May the stars swallow our fears [Lucian x Nova]

Quitter la cour n’avait pas été chose facile. Pourtant en voyant une Nova bouleversée quitter la Cour, l’envie de la retrouver avait été plus forte que tout. C’était un trait commun aux Morgenstern. Pour le peu que je pouvais m’en souvenir et aux vues des propos tenus par les anciens camarades des Loups de la Forêt, l’ancien groupe de résistant dirigé par mes parents, nous étions des Protecteurs. Prêts à tous les sacrifices pour défendre et protéger ceux qui nous étaient chers. Voilà pourquoi le discours du directement ne m’avait pas autant atteint que les autres. Je considérais déjà Cydaée comme une menace à éliminer, indépendamment de mes missions au sein du SEED. En vérité, savoir que la mission secrète du SEED coïncidait avec mes propres aspirations avait quelque chose de plutôt rassurant. Et puis il y avait le fait que courir au-devant d’une mort probable en l’affrontant ne me faisait absolument pas peur. J’aurais sans doute du. Après tous, nous n’avions même pas affronté directement la Sorcière mais deux membres de son escorte. Et ils nous avaient écrasé. Certes, elle leur avait jeté quelques sortilèges mais si l’on en croyait les légendes, ce n’était qu’une infime partie de ce qu’elle pouvait faire. Pourtant, je restais confiant. Notre Directeur n’était pas idiot. S’il nous avait tout révélé ce soir, c’était qu’il y avait une raison. En plus de nous donner l’envie de plus nous entrainer, il devait également préparer quelque chose. Quel aurait été l’intérêt de tout cracher si notre mission était vouée à l’échec après tout ?
 
Une fois à l’extérieur de la Cour, Nova n’était plus nulle part en vue. Je me décidais à partir en direction de l’infirmerie. Après tout, la chirurgienne y passait bien une grande partie de sa vie non ? J’eu tout juste le temps de voir un coin de châle disparaitre au bout du couloir en direction de l’ascenseur. Pas encore assez rapide, j’eu juste le temps de voir un grand un rouge clignoter. J’appelais l’ascenseur, réfléchissant à l’endroit où elle avait bien pu aller. Les salles de cours comme la salle de bal étaient fermées à cette heure de la nuit. De même que les bureaux des comités. Cela ne laissait donc que le Balcon. Je connaissais bien cet endroit car il servait de base secrète à Selena après chacun de ses coups de déprime. Etonnant que les deux femmes aient ce point commun. En plus d’arriver à supporter la présence de Mateusz Prescott.
 
Je ne savais toujours pas vraiment pourquoi j’avais ressenti le besoin de la suivre jusqu’ici. Ou plutôt, une part de moi ne voulait sans doute pas se l’avouer. Elle était la seule qui m’exaspérait au point de me faire sortir de mes gonds. Nos échanges étaient toujours électriques et souvent, bien malgré moi, je prenais plaisir à la titiller. Mais, pas ce soir. Comme elle venait de le dire elle-même, ce n’était pas le moment.
 
« Je ne suis pas venu pour ça. »
 

Mes yeux accrochèrent les siens quelques secondes de trop et je remarquais son air las, ce sourire qu’elle tentait tant bien que mal de plaquer sur son visage mais qui sonnait faux. Non, elle n’allait pas bien et je ne savais pas comment réagir face à cela. Je me sentais lourdaud et inutile. Aussi, je détournais le regard avant de m’accouder également à la rambarde, près d’elle et de laisser mon regard errer sur le paysage alentour. Je n’avais jamais été très bavard mais mes récentes mésaventures avaient encore plus accentué ce trait. J’évitais plus que jamais la compagnie de mes pairs, ce qui rendait ma présence ici encore plus inexplicable. J’étais hanté mais je m’étais mes propres problèmes de côté, plus concentré sur ceux de mon habituellement insupportable chirurgienne.

Nova. Cette femme était pour moi un mystère. Je ne savais jamais sur quel pied danser avec elle. Pire encore, mes propres réactions à son contact étaient illogiques. Alors que j’aurais du la fuir, voilà que je me retrouvais à ses côtés. Je n’aimais pas lui voir un air aussi malheureux. C’était quelque chose contre lequel j’étais impuissant. Donnez-moi une gunblade et un ennemi à combattre et je n’hésiterai pas une seule seconde. Mais face à une femme en détresse, je me retrouvais totalement démuni. Je ne pouvais que rester là, les bras ballant à espérer une illumination soudaine. Pourtant, il ne me viendrait même pas à l’esprit de battre en retraite. J’étais là où je devais être.

La voix de Nova fini par résonner dans la nuit. Hésitante mais ferme, le parfait miroir de la demoiselle.

« Je n’en sais rien. Elle craint nos Gardiens. Mais ce qu’elle a réussi à nous faire… Je pense que c’est à cause de ça que le Directeur a décidé de prendre position. Pour ne pas attendre qu’elle soit en mesure de nous vaincre. »

Ou peut être aurait-il procédé ainsi dans tous les cas. Kramer semblait toujours observer les choses de plus loin, planifiant avec trois coups d’avance. C’était un stratège. Il était connu pour cela. Souvent, ses intentions comme ses manipulations ne se révélaient qu’au dernier moment.

« Et je compte bien l’en empêcher. »

Ou mourir en essayant. Comme si Nova avait compris la portée de mes paroles, elle me demanda d’être prudent. C’était son grand truc, la prudence. Une notion que j’avais bien du mal à appréhender. Pourtant, sous la pression de son regard, j’aurais aimé le savoir. Elle était aussi forte que fragile et se mélange détonnant me perturbait plus que je ne voulais bien l’avouer. Tandis qu’elle se rapprochait de moi, je pouvais sentir une nouvelle tension dans l’air. Quelque chose d’étrange qui se rapprochait un peu de ce que je ressentais avant un combat mais qui n’avait aucunement sa place dans cet échange. Alors que Nova se mordait la lèvre en affirmant ne pouvoir supporter de perdre une personne de plus, sans vraiment savoir pourquoi, je franchissais la limite en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Une façon comme une autre d’amorcer un contact alors que je sentais que peut être, elle en aurait besoin. Par Hyne, moi, j’en avais besoin. Ne serait-ce que pour essayer d’effacer l’air triste qu’elle affichait en ce moment.

« J’ai déjà déjoué le sort plus d’une fois. Je ne compte pas m’arrêter là. »

Avec mes vingt-six ans, j’étais l’un des senior du SOLDAT. La plupart d’entre nous ne dépassaient pas le quart de siècle. Ce n’était pourtant pas faute de me mettre en danger. Il fallait croire que la mort ne voulait pas de moi.

En général, j’étais plutôt quelqu’un de froid. Je parlais peu, montrais peu mes émotions. Avec Nova c’était comme si mes émotions habituellement en sommeil s’éveillaient tout à coup. L’exaspération, la colère, l’amusement, j’avais connu tout cela lors de nos précédents entretiens. Mais ce soir, c’était différent. Ce n’était plus deux volontés qui s’affrontaient, nous étions deux âmes perdues qui tentions maladroitement de s’apporter du réconfort. J’avais beau être d’un abord parfois glacial, je ne supportais pas de voir quelqu’un en souffrance.

Surtout pas elle. Difficile de dire si cette petite voix venait de moi ou d’Ultima. Elle s’était fait tellement discrète ces derniers temps que j’en venais à douter de sa présence. Comme pour ajouter à mon trouble, les mains de Nova de se retrouvèrent sur mon visage. Ces mains qui avaient sauvé tant de vies depuis que je l’avais rencontré au beau milieu de la tourmente de Dollet. Si j’avais su à l’époque que la jeune fille ensanglantée qui avait tenu à nous accompagner se révélerait un tel atout pour le SEED… Malgré la guerre et la douleur de la mort, elle restait étonnamment pure. Parfois, il m’arrivait de craindre que le SEED n’altère cette pureté. Encore à présent, alors qu’elle était bouleversé quelques minutes auparavant, elle s’inquiétait de moi. Incorrigible Nova.

Je me contentais donc de hocher la tête. Incapable de lui faire une telle promesse à voix haute. Ce n’était pas que je ne voulais pas la tenir. C’était surtout que je n’étais pas sur d’en être capable. S’il le fallait, j’étais prêt à donner ma vie pour protéger mes camarades SEED et le monde en général. Ses mains glissèrent le long de mes épaules. Caresse étrange. C’était rare que je laisse les gens me toucher ainsi. Et pourtant, je ne ressentais pas le besoin de la repousser. Son contact était étrangement… agréable. Alors qu’elle se prétendait inutile, je posais à mon tour mes mains sur ses épaules.

« Tu ne sais peut-être pas combattre, mais tu es devenue indispensable au SEED. C’est grâce à toi que la spécialité médicale a été créée. Ce n’est pas rien. Qui sait, cela pourrait peut-être tous nous sauver. »

Et je le pensais vraiment. En cas de guerre, ce serait la capacité à sauver les blessés qui pourrait décider de la victoire. Pour peu qu’on en arrive là, Nova et ses jeunes élèves pourraient bien être un atout décisif. Il fallait qu’elle en prenne conscience. Elle avait toute sa place ici. Elle s’était imposée lentement mais surement que ce soit au sein du SEED mais aussi dans ma vie. Et si j’en avais été capable, ce constat m’aurait sans doute effrayé.