Makes no sense at all | Mateusz

Ce soir, plus que jamais, la lumière des projecteurs et l’émotion que me communiquait le public me donnait une énergie incroyable. Quand le tout nouveau parc d’attractions de Trabia m’avait contactée pour assurer leur concert d’ouverture, je n’avais pas hésité une seule seconde. C’était pour ce genre de moment magique de communion que j’avais transformé ma vie en véritable spectacle. Ou tout du moins, une image de ma vie, une illusion créée pour satisfaire un public curieux. Je me satisfaisais de pouvoir apporter un peu de légèreté à ce monde bien trop grave. Quelques instants d’oubli alors qu’au dehors rien n’était plus pareil. C’était également le but de ce parc. Ou tout du moins, la ligne de communication qu’il affichait depuis que tout s’était enchaîné entre Cydaée et le SEED.

J’étais là, dans une de mes sempiternelles tenues courtes et brillantes à enflammer du mieux que je le pouvais un public déjà conquis. Mais pour cette dernière chanson, il était temps de ralentir un peu.


J’avais surpris mes musiciens quelques jours plus tôt avec une partition pleine de gribouilli et des paroles écrites puis raturées. C’était la première fois qu’une chanson me venait avec une telle force, une telle urgence. Les premier vers datait pour tant d’il y a plusieurs mois… Mais c’était comme si le reste avait voulu sortir d’un seul coup. Un technicien m'avait apporté une guitare et je laissais filer quelques accords avant de chanter comme jamais encore je n’avais chanté. Cette chanson était très intimiste par rapport à ce que j'avais pu faire jusque là.


La mélodie montait en puissance pour l’envolée finale mêlant subtilement douleur et espoir. Je prenais une grande inspiration, essayant de canalyser au mieux mon émotion pour ne pas me laisser submerger. J’étais toujours beaucoup plus honnête et vulnérable sur scène. J’offrais tout au public si bien qu’il n’était pas rare que je sorte d’un concert dans un état émotionnel qui pouvait effrayer. Aujourd’hui serait sans doute un de ses jours.


C’était sensé être la dernière mais comme le voulait la tradition, mes fans eurent droit à l’un de mes premiers tubes en guise de rappel. Ce petit rituel terminé, il ne me restait plus qu’à retourner vers ma loge sous le regard insistant du remplaçant actuel de Mateusz. Ce dernier avait du de nouveau se rendre Hyne sait ou pour quelques jours. J’en avais donc profité pour tester l’effet de ma nouvelle chanson sur le public. La chanter avec mon garde du corps à portée d’oreille aurait été perturbant. Pour lui comme pour moi. En tout cas, j’avais pu voir les larmes perler dans les yeux de certains de mes fans du premier rang et beaucoup avaient repris en cœur le dernier couplet. C’était donc une belle réussite.

Alors que je poussais d’un geste vif la porte de ma loge afin d’enfin pouvoir me reposer, quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir Mateusz, sur un des fauteuils l’air déterminé comme s’il était prêt à mordre. Allons bon, qu’est ce que j’avais bien pu faire cette fois ? J’avais pourtant été étonnamment docile dernièrement.