Vivre avec les conséquences [PV]

Meg’ dormait mal depuis ses séances de torture dans le désert. Elle n’était pas à proprement parler traumatisée car, pour cela, il aurait fallu qu’elle ait une sensibilité plus importante que celle dont elle disposait avec son handicap, mais son corps se souvenait de la douleur et le lui rappelait via son subconscient. Peut-être même via Orbital lui-même puisqu’il y vivait.

Cette nuit-là, elle se réveilla en sursaut. La sueur avait rendu ses draps moites et lui avait arraché une grimace. Elle s’était alors rendu sous la douche, ce qui lui avait permis de se sentir un peu mieux, plus réveillée, mais peu apte à se rendormir. Un coup d’oeil vers son téléphone lui apprit qu’il était de très bonne heure et qu’elle n’avait rien de prévu avant midi. Elle attrapa un paquet de gâteau qu’elle grignota en regardant des vidéos d’un air distrait, puis, elle s’habilla et se rendit au centre d’entraînement. Après une telle nuit, elle avait besoin de se défouler.

Elle fut seule un bon moment, ça dura peut-être une heure, une heure et demi. Quand elle fit une pause dans ses acrobaties, il était déjà presque 10h du matin, des Cadets ne tarderaient pas à arriver, elle devrait alors partir. C’est au moment où elle pensa à ça qu’une silhouette familière se profila non loin. Elle l’aborda sans gêne : Megara ne s’embarrassait pas de ce genre de chose.

« Salut Zach ! Tu viens pour t’entraîner ? » Elle était assise par terre, presque impossible à remarquer dans le décor avant qu’elle ne parle. L’arrivée de son compagnon d’infortune tombait relativement bien dans la mesure où elle était en train de se demander s’il serait bien utile de poursuivre comme elle le faisait, elle essayait de s’occuper pour oublier les douleurs qu’une partie d’elle continuait à ressasser. Le pire étant qu’elle avait été la moins touchée d’eux trois. Son lien avec Orbital avait été un peu abîmé, c’est certain, mais ça ne lui avait pas fait aussi mal qu’à Zach, ou pire encore, à Lucian. Elle avait globalement moins souffert. Peut-être aussi parce qu’elle était plus détachée du monde, de ses réalités, son esprit, tout en analyse logique et en déduction consécutive se tenait toujours à distance. Mais elle n’en avait pas moins un corps, et elle avait eu mal, pendant le combat, après le combat, pendant la torture, pendant les expériences, pendant leur fuite et ensuite pendant sa convalescence. Cela faisait beaucoup, et ce n’était pas encore assez vieux pour être totalement effacé…

Zack filait vraiment d’un mauvais coton ces derniers temps. Cela faisait quelque mois maintenant qu’il était rentré avec ses compagnons de leur emprisonnement à la Prison du Désert et lui aussi dormait très mal. Les atrocités qu’ils avaient subies le hantait souvent. Bien sûr depuis, les blessures extérieures avaient cicatrisées même s’il lui arrivait que la douleur de certaines zones dont le nerf avait été touché se rappelle à lui comme le syndrome du « membre fantôme » mais ce n’était pas que cela qui l’empêchait de dormir. Il se rappelait beaucoup plus souvent de la souffrance qu’avait ressenti Bahamut à l’intérieur de lui durant ses nombreuses expériences. Ce tourment moral était de loin le plus atroce pour lui. Et cette haine qui émanait de sa G-Force ne cessait de croître en lui-même malgré lui, couplé à la culpabilité qu’il ressentait depuis ces jours sombres. Il avait été mandaté pour être le leader de cette mission et elle avait été un fiasco total. Il n’avait pas su mener son équipe et celle-ci s’était faite prendre par l’ennemi pour devenir que des cobayes entre les mains de scientifiques animés par un désir malsain de les décortiquer eux et leur gardien. Sa seule consolation était qu’ils avaient finalement réussi à s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard et que Megara, la plus jeune du trio semblait s’en être un peu mieux sorti que Lucian et lui mais Lucian… Lucian était revenu encore plus changé que lui. Zack savait au fond de lui que c’était lui qui avait le plus morflé et le simple fait de savoir cela rendait sa culpabilité plus profonde. Il est son meilleur ami, une des personnes à qui il tient le plus. Il s’était promis de le protéger de lui-même et des menaces extérieures pendant leurs diverses missions et ces jours-là il avait failli à son serment. Tout cela le rendait fou et il passait beaucoup de temps à la salle d’entrainements pour évacuer ces mauvaises vibrations.

Aujourd’hui était un jour de plus où sa nuit avait été agitée par ses mauvais souvenirs. Il était également sorti très tôt de sa piaule et avait décidé pour changer d’aller courir dans la cour pour évacuer les mauvaises ondes mais rien à faire. Zack avait ce besoin insatiable de se défouler et de taper contre du monstre. Il serait bien sorti pour rejoindre les ruines de Centra tâter de la créature mais il n’était pas autorisé à sortir de Balamb depuis les derniers évènements politiques. Le SOLDAT devrait se contenter de la salle d’entrainement. Il était alors remonté dans son antre et avait pris sa douche. Une fois rhabillé, il jeta un coup d’œil à son poignet dans le but de savoir l’heure et il leva les yeux au ciel. C’est vrai qu’il n’avait plus sa fameuse montre connectée depuis qu’il l’avait détruite avant de se faire capturer. Il fallait vraiment qu’il pense à s’en racheter une ou tout du moins pour le moment à investir dans une horloge. Tant pis, il sorti et se rendit à la salle d’entrainement. Avant d’y entrer, il posa ses yeux sur une pendule trônant dans le couloir. Il était presque 10h et des cadets allaient bientôt pointer le bout de leur nez. Bon, il avait encore un peu de temps devant lui et ce serait amplement suffisant. D’un pas déterminé il pénétra à l’intérieur et traversa une bonne partie de l’espace avant d’être interrompue par une voix familière :


Megara. Il ne pensait pas la croiser ce matin mais elle réussit à lui décrocher un sourire alors qu’il s’arrêtait à son niveau. C’était assez rare ces derniers temps. Le voir avec une mine rembrunit ou distrait était plus fréquent. Zachary ne l’avait pas remarqué tellement il était focus sur son objectif mais on pouvait aussi bien dire qu’elle ne faisait limite qu’un avec le décor. Un vrai caméléon cette gonzesse.


La jeune fille avait beau avoir récupéré mieux que lui, elle devait tout aussi bien avoir des choses à évacuer. Ainsi, ils avaient pu avoir la même idée en venant ici. Elle était la seule qui pourrait vraiment comprendre ce besoin venant de lui.

Le visage de Megara était parfaitement inexpressif, ce qui n’avait rien de bien surprenant. Quand elle n’affichait pas une neutralité inconfortable pour son entourage, elle se donnait des airs d’enfant malicieux. Mais ce matin, elle n’était pas d’humeur à faussement se réjouir de vivre sa petite vie tranquille de SOLDAT bien entraîné. Elle n’était pas assez forte, pas assez rapide : tant qu’elle n’aurait pas atteint le niveau des larbins de Cyadée, elle ne serait pas satisfaite. Parfois, elle regrettait de ne pas avoir de force brute, pour simplement taper dans le sol avec tout ce qu’elle avait et regarder ce qui se passait.

Elle ne fut pas surprise d’apprendre que ce besoin qu’elle ressentait, Zach l’éprouvait aussi, sous forme de désir de se défouler. « En quelque sorte. » Répondit-elle, ses yeux rencontrant le même bleu étrange dans les prunelles de son collègue. Mais on sentait à son allure générale et à son manque d’émotion sur le visage que ce n’était pas vraiment Zach qu’elle regardait. Elle replongeait dans le souvenir de leur mission ainsi que dans celui de leur échec. De toute façon, elle ne regardait jamais personne dans les yeux à moins d’avoir quelque chose à y chercher, et elle n’avait rien à apprendre de Zach : elle savait mieux que quiconque à la BGU ce qu’ils avait vécu là-bas dans le désert. Et encore, elle était celle qui avait le mieux vécu les tortures et les expériences. Avoir de la distance avoir soi-même n’avait pas que des désavantages, surtout dans leur métier.

« Je fais des cauchemars. » Finit-elle par dire en s’approchant de Zach. « Je revois la mission : le moment où je me suis trompé, celui où j’ai échoué à vaincre nos adversaires, celui où j’ai cru que vous ne reviendriez jamais à vous Lucian et toi. Cette mission me hante. » On aurait pu croire qu’elle faisait cet aveux avec l’accent du désespoir, sauf qu’elle ne pouvait pas être dans cet état. Les cauchemars ou la léthargie étaient les deux seuls effets que pouvait causer chez elle la détresse. Parce qu’elle était hermétique aux émotions fortes.

Ce qu’elle essayait de dire par des détours c’était simplement qu’elle voulait devenir plus forte. Parce que cet échec avait failli leur coûter la vie à tous et que ce n’était pas acceptable. Elle ne remettait pas en cause l’état moral de ses compagnons qui n’avaient pas du être plus heureux qu’elle de tout ça. Mais Megara avait un rapport particulier aux événements en général : d’ordinaire, c’était elle qui manipulait les autres comme des pantins, pas l’inverse. Cela ressemblait à de la vexation, en vérité elle était surtout passablement mortifiée. Elle n’avait pas été digne de son père et elle avait la sensation désagréable que cette mission ratée n’était que le début de bien des ennuis.

« Tu te souviens du combat sur le toit ? » Demanda-t-elle brusquement, recréant en un instant la scène dans son esprit. « Il y a quelque chose qui cloche. Pas juste le fait qu’on soit tombé dans un piège. C’est autre chose qui me chiffonne. » De quoi avoir mal à a tête : toutefois Meg’ adorait faire tourner ses méninges !

Comme à son habitude Megara ne semblait pas exprimer de quelconques émotions. Depuis le temps, Zack avait abandonné de se poser la question du pourquoi du comment. A tous les coups, cela devait être un héritage des expérimentations du SOLDAT à l’instar de Lucian qui n’avait peur de rien ou de lui-même qui avaient des absences ou des pertes de mémoire. Enfin, mine de rien, la jeune fille avait engagé la conversation avec lui mais semblait plutôt absente. Zack agita doucement la main devant ses yeux pour jauger sa réaction. Celle-ci fini par se lever et venir à sa rencontre :


Elle aussi alors faisait des cauchemars… Ce n’était pas étonnant en fait. Comment bien faire ses nuits après ce qu’ils avaient tout trois enduré. Malgré la neutralité des propos de Megara, Zack les interprétait comme étant de la culpabilité couplée à un désir de rattraper leur faute, ce qui alimenta encore plus la sienne.  Des trois, il était celui qui avait le plus failli car il n’avait même pas pu contenir son Gardien. Bahamut avait profité de sa faiblesse pour braver la dernière barrière et était sorti faire plus de dégâts qu’il n’aurait dû. Par cette erreur, il avait confirmé les hypothèses de la scientifique en chef du projet et leur avait ouvert la porte pour alimenter leurs expériences sur eux. Alors que lui aussi revivait ces scènes, Megara poursuivit brusquement :


Zack sorti de ses pensées en acquiesçant tout en lui jetant un regard interrogateur. Il se prit le menton entre les doigts et fit mine de réfléchir quelques instants.


Le poing de Zachary se serrait rien qu’à l’idée de penser à cette satanée scientifique du nom de Gaïa qui était à la tête de ce projet d’expérience sur leurs G-Force. Il n’avait pas pour habitude de frapper une femme mais à cet instant, le SOLDAT lui aurait bien fait bouffer son stylo et son calpin de note. Ou alors la laisser entre les mains de Megara tiens avec ses fameuses aiguilles…

Tu as de sacrées mauvaises pensées mais je n’irai pas te contredire. J’espère qu’on va vite s’occuper de son cas avant qu’elle ne recommence.

Un sourire narquois s’afficha sur ses lèvres alors que Bahamut intervenait pour une des rares fois ces derniers temps. Et c'était pour être d'accord avec lui. Megara ne comprendrait sûrement pas cette réaction alors Zack reprit son sérieux et fit référence à ce qui gênait tellement la jeune fille au point de reparler du combat contre les sbires de Cydaée sur le toit :

Megara fit la moue. Elle n’était pas obligée d’avoir des expressions faciales, ce n’était pas un réflexe chez elle, toutefois, comme c’était elle qui avait entamé la conversation, elle tâchait de lui donner un vernis de normalité. Zach ne la connaissait que très peu, il n’était pas habitué à sa manière de fonctionner. Dans cette moue, elle mit à la fois une forme d’approbation aux paroles de son collègue mais aussi un peu de dégoût pour ce qu’ils avaient vécu. Se faire battre à plat de couture par des civils avant d’être envoyé à la torture n’était pas l’idée qu’on se faisait de vacances ou d’une mission réussie. Ils avaient merdé quelque part et en avaient payé le prix.

Elle ferma les yeux quelques instants, cherchant Orbital dans son esprit. Elle le trouva, en retrait. Son lien avec lui était presque comme avant, mais elle n’était pas très proche de son gardien. Si ça avait été le cas, peut-être qu’elle aurait fini dans le même état que Lucian. C’était sa maladie qui avait toujours tenu à distance Orbital. N’ayant pas accès à ses propres émotions, Orbital en était aussi maintenu à distance. Et cela avait toujours paru lui convenir. Il n’était pas un grand bavard.

Elle prit une profonde inspiration avant de rouvrir ses yeux trop bleus et de les poser sur Zach. « Je pense qu’il y a de ça, évidemment. Ils voulaient que nous sortions nos G-Force pour que nous passions pour des monstres de foire. Mais je ne suis pas sûre que les sbires de Cyadée connaissent si bien que ça notre organisation. C’est une chose de savoir que nous avons des pouvoirs secrets, c’en est une autre de savoir qui nous sommes... » Elle laissa le son de sa voix planer dans la serre vide d’occupants en dehors d’eux deux. Elle s’avança d’un pas et mit la main sur son menton, son visage redevenu un masque dépourvu d’émotion.

« Est-ce que tu te rappelles des paroles que nous avons échangé avec nos adversaires ? Quand je les ai provoqué ? Il y avait du mépris pour nous, et j’ai vu passer des choses entre eux. Ils ne sont pas contre nous seulement parce que nous sommes des opposants de Cyadée. Ils pensent vraiment que nous sommes les méchants. Ou des marionnettes contrôlés par des antagonistes en tout cas. Or ça ne colle pas. Nous n’avons pas le droit de tuer des civils, notre règlement est très strict, y compris pour l’utilisation de nos gardiens… et puis cette fille avec son fouet, elle ne voulait pas me donner à l’autre folle. Elle a voulu me protéger d’elle même si c’était peut-être un geste inconscient... » Pendant qu’elle parlait, elle repassait le film des événements, elle les analysait, comme le ferait un ordinateur. Elle prenait les données et cherchait à leur donner un sens. Mais ce n’était pas la première fois qu’elle agissait de la sorte et elle en arrivait toujours à la même conclusion.

« Il faut que je devienne plus forte et que je retrouve cette femme. C’est la seule solution si je veux comprendre comment Cydaée fait pour recruter autant de monde contre nous. » Cela pouvait paraître bizarre d’en arriver à cette conclusion, mais Megara éprouvait une sorte d’obsession pour cet échange qu’elle avait eu avec le Lys de l’armée de Cydaée. Elle était certaine qu’il y avait un malentendu, ou en tout cas qu’elle n’était pas cruelle, elle. Elle ne savait pas trop si Zach serait d’accord avec elle, car il fallait être un peu timbrée pour vouloir revoir quelqu’un qui leur avait mis une telle raclée. Mais il n’avait pas senti les bras de cette femme se resserrer sur elle pour la protéger, il n’avait pas entendu ce qui s’était dit. Meg’ serra les poings : si seulement il existait une solution pour devenir plus forte rapidement.

Zack eut l'air d'approuver ce que disait son équipière. En y réfléchissant bien, elle n'avait pas tellement tort. Les rumeurs et la mal-information pouvaient aller très vite. Et Cydaée avait bien dû leur charger la mule pour faire croire à tout ce beau monde qu'ils étaient les personnes les plus mauvaises dans cette histoire. Rien que cette manière fourbe d’agir montrait le type de personne qu’elle était : une grande manipulatrice. Ses deux plus fidèles combattants en faisaient malheureusement les frais. Le jeune homme avait certainement oublié la réaction de celle qu’on appelait le Lys Rouge et la grosse brute qui avait à ce moment-là un peu trop parlé mais Megara venait de lui rafraîchir la mémoire. En effet, ces deux-là semblaient convaincus au plus profond d’eux-mêmes que le trio représentait une menace avec le groupe du SEED dont ils étaient membre. Leur regard parlait pour eux. Un regard rempli d’animosité envers eux sans qu’ils ne sachent pourquoi ils étaient autant haïs.


Zack arqua un sourcil en entendant les derniers propos de Megara. C’est vrai qu’il avait perdu connaissance avant elle donc il n’avait pas été témoin de ce dont elle venait de lui révéler. C’était un fait qu’il trouvait très étonnant car il n’aurait jamais imaginé que la brunette au fouet puisse avoir des scrupules. S’il ne connaissait pas un minimum la jeune fille, il aurait pu penser qu’elle fabulait un peu mais Megara n’étant pas très émotive, elle n’était pas du genre à parler à la légère de ce qu’il avait pu voir. Si elle avait remarqué ce mouvement de recul de la part du Lys Rouge, alors c’était forcément arrivé. Mais pourquoi dans ce cas ? Y aurait-il des failles dans la propagande de cette chère Cydaée ?


C’était vraiment rageant pour Zack de ne pas pouvoir bouger où bon lui semblait. Rien que le fait de devoir éviter Galbadia, lui donnait l'impression de n'avoir que très peu de possibilités par rapport à avant et de limite tourner en rond. Si ça continuait, il allait limite devenir fou. Mais c’était bien sûr psychologique car la région de Balamb n’était pas non plus si petite que ça et Zack était libre d'aller sur les autres continents. Enfin, il ne fallait pas qu’il se plaigne car c’était également le cas pour Megara et Lucian et ils avaient réussi à revenir ‘entier’ de leur dernier périple. Pour le moment, il fallait prendre son mal en patience et améliorer ses techniques de combat et pourquoi pas en magie aussi. Quant au fait que Megara retrouve la fille au fouet, cela ne lui plaisait pas trop car il trouvait cela trop risqué mais elle semblait avoir déjà établit un lien avec elle et ce lien serait peut-être leur seul moyen d'avancer dans cette affaire. Qu'y-a-t-il de mieux pour créer un retournement de situation inattendu que d'agrandir la faille dans le coeur d'un des plus grands combattants à la botte de la Sorcière ?

Megara haussa les épaules, toujours dans l’optique de donner un semblant de normalité à sa manière de parler. Mais tout était factice, sauf ses mots… « Nous ne serons pas assignés à vie, même si on ne nous laissera pas retourner là-bas. Dans l’immédiat, ça n’a pas d’importance, je ne suis pas encore assez forte. » Elle serra son poing et regarda ses phalanges blanchirent sans pour autant qu’une émotion ne la traverse. C’était un peu embêtant pour une spécialiste de l’infiltration d’avoir sa couverture de brisée, toutefois, elle était aussi très douée pour se déguiser donc ça ne l’inquiétait pas beaucoup. L’air débraillé et fatigué qu’elle affichait pendant le combat n’était pas celui qu’elle avait quand elle se faisait passer pour quelqu’un d’autre. Il était même assez fréquent qu’elle se fasse passer pour un jeune garçon, ce qui excluait qu’on puisse faire le rapprochement avec sa véritable identité. En général, ça passait. Elle avait une morphologie assez androgyne pour que compromis sa poitrine suffise. Un physique comme le sien était nécessaire quand on se battait comme elle le faisait.

« Hum… Je suis sûre de moi, mais il est trop tôt. Et elle ne m’écouterait pas, pas sans preuve tangible de ce que j’avance. Elle croira à des mensonges. Elle a hésité mais elle m’a quand même donné en pâture à la scientifique pour ses expériences bizarres. Il faut avant tout que j’arrive à être assez forte pour qu’elle m’écoute et qu’il y ait matière à ce qu’elle le fasse. Le sorcière a forcément un défaut dans sa communication, quelque chose qu’on puisse retourner contre elle… aucun mensonge ne peut être parfait. » Elle se mordit l’ongle du pouce, en pleine réflexion. En parler avec quelqu’un lui permettait de faire le tri à défaut de trouver des solutions. « Pour l’instant, il y a plus urgent, mais à terme, je pense qu’il faudra que je parle à nos supérieurs de mes spéculations. Il est probable qu’ils en savent plus que nous sur nos ennemis. » Elle n’en voulait pas spécialement à leurs patrons de les avoir envoyé dans un guêpier. Certes, ils avaient échoué et avaient été torturé, mais quelle fête cela aurait été s’ils avaient réussi à assassiner la sorcière ! Elle supposait que cela avait valu la peine d’essayer… même s’ils avaient souffert et que cela perturbait encore son sommeil.

Et puisqu’elle parlait de ça… « Au fait, tu arrives à re-communiquer normalement avec ton gardien ? Moi c’est difficile à dire, il n’a jamais été du genre bavard... » Sauf quand c’était pour la critiquer, mais pour le faire, encore fallait-il que cela s’y prête. Elle n’avait pas la sensation que dernièrement ça ait été le cas, surtout qu’Orbital devait supporter, lui aussi, les cauchemars de sa gardienne… dernièrement, vivre dans son subconscient, ça ne devait pas être folichon.

Zack connaissait les capacités de la jeune fille et il avait suffisamment confiance en elle pour pouvoir la laisser gérer son investigation seule. Elle n’avait pas vraiment besoin de lui, il le savait mais il souhaitais se rendre disponible au cas où un coup de main de sa part serait nécessaire. C'est alors que Megara changea de sujet.


Elle semblait avoir des difficultés à communiquer avec son Gardien malgré qu’il ne soit de base pas très bavard. Le SOLDAT avait lui aussi eu des désagréments de son côté. Bahamut avec qui il avait eu du mal à tisser un lien positif au départ avait beaucoup été impacté par ce qu’il s’était passé. Il s’était d'abord enfermé dans un mutisme totale les premiers jours. Peu à peu, Zack avait repris des forces et s’était remis de ses blessures physiques mais Bahamut avait eu du mal à sortir de sa léthargie. Leur lien qui avait été si difficile à tisser était de nouveau devenu fragile. Il lui avait fallu de la patience car Zack ne voulait pas le brusquer mais aussi fragile soit le lien, ce dernier restait là et le Dragon n'avait pu s’empêcher d'avoir compassion pour son hôte et se remettait parfois à faire des commentaires.