lieu tout en lui suggérant que cela lui ferait du bien de voir d’autres têtes mais Zack lui avait répondu qu’il n’était pas sûr d’y aller car il n’avait pas trop la tête à faire la fête. C’était toujours d’actualité mais allez savoir, le jeune Leonhart enfila rapidement une chemise blanche, son costume noir et un noeud papillon assorti. Un peu de cire dans les cheveux pour dompter sa mèche rebelle et  il était prêt. Au pire des cas, il y allait saluer deux ou trois personnes pour montrer qu’il avait fait acte de présence, goûtait au buffet puis repartait. Oui cela lui semblait un bon plan. Il en profiterait pour inviter Selena à danser - quelque soit la musique, ils devraient pouvoir faire quelques pas non ? -  car d’après ses souvenirs, lors du gala du Garden, ils avaient été interrompus par l’ami Sun et des choses en entrainant d’autres, ils s’étaient quittés sur de gros malentendus. Quelle histoire !

Quoi qu’il en soit, il était là à l’entrée de la cours, parcourant le lieu du regard à la recherche d’une Selena apprêtée mais il ne l’a voyait clairement pas. Il lui envoya donc un sms pour savoir si elle était au Festival, l’informant par la même occasion qu’il avait repensé à ce qu’elle lui avait dit et qu’il avait changé d’avis. En attendant sa réponse, il suivi le regard de tous qui étaient braqués sur une blondinette au bras de Prescott. Tiens, il était vite passé à autre chose celui-là apparemment. Ne l’a voyant que de dos, il ne devina pas que c’était la fameuse Loveless. Il profita de cet intérêt pour rejoindre Lucian, Sun et Sithmaith qu’il venait de repérer.

« Vous pouvez disposer. »

Enfin ! Elle en aurait poussé un long râle de soulagement. Masquant habilement sa satisfaction, Robin se redressa calmement en calant son dossier sous son bras, saluant le directeur d’un bref signe de tête avant de regagner son bureau dans lequel elle s’enferma. La musique plus bas raisonnait dans leurs locaux depuis une heure déjà et sûrement Kramer avait-il remarqué qu’elle n’avait qu’une hâte, celle de descendre et faire la fête avec les autres. Rangeant ses papiers en hâte, elle se jeta sur son sac et en extirpa une tenue plus adéquate que son sévère attirail de secrétaire qu’elle se dépêcha de revêtir dans la presque pénombre, un sourire aux lèvres.

Le festival du Balamb Garden, il suffisait d’invoquer ces mots magiques pour que le visage de Robin Prince s’illumine. Elle peinait encore à réaliser qu’elle allait y assister et c’est bien fébrile qu’elle avait servi le thé à ses convives pour évoquer lors de ces derniers jours l’enthousiasme qui la gagnait à l’idée qu’il se rapprochait. Son organisation n’avait pas été une mince affaire, Kramer avait même un temps pensé l’annuler et elle avait été aux premières loges pour savoir qu’il en avait fallu de peu pour que cette belle nuit ne voie jamais le jour. Dieu merci, il s’était laissé convaincre à maintenir ce légendaire rendez-vous.

Frémissant d’impatience, Robin se glissa dans sa robe avant de détacher ses cheveux. Chaussée elle gagnait quelques centimètres non négligeables et elle se félicita une dernière fois d’avoir misé sur une tenue élégante. Elle était si pressée de rejoindre la fête qu’elle inspecta à peine son regard dans la glace avant de tourner les talons et quitter l’office, jusqu’à ce qu’une voix grave la rattrape en lui souhaitant une bonne soirée. Elle sursauta, plaquant sa main sur sa poitrine en esquissant un sourire un peu crispée, se sentant soudainement bête dans sa robe de soirée alors qu’elle se tournait vers le directeur qui l’observait avec amusement. Un regard empreint, aussi, d’une mélancolie touchante. Pinçant ses lèvres, Robin se redressa légèrement avant de hocher poliment la tête.

« Bon courage, monsieur. »
« A tout à l’heure mademoiselle Prince. »
« A tout à l’heure. »

Quand elle quitta le deuxième étage, son cœur s’était fait un peu plus lourd. Elle se dépêcha pourtant de chasser ce sentiment et d’oublier momentanément les yeux tristes de Cid Kramer. Croisant ses bras sur sa poitrine alors qu’elle empruntait l’ascenseur, la secrétaire grinça un peu des dents en se mettant à l’évidence qu’elle n’y arrivait plus, qu’elle s’inquiétait pour lui comme elle s’inquiétait pour l’avenir de la BGU et elle hésita un bref instant à faire demi-tour. Elle n’en fit rien pourtant une fois arriver au rez de chaussé, considérant avec tendresse que Kramer l’aurait certainement renvoyé si elle s’était représentée à son bureau. Après tout elle avait été de ceux à soutenir fermement qu’il fallait maintenir les festivités, donnant poliment raison aux organisateurs qui avaient ardemment milité pour que cette soirée ne soit pas déprogrammée. Il se serait moqué d’elle et l’aurait certainement invité à faire la fête tant qu’il était encore temps.

Elle fit une entrée discrète dans la cour, bien plus intimidé que prévue par l’ambiance qui battait son plein. Tranquillement elle alla se servir un verre alors que son regard balayait l’assemblée, déjà à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Mais alors qu’elle goûtait au champagne, un frisson sembla soulever la foule entière. Les grands yeux de Robin devinrent deux petites fentes à la recherche de la raison de cet émoi et il ne fut pas bien difficile de remarquer Loveless qui traçait son chemin dans la foule accompagné de son garde du corps devenu célèbre lui aussi malgré lui. La secrétaire agita sa main libre alors qu’elle avalait nerveusement le fond de son verre, le cœur battant, elle l’abandonna là - elle avait eu vent que la diva détestait l’alcool - et fonça d’un air décidé vers le couple.

Devant son empressement, on s’écarta aussi pour la laisser passer et elle se fraya sans trop de difficulté un chemin vers la chanteuse devant laquelle elle se présenta, la gratifiant du plus chaleureux des sourires.

« Bonjour Loveless, je suis Robin Prince, nous nous sommes entretenu au téléphone. »

L’informa t’elle avec un empressement jovial alors que ses petites jambes hautes perchés tremblaient. Son regard s’attarda quelques secondes sur le visage de la sublime idole avant qu’elle ne se tourne vers son garde du corps qu’elle salua d’un signe de tête. Elle avait failli en perdre son enthousiasme, cet homme là était terrifiant mais elle ne se laissa pas abattre par le regard noir qu’il lui renvoya. Elle n’en revenait pas, elle s’adressait enfin directement à Loveless. Loveless !

« Bienvenue à la BGU, nous sommes si heureux de vous compter parmi nous ce soir. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me faire signe. »

Récita t’elle de manière charmante sans se défaire de son large sourire.

La tenue de Robin : http://natalia-dyer.com/photos/albums/Photoshoots/2017/Rogue/009.jpg

J'avais légèrement froncé les sourcils face à la nouvelle sur l'attirance qu'Eirena avait envers Aiden. Ma petite amie était beaucoup plus au courant que moi, ce qui était normal. Après tout c'était une fille elle aussi et plus proche en âge de la petite blondinette que du mien. J'aurai pu être son père, en y pensant. Mais en voyant la folle qui lui servait de mère j'étais bien heureux de ne pas l'être biologiquement. D'ailleurs j'avais connu le vrai avant qu'il ne disparaisse suite à une mission. Etait il encore vivant ? Ou même au courant qu'il avait une fille ?

- Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas tous comme toi, qu'ils sont coincés

Rétorquais je. Si Sithmaith était un modèle pour la société, celle-ci deviendrait une véritable orgie, où tout le monde coucherait avec tout le monde. Déjà que la Seed avait une jolie liste dont j'espère que ce fameux Ethan n'en faisait pas partie. Je pouvais accepter qu'elle ait des amis hommes, je n'étais pas non plus ultra jaloux.

- Ok ok

Et puis Lucian était arrivé, réveillant le petit ami possessif qui était en moi. D'un côté il y avait ma tête qui me disait que tout allait bien et une voix qui me soufflait que ce mec était mal attentionné. Et ce n'était pas celle de ma G-Force. Le fait que Sithmaith lui proposait de revenir en mission avec elle, n'arrangeait pas les choses. Surement que j'en faisais trop mais c'était plus fort que moi. Mon comportement énervait ma petite amie, je le sentais bien. Lucian s'était alors mit à rire, trouvant ça visiblement drôle. Il devrait surement se poser des questions si ses camarades lui prêtait une aventure avec tout le monde.

- Vous devez bien faire quelque chose pour que les gens se mettent à imaginer des choses

L'accusais je. Me souvenant avoir fini par savoir d'où venait la rumeur entre lui et la jolie rousse à côté de moi. Peut être était il simplement une victime de son innocence. On avait cependant un point commun : on était ignorant niveau célébrité. Visiblement l'une d'elle venait de faire son entrée dans la cour et j'étais bien incapable de mettre un nom sur celle qui était avec Mateusz. D'ailleurs j'avais peu vu celui-ci pendant un bon moment. Mais si elle était avec lui, alors je supposais qu'elle n'était pas une menace.

- Aucune idée...Surement une invitée du comité des fêtes

Supposais je à voix haute tandis que j'apercevais Zachary se joindre à nous. Je lui offrais un petit sourire pour le saluer.

- Pas grand chose, je crois que ça va être bientôt la débandade avec l'apparition de cette jeune femme

Qui devait être importante, vu que je venais de voir la secrétaire de Kramer pourfendre la foule pour accueillir la blonde.Secrétaire sortie de je ne savais où d'ailleurs. De quoi se méfier au vu des derniers évènements, et de ce qui s'était passé pour les membres du Soldats.

Inculquer aux élèves ce qu’ils n’apprenaient pas chez eux ? Oui, c’est en partie ce que j’essayais de faire. Pas de façon très orthodoxe, il fallait bien s’accorder là-dessus. J’avais une façon bien à moi de calmer les élèves dissipés. J’étais une instructrice plutôt souriante et à l’écoute. Mais je ne supportais pas l’insolence. Alors les petits insolents me servaient de cible d’appoint lors des entrainements de lancer de couteau. Kramer ne s’en était pas encore plaint. Je supposais que ce n’était pas encore remonté à ses oreilles. Ou peut-être qu’il se sentait suffisamment coupable de mon état pour m’accorder un traitement de faveur. Allez savoir avec ce vieux hibou.

« Je promets de faire de mon mieux. »

Je ne relevais pas la remarque de Megara. Si j’avais appris une chose sur le Directeur, c’est qu’il ne faisait jamais rien gratuitement. Il semblait toujours y avoir un grand projet derrière chacun de ses agissements. J’aurais bien aimé savoir quoi. Histoire de… je ne sais pas… Accepter ce qui m’était arrivé. Que les dommages collatéraux puissent servir quelque chose d’important. Cela pourrait peut-être m’aider à accepter la situation.

La discussion dériva sur les cheveux de Megara. Apparemment je m’étais mal exprimé. J’avais pensé à un carré plongeant long, elle aurait donc gardé une certaine longueur mais je n’étais pas très douée pour mettre des mots sur mes idées. J’avais tendance à partir dans tous les sens. Comme si je manquais toujours de temps. Ce qui était un peu le cas si on y réfléchissait.

J’accueilli l’arrivée de ma sœur avec un large sourire. Depuis que j’étais devenue instructrice, on pouvait enfin passer du temps ensemble en dehors du cadre déprimant de l’infirmerie. Ca me faisait du bien. En plus, maintenant que Nina était installée à Balamb et que j’avais découvert que mon frère aussi était à la BGU, j’avais une grande famille à Balamb. C’était agréable. Même si cela me causait un petit pincement au cœur en repensant à Papa et Maman. J’avais repris contact avec eux mais je n’avais pas encore eu l’occasion de les revoir. Ils étaient à Galbadia en ce moment et les lieux n’étaient pas surs pour quiconque arborait les yeux bleu SOLDAT.

J’avais hâte de rencontrer le fameux Daisuke. Lorsqu’il arriva enfin, le fait qu’il mette inconsciemment la main sur la taille de Callista m’arracha un sourire en coin tandis que j’arquais un sourcil d’un mouvement subtil que, j’en étais sure, Callista ne raterait pas. C’était le genre de tic presque aristocratique qui m’avait valu nombre de moqueries dans mon enfance mais qui prenait de plus en plus de sens alors que je passais du temps avec Calli et Nina. J’étais loin d’avoir leur classe mais certains détails semblaient relever plus de l’inné que de l’acquis. A les entendre discuter tous les deux, on aurait presque dit un vieux couple. Je devais presque me retenir de ricaner.

Je me demandai si Nina allait les rejoindre pour observer comment ils se comportaient l’un envers l’autre ou si elle les laisserait en tête à tête. Il faudrait qu’on en discute. Quelle sœur serais-je si je ne complotais pas dans le dos de Callista ? Je pense même que c’était dans le manuel. Quel dommage que Callista montre si peu ses émotions. De mon côté c’était plutôt l’excès inverse. J’avais bien du mal à cacher mes sentiments pour Léandre.

Alors que ma sœur me présentait à son cavalier, je lui adressai un grand sourire.

« Enchantée. Ça me fait plaisir d’enfin te rencontrer. J’ai beaucoup entendu parler de toi ! »

A ce moment, mon regard se perdit dans la contemplation de Léandre que j’avais aperçu. Il était seul et aux picotements qui me traversaient tout le corps, j’avais très envie de le rejoindre. Je me tournais vers mes compagnons avant de m’excuser auprès d’eux.

« J’aperçois un Ravenel en détresse par là-bas et ça fait un moment que je n’ai pas croisé mon frère. Megara, il faudra qu’on essaie de se revoir dans un endroit moins surpeuplé. Daisuke et Joris, ça aura été un plaisr. Quant à toi, Calli, j’attends un rapport complet de ta soirée. A la prochaine ! »

J’adressais un signe de la main à la petite assemblée avant de me diriger droit vers Léandre. Si j’avais, comme toujours, buté sur le mot frère (il ne me venait jamais naturellement), j’espérai avoir fait bonne figure tout en en doutant un peu. Mais je ne pouvais pas laisser passer l’occasion.

« Léandre ! »

Comme à mon habitude, je me jetais dans ses bras. Pas le genre de comportement qui sied à un instructeur mais je m’en fichais. Tout était bon pour opérer un rapprochement coupable de nos corps. Il avait appris peu après Callista que j’étais malade. Et du même coup que je devais quitter le SOLDAT pour devenir instructrice.

« N’exagérons rien, j’ai de la marge avant de te battre dans la catégorie des dévergondées Aya. » Affirma Alex en avalant son verre non sans une légère pointe de culpabilité. Ce n’était pas vraiment son style d’aller à l’encontre du règlement, mais parfois, il fallait se donner les moyens de ses ambitions et elle voulait améliorer l’ambiance, surtout entre Aya et Zeke. Or, il semblait qu’il n’y avait que dans la transgression qu’ils se retrouvaient… Si ce n’était pas malheureux tout ça.

La jeune fille suivit ses camarades sur la piste. Elle se montrait étonnamment gracieuse, cela s’expliquait parce que la jeune fille n’était maladroite au quotidien que parce qu’elle était toujours un peu dans la lune, à part ça, elle était plutôt à l’aise avec son corps. Elle ondulait donc, sa queue de cheval se balançant au gré de ses mouvements, elle avait même levé les bras et fermé les yeux pour mieux sentir la musique. En tant que musicienne ayant un certain niveau, elle savait s’imprégner d’un rythme pour se mouvoir… Elle sentit des mains se poser sur sa taille et crut que c’était Aya ou Zeke vu que c’étaient avec eux qu’elle dansait au départ, mais quand elle rouvrit les yeux pour vérifier, elle s’aperçut qu’il s’agissait d’un SEED qui devait avoir cinq ou six ans de plus qu’elle. « Eh ! C’est une danse privée bouffon ! » Elle repoussa l’intrus. Il lui disait quelque chose mais elle n’arrivait pas à savoir pourquoi, ce n’est que quand son regard se posa de nouveau sur l’instructeur Nanoo et sur Sithmaith – son idole – qu’elle se souvint de qui était le SEED en question. C’était l’ex de la rousse, Arlan, sinistrement connu pour l’avoir trompée à l’époque où Alex n’était encore qu’une gamine rêveuse vivant bien loin de Balamb. Il devait avoir fondu un oulon pour venir au Festival, et visiblement il n’usurpait pas sa réputation de coureur car draguer une Cadet, il fallait le tenter.

Sans commentaire, elle se rapprocha de Aya, lui prenant la main pour lui signaler qu’il y avait un soucis, le plus discrètement possible. Elle n’eut pas le temps d’expliquer ce qui venait de se passer car un silence s’installa, assez bizarre dans un festival, et tous les regards se posèrent sur une jolie blonde qu’Alex reconnut elle aussi comme étant la chanteuse Loveless. Mais elle connaissait aussi l’homme à ses côtés, et lui était bien du SEED. « Il y a des bruits qui courent comme quoi elle serait avec Prescott, le SEED à côté d’elle. Son chat s’appelle comme ça en tout cas. » répondit Alex en laissant à Aya le soin des explications sur comment elle avait accepté de venir chanter vu qu’elle était du comité des fêtes, bien que la véracité ou non de la rumeur soit peut-être suffisante. Peu à peu l’ambiance reprit mais maintenant tout le monde attendait que la chanteuse monte sur scène, Alex aussi, car elle aimait bien ce qu’elle chantait, bien que cela ne soit pas beaucoup plus son domaine d’expertise que ce qui s’était joué précédemment. Pourtant, avec son violon, Alexiel pouvait vous jouer des choses étonnamment modernes !

Il avait été inutile de tergiverser, impossible de lui ôter cette idée ridicule de la tête. Quand Aileen avait décidé quelque chose, qu’à cela ne tienne, a moins d’un miracle elle ne changeait d’avis. Mateusz aurait préféré que la chanteuse se tienne éloignée des festivités, qu’elle n’ait pas le fait saugrenu caprice de vouloir se produire sur la scène érigée à l’occasion dans la cour de la BGU mais c’était peine perdue que de vouloir lui faire entendre raison. Il était dangereux d’être affilié de près ou de loin aujourd’hui aux SEEDs et plus ils se tenaient loin de l’établissement, mieux ils se portaient. Pour son plus grand malheur l’argument avait été jugé piètre et la frivole diva n’en avait, comme à son habitude, fait qu’à sa tête. L’idée qu’on puisse lui prêter un quelconque sentiment de sympathie pour cette école au centre de l’attention depuis l’efficace discours de Cydaée ne lui plaisait guère, car on apprendrait bien d’une façon ou d’une autre qu’elle s’était produite dans l’école et elle serait sans nul doute interroger un jour ou l’autre sur ses motivations. Aussi adulée soit elle aujourd’hui, qui pouvait se targuer d’être encore célèbre demain ? La presse pouvait la défaire en un rien de temps et la considérer comme une ennemie du régime, comme si ils n’avaient pas assez de soucis comme ça.

Revenir à Balamb par ailleurs ne l’enchantait guère. Son rôle de garde du corps le tenait d’accoutumé éloigné de la BGU et il n’allait pas se mentir, cela l’arrangeait. Par ailleurs, et c’était bien là le drame, Aileen l’avait attiré bien malgré lui dans une espèce de parenthèse hors du temps ou les conflits militaires et politiques n’avaient plus leur place. Sa navrante insouciance vampirisait tout son temps et elle ses pensées. Il en était fou, rien plus, rien de moins, et ce qu’ils vivaient tous les deux semblait si surréaliste et léger qu’il peinait à réaliser que tout cela fut réel. Alors revenir irrémédiablement, c’était prendre conscience de la futilité délicieuse de leur idylle et faire rencontrer deux mondes contre sa volonté. À défaut de pouvoir l’exprimer clairement, il s’était, comme à son insupportable habitude, murer dans un désagréable silence.

Le voyage pourtant aurait pu valoir le coup avait-il songé en découvrant Aileen dans son exquise robe de scène. Il aurait été l’homme le plus heureux du monde s’il fut le seul cependant à en profiter ce soir. Glissant sa main sur la cuisse nue de la chanteuse alors qu’il se tenait près d’elle dans la voiture qui filait vers le Garden, il mesura la chance inconsidérée qu’il avait de partager la vie de cette femme là. C’était encore quelque chose de fragile qu’on définissait avec des mots hésitants, mais cela existait bel et bien aussi difficile fut de pouvoir le faire dire à la diva.

Entrer n’avait pas été une mine affaire, les templiers les avaient fait attendre une éternité et manquant cruellement de patience ce soir, il avait manqué de peu avant qu’il n’explose. Les pauvres hommes semblaient fort démunis à l’idée de poser leurs mains sur une femme si peu vêtue et ils firent le judicieux choix d’ignorer la procédure. À tous les coups elle s’était arrangé pour porter une arme, aussi remerciait il la pudeur de ces types car dieu sait ce qu’il se serait passé s’ils avaient découvert un objet contendant sur elle. Fort heureusement donc pour le monde on finit par les faire passer et à peine furent ils sortis de la voiture qu’elle s’accrochait à son bras. Il n’avait même pas le cœur de la prier de ne rien en faire, de un ce fut bien inutile et de deux, quelque part, cela lui plaisait de s’afficher avec elle.

Un silence accompagna leur entrée. Surréaliste. Ils tracèrent leur route vers la scène alors que la foule s’écartaient sur leur passage, Mateusz gardait la tête droite et ne chercha aucun visage ami, orgueilleux mais pressé d’aller au bout de la petite mise en scène de la chanteuse qui semblait ravi d’avoir produit l’effet escompté. Alors qu’ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de leur destination, elle se pencha à son oreille et alors qu’il tournait son visage vers le sien pour lui répondre, une gamine déboula devant eux et accapara l’attention de l’invitée. Il n’avait aucune fichtre idée de qui elle était mais elle sans surprise semblait tout connaître d’eux. Son sourire impeccable et son discours réchauffé l’agacèrent royalement et quand la dénommer Robin Prince assura qu’il suffisait de lui faire si Loveless avait besoin de quoi que ce soit, il ne retint pas un rictus méchant.

« Tu ne sais pas dans quoi tu t’engages là. Je te conseille de ne pas lui faire ce genre de propositions, elle pourrait penser que tu es sérieuse et tu le regretterais très vite. » Balança-t-il d’un ton plat avant de détourner un instant son attention, laissant le temps aux deux énergumènes d’échanger si elles en avaient envie. Quelques visages se détournèrent quand il intercepta leurs regards, il aurait juré avoir le regard noir de Zachary Leonhart dans la foule. Allons bon, jamais content celui-là.

« Bon ça suffit. » Décréta t’il sans se soucier de couper la parole de l’une ou de l’autre, entrainant Aileen vers les coulisses, ne voulant plus longtemps être exposé aux regards de ses pairs pour le moment.

Léandre poursuivait sa contemplation à distance de la soirée lorsque tous les regards se sont tournés vers une grande blonde élancée. Un sourire s’afficha sur ses lèvres. Il restait plus ou moins au courant de l’actualité musicale à Dole et il avait parfaitement reconnu la jeune et célèbre Loveless. Elle semblait d’ailleurs être entre de bonnes mains entre son colosse et la secrétaire de Kramer. Enfin, sa réflexion fut bientôt interrompue par une voix mélodieuse. Celle de Freya qui l’appelait en venant le rejoindre et qui finit très vite dans ses bras. Le jeune homme était vraiment ravi que leur relation n’est pas changée dans le négatif après qu’il ait dû lui dire la vérité sur ses origines. Elle semblait même évoluer vers quelque chose de positif. Il ne savait pas réellement quoi mais il sentait en Freya un changement en dépit de sa maladie. La jeune femme semblait moins encline à se retenir vis-à-vis de lui et ce n’était pas pour lui déplaire même si lui restait plus ou moins modéré de peur qu’un geste soit mal interprété. Enfin c’était quand même bon de la serrer dans ses bras et de sentir la bonne odeur qui émanait d’elle. La savoir malade suite à son entrée dans le SOLDAT l’avait fortement dérangé car au final même les Seeds ne savaient pas réellement ce qu’il se faisait sur ses membres du programme. Parfois Léandre regrettait de l’avoir laissé partir ou de ne pas l’avoir suivi puisqu’on le lui avait proposé également mais il semblait néanmoins soulagé qu’elle ait dû se réorienter. Le Seed ne savait pas comment allait évoluer la maladie de sa sœur mais tout ce qu’il voulait c’était gagner encore du temps pour en passer le plus avec elle.


Lui dit-il un rictus bien ancré sur ses lèvres. Freya avait toujours eu du caractère et ne se laissait déjà pas faire à l’époque. Léandre n’avait même pas eu besoin de prendre sa défense lorsqu’elle était plus jeune, elle se débrouillait très bien sans lui. Alors qu’il jouait avec les cheveux roses de sa sœur, il poursuivit :

Megara aurait sûrement pu argumenter avec Joris pour ce qui était de l’amitié, car pour elle le mot « pote » ne renvoyait pas à cette notion. Zael et Lucian étaient ses amis, elle n’avait pas fui seule de ce toit lors de la tentative avortée d’assassinat de Cyadée parce que Lucian était présent. Elle n’en ferait pas autant pour Joris, ils n’étaient pas amis, elle aurait été bien d’accord avec lui, mais il était bien plus sympathique à ses yeux que d’autres de leurs collègues alors elle appréciait quand il passait à la bibliothèque. Toutefois, il ne fut pas vraiment question de tout ceci vu que le jeune homme ne releva pas à haute voix et que Megara était bien trop concentrée sur le reste des événements et, principalement, la venue du mystérieux Daisuke. Elle avait l’impression d’être de trop, comme s’ils savaient tous quelque chose qu’elle ignorait. Et cela avait suffi à la distraire de ses cheveux, même si elle portait un certain intérêt dernièrement à son apparence. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas pu s’amuser : les occasions manquaient depuis que son rayon d’action s’était rétréci comme une peau de chagrin. Encore une fois c’était la faute de cette peste de sorcière.

« Je vois… mais ça ne m’explique pas pourquoi c’est sensé être drôle qu’il vienne... » Dit-elle seulement à l’intention de Joris, murmurant presque, ses yeux s’étant étréci en deux fentes comme un chat qui surveillait sa proie. Megara tâchait d’analyser la situation avec ses méthodes intellectuelles habituelles, histoire de comprendre la relation entre Callista, Freya et Daisuke, l’inconnu.

Celui-ci finit par faire son apparition et à voir sa main sur la taille de l’instructrice blonde, Megara finit par comprendre. « Aaaaaah. D’accord. Il y en a qui cache bien leur jeu. » Commenta-t-elle en recommençant à siroter sa boisson, satisfaite d’avoir enfin saisi les enjeux de la venue du SEED. Il se présenta d’ailleurs à elle, et elle lui répondit sans sourire : « Megara Tallulah Luath-Aibhne. Enchantée. » Mais sa voix était parfaitement neutre. Elle était rarement enchantée de faire de nouvelles rencontres, voire enchantée tout court vu qu’elle n’éprouvait jamais grand-chose si ce n’est un ennui profond face à l’absence de stimuli.

« Pas de problème Freya, amuse-toi bien. » Lança-t-elle à sa collègue avant de se tourner vers Joris. Parce que de toute évidence, maintenant que Daisuke était là et qu’il semblait évident qu’il allait flirter avec Callista toute la soirée, ils allaient vite être de trop. « Tu ne veux pas danser Joris ? Je n’ai pas tellement envie de tenir la chandelle. » Lâcha-t-elle sans aucun tact, elle remarqua que Callista frémit mais Megara ne s’en soucia pas. Elle trouvait que la plupart des êtres humains se compliquaient bien trop l’existence, il suffisait de se laisser aller et de faire ce qu’on voulait, point. Megara avait du mal avec ceux qui se tournaient autour sans arrêt sans passer à l’acte heureusement, elle ne connaît pas encore Paul. « En plus, ça va sûrement être plus marrant par là-bas maintenant que Loveless est là. » Parce que la moitié des SEED allaient virer en fan-girl/fan-boy et qu’elle allait pouvoir les admirer en train de se ridiculiser. Dire que pour c’était sauver des gens comme ça qu’elle avait passé deux semaines dans une prison à se faire torturer. Triste monde.

{Robe de Megara : http://i.dailymail.co.uk/i/pix/2015/05/10/20/2888469A00000578-3075878-Maisie_Williams_stunned_in_a_lilac_crochet_dress_and_white_sanda-m-70_1431286126372.jpg
La coiffure est celle du gif !}

Moi non plus je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle. Malgré ses airs distants, Daisuke était beaucoup plus social que moi. Il n'était donc pas étonnant de le voir aller au festival de la BGU. En plus c'était à cause de lui que j'étais là alors il avait plutôt intérêt à faire acte de présence. Quand on parlait du loup, l'épéiste venait enfin d'arriver. Il s'excusais auprès de l'instructrice qui lui servait de babysitter pour son retard. Et moi alors ? Ah les hommes, dès qu'il y avait une jolie donzelle devant eux, ils oubliaient tout le reste. J'avais l'impression de retourner à l'époque où mon frère sortait avec cette satanée Charlotte. Je savais bien que les filles pouvaient se montrer très susceptibles mais je pensais être important pour Daisuke vu comment il me poursuivait.
Megara n'avait pas caché sa compréhension, me faisait légèrement sourire. Il fallait être aveugle pour ne pas voir que mon ancienne professeur plaisait à Daisuke. Mais bon, peut être qu'à cause de son ex femme et de son gosse, il n'osait pas demander à la blonde de sortir avec lui. Il avait enfin fini par me saluer.

- J'espère bien, c'est toi qui m'a forcé à descendre

Rétorquais je froidement. Non mais. Tout ce petit monde se présentait ensuite et Freya nous quittait pour aller rejoindre un mec qui était planté dans un coin. Bon, une personne de moins déjà. Megara me proposait de danser, ne désirant pas tenir la chandelle. J'étais tellement habitué que ça me dérangeait pas d'être la troisième roue du carrosse. En plus je ne dansais pas. Je n'avais jamais saisi l'intérêt de bouger son corps dans tout les sens comme un idiot. Il suffisait de voir la bande où était Alexiel pour le voir. Et puis je n'allai pas tarder à perdre mes tympans avec les groupies à cause de l'arrivée d'Aileen. Un rictus avait déformé mes lèvres en la voyant au bras de Prescott. Même le pire des rats tombait entre les pattes de cette fille. Elle avait finalement eu ce qu'elle voulait et je n'arrivais même pas à avoir pitié de mon collègue, vu comment il m'avait parlé lors de notre dernière mission. Après réflexion de quelques secondes je finissais par répondre à la proposition de Megara.

- Ok...mais je te préviens je n'ai jamais dansé de ma vie, à part le jour du bal de promotion des Seeds...

De toute façon, la danse ne durerait pas longtemps. Aileen ne faisait que de composer des chansons tristes et larmoyantes ces derniers temps. Elle chantait bien, je ne disais pas le contraire mais je n'appréciais pas son travail. Ce n'était pas ma tasse de thé. Malheureusement, comme c'était une "star", je n'avais pas eu d'autres choix que de supporter ça à la télévision en attendant Paul chez lui. J'attrapais donc l'handicapée des émotions par le poignet pour aller rejoindre la piste de danse, mais tout en restant tout de même éloigné des autres fous. J'aimais la musique, j'étais même doué au piano. Je fermais les yeux, faisant abstraction de ce qui m'entourait pour me concentrer uniquement sur le groupe qui jouait actuellement. J'avais vu pleins de films et de séries où gens allaient s'amuser en boîte, à picoler comme des poivrots. Je n'avais malheureusement pas un seul gramme d'alcool dans le sang. Mon corps finissais par se laisser aller au rythme de la musique.

Sithmaith ne prit pas mal la remarque de son amant, elle haussa négligemment les épaules : elle savait très bien qui elle était et ce qu’elle faisait. « Il doit bien exister un juste milieu entre ce que j’étais et ce qu’ils sont eux, non ? En plus, ils se pourrissent complètement la vie avec ça… et c’est bien là que cela vire complètement au ridicule. » Elle ne prônait pas un style de vie débridée, mais si Eirena et Aiden se lâchaient un peu, ils auraient peut-être l’air un peu moins surmenés par moment. Elle pensait aussi que s’ils se parlaient franchement ça éviterait de rester dans des doutes etc. mais elle était plus hésitante sur le fait de mentionner cette vérité car Sun et elle n’avaient pas particulièrement brillé dans ce domaine : avant d’être ensemble, ils avaient laissé plané bien des non-dits qui les avaient bouffé. Enfin. Elle en tout cas. Sun, c’était moins clair, il semblait avoir décidé de manière plutôt brusque de devenir son petit ami, il n’était peut-être pas passé par les mêmes turpitudes qu’elle. Ou peut-être que si. Comme ils n’étaient pas très bons pour parler sentiments, elle n’en savait rien.

En revanche, elle se souvenait parfaitement avoir éclairci le sujet qui concernait son coéquipier Lucian. Cela ne paraissait pas avoir totalement rassuré Sun, peut-être parce que Lucian était plus proche d’elle en âge et, avouons-le, très canon ? L’ego masculin était très fragile, son avant-bras se souvenait encore avec douleur de celui de Riley.

« Tu sais bien comment ça marche à la BGU, les rumeurs sont souvent aussi fausses qu’infondées. » Dit-elle à l’intention de Sun qui ne semblait pas convaincu par la surprise de candide de Lucian. C’était mal connaître ce dernier, c’était un véritable agneau : pas du tout son genre de mec donc.

« C’est Loveless les gars… vous êtes quand même sacrément à la ramasse. » Dit-elle aux trois hommes quand Zach les rejoignit. Elle rajouta ensuite quelques explications. « Elle est très connue ! C’est une chanteuse. Et elle sort avec Mat’ apparemment. Ce que je trouve assez dommage, je pensais qu’elle avait de meilleurs goûts que ça. » Elle savait que son petit ami était ami avec son autre coéquipier, Mat’, mais ce n’était pas de sa faute à elle s’il l’insupportait ! Elle faisait des efforts pour que leur relation reste au niveau du « à peu près aimable » : il ne fallait pas lui en demander plus à ce sujet.

Quant à la musique, elle frétillait d’impatience de voir Loveless sur place, et elle aurait même été volontiers la voir si elle n’avait pas eu aussi peu envie de la compagnie de son chéri et de quitter, même momentanément, le sien. Puis, Loveless ne l’aurait peut-être même pas reconnue vu qu’elle était déguisée en fillette à peine pubère… dépassant le mètre soixante-dix, certes, mais tout de même, on était loin du look de leur rencontre. Et en plus il y avait Robin déjà là-bas, ça commencerait à faire trop de monde autour de la chanteuse, autant rester avec Sun, Lucian et Zach… ne serait-ce que pour aider à leur culture générale.

{Robe de Sithmaith : http://www.doctorwhotv.co.uk/wp-content/uploads/karen_gillan_BBC_photoshoot-3.jpg
La coiffure est celle du gif !}