Un entraînement ça fait du bien ! [PV Callista]

Callista n’avait pas vraiment pu profiter du festival, en partie parce qu’elle s’était faite belle pour Daisuke qui l’avait à peine remarquée, et en partie, comme tout le reste de la BGU, parce qu’elle avait eu à réfléchir aux paroles de Kramer. Nina n’en étant pas à un secret près, Callista lui en avait parlé – du moins des informations les moins sensibles -. Après tout, sa sœur jumelle était une manipulatrice de para-magie qui ne pratiquait plus depuis sa démission simplement parce qu’elle avait donné sa parole (et aussi un peu pour ne blesser personne par mégarde). Comme toujours, Nina avait cherché les points positifs pendant que Callista avait l’impression d’avoir été utilisée et que sa sœur avait perdu la vue pour une cause qui n’avait jamais été la leur. Pourtant, elle savait qu’il était trop tard pour les doutes et les regrets : la guerre approchait, il fallait resserrer les rangs et préparer les jeunes au pire.

L’instructrice n’avait pas revu Daisuke, ni même Daiki, depuis la période du festival, quelques jours auparavant. Elle ne savait pas ce qu’elle allait lui dire après le fiasco de ce qui aurait plus ou moins du être un rendez-vous galant. Elle se sentait un peu bête parce qu’elle se disait qu’elle s’était laissé aller à l’excitation de Nina et même de Freya, alors que Daisuke ne devait la voir que comme une amie. Et puis, elle n’avait plus vingt ans, il était temps qu’elle pense à rester concentrée sur des sujets sérieux même si c’était déjà son pain quotidien. Se traitant d’imbécile à chaque fois qu’elle pensait à son ami, elle évitait donc de le faire, se disant qu’elle aviserait au moment où elle le croiserait.

Elle ne pensait pas que ça se passerait dans les serres, alors qu’elle était là pour s’entraîner. Son pistolet dans une main, elle comptait se faire une petite séance perso’ pour garder la main en cette période où même les instructeurs pouvaient être appelés au combat. En fait, si Freya n’était pas devenue elle-même enseignante dernièrement, peut-être que Callista serait retournée dans le service actif, car maintenant que Nina vivait à Balamb, le marché qu’elle avait passé avec son père n’avait plus lieu d’être. Plus rien ne l’obligeait à rester instructrice. Sauf la présence de Freya et les élèves qu’elle avait commencé à former et qu’elle ne voulait pas abandonner par conscience professionnel et par crainte de les laisser seuls dans le grand bain. Elle se souvenait encore de l’examen et de comment ils avaient frôlé le drame avec Lena.

Elle n’interrompit pas tout de suite Daisuke, parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle allait lui dire. Et elle ne voulait pas faire demi-tour non plus car s’il le remarquait, il risquait de mal l’interpréter alors qu’elle-même ne savait même pas pourquoi cette idée lui avait paru aussi séduisante pendant quelques minutes. « Daisuke. » Finit-elle par dire simplement en gardant son arme à la main, la tapotant sur sa cuisse. La sécurité était mise, elle ne risquait pas de tirer malencontreusement par simple nervosité.

« Je ne savais pas que tu t’entraînais aujourd’hui. Qui garde Daiki ? »  Puisque de toute évidence, ce n’était pas elle. Elle fronça les sourcils à cette idée, est-ce qu’il y avait un malaise entre eux autre que le sien ? Cette idée n’augurait rien de bon. Nerveusement, elle repoussa de sa main libre une mèche de cheveux blonds échappée de sa queue de cheval. Elle était intégralement habillée de noir, pantalon en tissu souple et tee-shirt échancré à manche longue. Calli’ n’était jamais très coquette, et vu comme ça lui avait réussi au festival, elle n’était pas prête de réitérer les efforts vestimentaires !

"Oh... Je vois." En fait, elle ne voyait pas si bien que ça, mais que vouliez-vous qu'elle réponde à ça ? Daiki était avec ses grands-parents, ce qui était sûrement bien plus normal que d'être gardé par une amie/collègue de son père, aussi bien qu'ils puissent s'entendre tous. Elle posa sa main sur celle de Daisuke, qui lui caressait légèrement la joue avec son pouce. Il essayait sûrement de la rassurer, ce qui était très gentil à lui, mais elle continuait de se sentir un peu bête... Sans pour autant réussir à mettre de mots sur son sentiment de malaise. Tout ceci lui était bien trop étranger, trop lointain, elle n'aimait pas perdre pieds dans la réalité. Mais, bien entendu, prendre ses jambes à son cou n'était pas une option raisonnable, elle était instructrice à la BGU ! Une battante ! Elle devait pouvoir maîtriser son angoisse face à son ami, non ? Même s'ils en venaient à parler de cette fameuse soirée où il y avait eu le festival. Elle était encore déçue, mais elle était adulte, elle devait pouvoir ravaler sa fierté blessée.

"Je comprends, ne t'inquiète pas. De toute façon j'avais l'air ridicule, mes soeurs m'avaient prise pour leur poupée, j'étais beaucoup trop bien habillée pour l'occasion." Son sourire était timide, elle ne savait pas vraiment quelle réaction adopter face aux excuses de Daisuke. Il semblait sincère... et il ne l'évitait pas, ce qui était une bonne nouvelle, non ? Tant de questions se bousculaient dans son esprit. Elle avait toujours cru que les rapports humains étaient simples, après tout, pendant trente ans, elle s'était parfaitement contenté d'avoir ses soeurs, surtout Nina puisqu'elles avaient longemps été seules toutes les deux... Mais, maintenant, elle avait aussi des amis proches. Daisuke. Elle avait surtout Daisuke. C'était nul... et elle n'avait aucune échappatoire. "Tu veux qu'on s'entraîne ensemble ?" proposa-t-elle pour couper court à cette ambiance.