Give me one last hug ( Paul ♥)

Je plante une dernière racine et je pourrais partir. Je suis content, j’ai bien travaillé. Ça compense le fait que j’ai été distrait il y a quelques jours. Par des personnes. J’avais fait de mon mieux. Je suis retrouvé un peu. Je me levais, une main dans le bas de mon dos. À rester penché, je finirai sans doute par le perdre. Comme mon prédécesseur. Pourtant rien au monde ne m’arrêtera. Je veux que ce parc embellisse la vie des seed qui passent par ici. Vu que Viviane lui avait signalé ce genre de fait. Je progressais jusqu’à la camionnette, le jour était déjà pas parti. Partir à l’extrême limite, c’était bien moi. Un jour ça me perdra.
Après un court voyage, je garais ma camionnette précieusement dans le garage prévu à cet effet. Difficile de savoir que je suis paysagiste en dehors de mon travail. Je ressemblais à un homme ordinaire avec une salopette verte pleine de terre. Je passais un moment à me changer. Bon, j’avais besoin d’un bon bain, mais ça attendrait la maison. Je grimpais les escaliers quatre à quatre. J’avais envie de rentrer. Car je voulais mon thé bien chaud. J’ouvrais la porte, avec étrangement trop de facilité. Bizarre. D’habitude, je ne sens plus aucun sentiment quand je rentre. Alors que là, je pouvais sentir quelque chose. Quoi précisément, difficile à décrire. Je fronçais mes sourcils. C’était peut-être la voisine. Ça arrive au moins une fois par mois. Alors son mari et elle font un potin de tous les diables. L’occasion de mettre des bouchons d’oreilles. Je les prenais machinalement alors que je me dirige vers ma chambre. C’est là que je pourrais prendre des habits propres. Car les vêtements que je portais actuellement étaient loin de l’être. C’est là que je l’ai vu. J’ai sursauté. Car je m’attendais pas du tout à cette visite. J’ai froncé les sourcils.

« Que fais-tu là ? »

Mon ton était interrogatif, pas teinté de peur. Mais la surprise devait se voir son visage.

« J’avais pourtant fermé ma porte… Bonsoir… »

Je me suis installé sur la table de nuit. Par politesse, je me suis mis à sa hauteur. Je n’y étais pas obligé, mais quand même. Je le regardais d’un air curieux. J’avais donné mon numéro, oui. Mais je n’ai pas donné mon adresse. Sinon, je le saurai. Vraiment trop bizarre. Ce monde était spécial. Un peu comme moi.

Je l'écoutais, il s'était permis d'entrer. Pour s’excuser. Je hochais la tête. J'avais été un peu vexé. Ça méritait un peu de compassion. Quand bien même il était triste à ce moment. Je posais une main sur le bois verni de la table de nuit. Son contact me rassure toujours. Je me plaît souvent à le caresser dans le sens de ses veines. Il sortait un petit sac, à l'intérieur un cadre. J'avais que peu de photos, les seules que je possédais étaient dans un album. C'était avec ça que je montrais mes travaux à mes futurs clients. Je n'étais pas un expert niveau photographique. Mais je me débrouillais assez pour faire ce genre de chose. À l'intérieur, pas de photo. Mais une plante séchée. Une partie de moi a eu le cœur serré en voyant ce végétal mort enfermé entre deux plaques. Je prenais le cadre du bout des doigts. C’était une plante rare, elle se voyait peu dans ces environs. Je me suis mis à caresser le verre. Chuchotant doucement à la plante morte.

« Dommage, je ne t'ai pas sauvé de ta déchéance... »

J'ignorais où mettre ça. Je le posais par défaut sur un meuble. Ça faisait tâche, mais j'avais pas la foi de tout changer dans la déco pour trouver la place idéale en ce moment. Mes muscles souffrent. Je me masse un peu avant d'entendre les mots un peu bizarre du squatteur. Je penche la tête.

« C'est ce que j'avais prévu en effet. Je n'aime pas sentir trop longtemps cette saleté quand je suis chez moi. Je reviens vite. Le thé est dans l'armoire au-dessus de l'évier, n'hésite pas à te servir. En attendant occupe-toi un peu. »

je n'avais pas grand chose à part mes plantes, une télévision avec une vielle console de jeu. Il n'aimait pas les nouvelles, car il préférait grandement les jeux en deux dimensions. Le 3d ne l'as jamais attiré. Dans ce genre de divertissement. J'ai enlever mes vêtements, douché rapidement pour enlever la terre sous mes ongles avant d'enfiler un ensemble gris. Je me regardais. Bon ça passerai. Je ne suis pas le plus beau des hommes. Mais ça ira. Je sors de la pièce et me dirige vers le salon. Mon pas est léger. J'ai tellement l'habitude d'être invisible aux yeux deux gens que même chez moi, je me déplaçais comme un chat. Discrètement.

« Me revoilà. Merci pour cette plante. Même si la voir morte me peine un peu. Le geste me touche. Je vous ai un peu pardonné. Bien que je comprends pas votre attention. J'ai cru comprendre que je vous gênais... »

Je jouais avec mes cheveux nerveusement. Signe manifeste de mon mal être.

Je souriais, m’installant sur le canapé. C'était rare que je reçoive en fait. C'est fascinant de voir à quel point une personne pouvait aller pour s'excuser. Je me reposais enfin un peu. Toute la journée à travailler, c'était quelque chose de très épuisant. Pourtant, je pouvais tenir mon attention à ce que disait cet homme. Il racontait l'histoire de son cadeau. Je prenais un cousin et l'installait sur mes genoux, le serrant, ça me servant de substitut souvent. Il avait ramassé ses fleurs après une tempête. Il avait gardé ces plantes afin qu'elle garde une certaine beauté. C'était louable, dans un sens. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour son acte. Puis son cadeau était une partie de son histoire. Je le chérirai. Je lui souriais. Sentant une odeur caractéristique du thé qui infusait. Alors qu'il expliquait, très gêné que mes câlins étaient agréables. Je me levais, bien que j'étais fatigué, ce n'était pas un petit câlin qui allait me tuer. Je ne résiste pas à l'envie de serrer une personne entre mes bras. Il m'avait fait du thé.

« Merci, ça l'air délicieux, comme l'aime. Mais permettez-moi que je vous serre un peu. Si ça vous gêne de trop, signalez-le. Je m'enlèverai, bien que je sens que mes jambes crient de retourner sur le canapé. Merci d'être venu, pour le cadeau, je la garderai précieusement. Je suis un homme solide, ici, il fait chaud, je viens du même contient que toi. Donc je suis paré pour un hiver de plus. »

Je finissais par m'écarter naturellement de lui, prenant la tasse de thé et allant m'installant dans les coussins des fauteuils. La chaleur de la boisson se répandait dans mon corps. Je me sentais bien, rien qu'en buvant du thé. Je n'avais pas besoin de grand chose pour heureux, des plantes, mais aussi, un bon thé. Joris aurait beau rougir, se sentir un peu gêné. J'étais habitué. Mes mains sur la tasse, mes yeux allant se perdre dans les volutes de la fumée. J'étais fasciné par cette danse.

« Viens, installes-toi. Je voudrai que tu restes un peu. Je ne peux pas te cuisiner quelque chose pour le moment... J'avoue qu'une présence humaine vient à manquer à ma vie. T'éviter tout u n temps a été un sacré sport. »

Voilà que je recommençais à dire n'importe quoi. C'était plus fort que moi. C'était à mon tour de rougir. Et être un peu gêné. Je me concentrai alors sur ma boisson chaude. Qui me faisait un bien fou.

Je n'étais pas seul, c'était un cadeau inespéré. Il me demandait depuis combien de temps il était ici, à Balamb. J'avais pour habitude de pas compter ce genre de choses. Malgré que l'argent tombait chaque jour de travail. Je souriais doucement, trop heureux pour être triste ou penser qu'il partirait. Il venait me dire que je trouverai facilement une personne pour me contenter dans mon affection. Et son compliment me faisait encore plus rougir. Pourquoi à ses yeux j'étais beau. Je ne le suis pas tant que ça... Je serai ma tasse, me retenant de dire que je n'était si beau qu'il le disait. Et j'avais eu raison. Il me proposait de rester ici. Je me suis levé, complètement heureux et venait lui prendre les mains. Avant de me raviser, me rappelant son côté peu prompt aux contacts.

« Pardon, vous pouvez vraiment rester ? Je serai content que tu restes... »

Je me réinstallais sur le canapé. Sentant ma fatigue revenir à la charge. Pourtant, il fallait que je mange quelque chose. Mais quoi ? Il venait ensuite à me dire qu'il n'aurait pas du me manquer tant que ça. Et pourtant. Pour une raison que j'ignore. Il était entré dans ma vie d'une façon que je ne pouvais pas me débarrasser de cet étrange sentiment. Cette envie de le libérer de son poids. Je ne pouvais éteindre ce désir.

« Et pourtant, j'ai serré des personnes tristes, si ça peut vous rassurer. Ce n'était pas pareil que de t'étreindre. Chaque personne est différente et les sentiments que je peux sentir le sont aussi. J'ai résisté à plusieurs reprise à venir vous aider en vous serrant. Mais je devais disparaître de ta vue... »

J'oscillais entre le tu et le vous. Je ne savais pas sur quel pied danser avec lui. Devais-je le considérer comme une personne qui ferait partie de ma vie d'une façon ou d'une autre. Ou comme tant d'autres, comme un simple inconnu. Je sentais mon cœur se serrer rien que d'y penser. Je secouais la tête. Je ne devais pas être négatif. Il était d’accord pour rester. Cette présence humaine serait plus qu'agréable. Un peu plus, je pourrai l’embrasser, sans arrières pensées. Pas sûr qu'il apprécie, donc on va laisser ça dans un coin.

« Je vais tenter de me faire quelque chose à manger... »

Pour confirmer mes dires, mon estomac s'est mis à faire un potin de tous les diables.

« Vous voulez quelque chose ? »

Je riais un peu quand il signalait qu'il était majeur, donc qu'il pouvait découcher s'il le souhaitait. C'était le cas donc ce soir. Je m’affairai à mon repas. Avoir une personne tout près, c'est aussi se préparer à faire plus. Naturellement, j'avais sorti plus d'ingrédients. Sachant pas s'il allait mangé ou non. Au pire, je pourrai prendre le reste pour repas demain en l'arrangeant un peu afin que me lasse pas trop. Ce n'était pas la première fois que je le faisais. Il s'en voulait pour m'avoir dit ces choses. J'avais été blessé, certes, mais je pouvais tourner la page. Je n'allais pas relancer le sujet, ça ne servait à rien. Il me disait qu'il n'avait pas faim et qu'il voulait garder sa taille fine. Celle que les gens de son métier devait garder à tout prix. Je coupais mes légumes, ces pauvres plantes, mais je devais bien manger. Je les regardais puis les mettait dans la poêle. Je les faisais revenir alors que le riz cuisait, et que la viande venait s'ajouter au légumes. Je faisais un repas simple, encore une fois. Alors que j'étais bien avancé, il décrétait que le tutoiement serait mieux pour nous deux. Vu qu'on était pas deux inconnus. Il avait raison. Je riais avant de mettre mon repas un place. Je m'installait peu après. Soulagé d'avoir du repos.

« Va pour le tutoiement alors. Je vais manger, donc je ne vais pas être extrêmement bavard. Tu peux visiter l’appartement si tu souhaite, la chambre d'amis est tout à toi... »

Je n'avais pas le temps d'ajouter quelque chose, mon estomac avait à nouveau grondé comme un dragon. Je rougissais avant de manger. Le laissant faire ce qu'il souhaitait. J'avais vraiment faim, car mes coups de baguettes étaient rapide ; Mais c'était si bon, pourquoi se priver. J'avais bien besoin de ça, en récompense de mon travail. Même si on pourrait juger que je mange trop. J'avais une alimentation assez correcte, et le sport que mon métier imposait me faisait garder la ligne. Je devais juste faire attention quand l'hiver me mettait en congé. Je souriais. Finissant à mon aise le repas.

« Mes câlins, il faudra t'y faire. Pardon, ça fait partie de moi. Je ne peux m'en empêcher. »

Et c'était vrai, sauf que mes proches se comptait sur les doigts d'une main. Donc j’enlaçais plus d'inconnus proportionnellement parlant. Je me sentais fatigué d'un coup. Mon repas, ma journée, l'arrivée de Joris...

« Par contre, je ne vais pas traîner pour me coucher... »

J'étais surpris, il avait dit qu'il trouvait dommage qu'on dorme pas ensemble alors que je mangeais, je crois que sur le coup, j'ai eu du mal à avaler mon repas. Alors que mes joues se sont à nouveau paré de rouge vif. Il avait besoin d'être comme ça. Je baissais la tête, respirant à fond. C'est là que je me rendait compte qu'il s'était installé sur mes genoux. Un drôle de garçon, cet homme. Mais je n'étais pas clairement mieux. Avec mon amour trop prononcer pour les câlins. Je le regardais avec un vague sourire. Il venait de me dire que je pouvais faire autant de câlins que je le voulais, sans pour autant abuser. Si en échange, il pouvait rester chez moi. Je clignais des yeux. Je me frottais les yeux, me pinçais le bras. Mais je n'était pas dans un rêve, mais bien dans la réalité. Il me montrait l'environnement, et déclarait bien s'y sentir. C'était rempli de plantes. Il fallait les aimer pour être autant à l'aise parmi cette forêt artificielle. Après de se cacher dans ses mains. Je ne savais que faire dans ce genre de situation.

« Je... Tu peux dormir avec moi, mais je risque de prendre pas mal de place. Ça fait un bon moment que je n'ai pas dormi avec quelqu'un... Pour ce qui est de chez moi, je me vois mal t'en empêcher de venir. Tu sera le bienvenu, mais ne force pas trop la serrure, j'ai un double de la clé sous le pot du géranium. Je suis autant bizarre que tu l'es, serrer un inconnu, tenter de l'aider sans y parvenir et fuir les gens aux sentiments étranges. Je crois qu'à nous deux, on bat les record d'étrangetés. Je suis fatigué, si tu peux bouger ta tête de mes genoux, je vais me lever. Je n'ai aucune envie de te faire mal en le faisant... »

J’étouffais un bâillement, secouant ma tête. J'avais envie d'un bon lit. Le mien serait très bien. Bien que j'avais pris l'habitude d'être seul dedans. La présence d'une personne ne pouvait pas être si désagréable. Il y avait-il du mal à dormir avec une autre personne en fin compte. J'étais trop au bout du rouleau pour réfléchir à ces choses. Je serai peut-être plus opérationnel, demain matin. Sachant que j'ai pour habitude de me lever avec le soleil. Je suivais le rythme du jour et de la nuit comme une plante diurne.

Au moins j'étais sûr qu'il n’abîmerait pas trop ma porte. Quand bien même il avait fait attention en rentrant. Sûrement pour me surprendre. Pour une surprise, ça en était une. Je le regardais brièvement, ne comprenant pas pourquoi il acceptait mes câlins. Il semblait gêné par ces derniers. Je ne comprends pas cet homme. Je vais pas me plaindre. J'ai une personne consentante à mes marques d'affections. Pourquoi je devrai m'en priver ? Alors qu'il s'en allait. Me laissant libre de mes mouvement. Je me suis levé lentement avant de marcher le plus vite que je pouvais avec mon épuisement pour aller dans ma chambre. Quand j'entrais dans la pièce, je n'étais même pas surpris qu'il se soit déjà installé dans le lit deux places. Il semblait bien installé, le bougre. J'ai baillé, allant le rejoindre sans trop me poser des questions. Peut-être viendront-elles alors que je buverai mon thé demain matin. Alors que je m'installais correctement, un peu gêné par cette présence. Qui m'étais agréable, à n'en pas douter. Juste que je n'y étais pas habitué. Il me demandait sciemment un grand câlin. Je riais un peu.

« Ce n'était même pas la peine de me demander ça. Je sais que je t'aurai serré à un moment ou l'autre durant mon sommeil. Mais si tu veux commencer tout de suite, pas de souci. »

C'est donc avec un certain plaisir que je me suis approché et que je l'ai serré doucement de les bras, alors que ma tête allait se loger quelque part. Un endroit chaud et confortable. Je fermais les yeux, profitant de cette chaleur qui m'avait tellement manqué. Remarquant qu'il était pas mal déshabillé. J'ai rougis un peu, avant de me blottir et de commencer à m'endormir. Je ne sais pas quand j'ai commencé dormir, mais ce que je sais, c'est que je me suis senti bien, j'ai sûrement encore serré cet homme, d'habitude, je câlinais les oreillers. Pour ça que j'en avais pas mal dans mon lit. Mais là, il servait à autre chose qu'un substitut de personne. La dernière personne en dehors de Joris avec qui j'avais dormi n'était plus de ce monde. Je l'ai sûrement collé à cette pensée. Dormir avec quelqu'un, c'était surtout pour moi, une façon de diminuer mes contacts physiques durant la journée. Il n'y avait aucun sentiment bizarre, je pouvais me sentir à l'aise. Bien que j'étais en pyjama, je pouvais sentir sa chaleur. Et j'ai rêvé d'un paysage couvert de neige, la nature dormant sous un horizon immaculé. C'était beau.

J'ai laissé le rêve m'emporter. Je l'ai suivi un moment avant de sentir des sentiments, ce n'était pas les miens. J'ai regardé autour de moi pour voir si j'étais seul ou non. Je ne l'étais pas. Je pouvais voir ma sœur, elle me souriait avant de frotter mes cheveux comme elle le faisait souvent quand j'étais petit puis me pousser en disant des mots que je n'ai pas compris. La peur venait me happer. Je me tournais pour la voir, mais j'ai fait face à un arbre dénudé de ses feuilles couvert d'une fine pellicule de neige. La peur était étouffante, alors j'ai avancé vers elle, me réveillant par la même occasion. Fatigué, mais surtout écraser par cette peur, je l'ai vu. Cet homme que j'avais invité à me rejoindre dans le lit. Il était recouvert de larme. Avec douceur, j'ai essuyé ses larmes. Il était encore pris par la peur. Alors comme je l'aurai fait pour une plante. J'ai commencé à chanter doucement. Tout en gardant un contact avec lui. La chanson était douce. C'était celle qu'on m'avait chanté un millier de fois avant de m'endormir. Le brusquer n'apporterait rien de bon. Je devais faire de mon mieux pour soigner cette immense peur, celle qui faisait mal. Celle qui donnait envie de frapper un mur. Il était en état de choc. Des paroles douces de cette chanson pourrait l'aider. Sauf qu'il n'avait pas une voix douce comme une femme. C'était un homme. Son timbre bien que tendre ne pouvait pas imiter ceux des demoiselles. Comme il avait oublié la fin de la chanson, il la fredonnait. Parler était peut-être mieux maintenant. Je n'en savais rien, j'étais dans le même état il y a longtemps. Il y avait rien qui parvenait à me consoler. Pas même les bons souvenirs. Je respirais à fond.

« Joris... »

J'avais à peine soufflé son prénom. Je ne serai jamais la personne qu'il a perdu. J'étais moi. Ce qui était déjà bien. Si toutes ses nuits étaient comme ça, il lui faudrait effectivement qu'il vienne plus souvent ici. J'avais les plantes pour l'aider à dormir un peu près correctement. Ça ne serait pas un bon plan sur la longueur. Il ne fallait pas créer une addiction. Je ne savais que lui dire de plus. Alors que ma main était venue le caresser doucement, pas comme un animal, mais comme un humain qui en avait besoin.

J'avais une réponse, elle était troublée par cette peur, celle que j'avais pu sentir me tirer de mon sommeil. Ce sentiment était si fort que je pouvais le sentir m'influencer un peu, mais je n'allais pas succomber à ce sentiment négatif. Car je devais l'aider de la manière que je connaissais. En lui donnant de l'affection à n'en plus pouvoir s'arrêter. Je l'ai serré contre moi, laissant son cœur près de son oreille. J'étais vivant. Je n'allais pas disparaître. Il pleurait, je ne pouvais donc rien faire pour effacer cette peine. Il parlait, toujours cette blessure qui parlait rendant cet homme mal. Comme si on lui enfonçait un milliers de lame dans son corps. Plus la personne était proche, plus les sentiments étaient distinct. Il parlait d'une perte. Il n'avait pas fait son deuil. Il était à la phase quatre alors que lui-même était à la cinquième et dernière.

« Joris... tu ne l'as pas totalement perdu, il vit en toi... Je sais que ce que je dis peut paraître dur et incompréhensible. On ne peut pas enlever ces moments qui n'appartiennent qu'à vous. Je suis là, pleure autant que tu le désires. Je ne t'abandonnerai pas. »

Il avait besoin d'un appui, j'ai du parler longtemps avec un psy pour guérir ma propre blessure. Mais je ne revoyait plus leur mort. Depuis un bon moment. Je faisais ma vie sans eux. On avait tous les deux perdu des personnes qui nous étaient chère. Il ignorait qui était cette personne. Même si c'était un homme ou une femme. Je l'ai serré, chantonnant à nouveau la berceuse tendre que chantait ma mère. Un chant traditionel du continent d'où je venais. Il devait sûrement être connu par ce garçon. Il hurlait, je savais que les voisins l'avait entendu. Je m'expliquerai avec ces derniers, même si ce jeune couple ne pouvait reprocher ce bruit soudain. Vu les choses qu'il faisaient certains soirs. Sans oublier leur sentiments qui venait polluer ma tête. Un deuil ne se fait jamais tout seul. Il avait fait une partie du chemin sans aucune aide. La quatrième phase était toujours la plus moche car la durée pouvait varier. Comme le reste, mais la plus dure pour la personne. Encore plus violent quand on avait vu la mort de nos yeux. Je déposais un bref baiser dans ses cheveux. Une audace que je pourrai regretter. Mais je voulais soigner cette plaie.

Je le rassurais du mieux que je pouvais, il fallait qu'il prenne ces mots pour argent content. Je ne pouvais pas dire autre chose que ces paroles. Elles étaient là pour l'aider. Le guider un peu dans son deuil. La personne qu'il avait perdue avait son importance et la diminuer était tout sauf indiqué. Il ne me restait plus qu'à attendre que mes gestes d'affection parvienne à calmer la vague de tristesse qui submergeait sûrement Joris. Celle que je pouvais sentir, un peu comme la mienne. Il fallait du temps pour soigner ce genre de blessure. Ma présence serait peut-être bénéfique. Il me demandait de pas le laisser. Je ne l'aurais jamais autorisé à revenir, même à lui indiquer ou était sa planque pour le double des clés, si je n'aurai pas un peu d'affection pour ce garçon. Tant de peine. Ce n'était pas évident à vivre. Il était même incapable de parler plus. Ce qui m'arrachait un sourire compatissant. Alors qu'il allait se cacher dans mon cou, son souffle me chatouillait un peu. Mais je pouvais pas rire. J'ai posé une main dans ses cheveux et commencé à passer ma main dedans alors qu'il commençait à s'endormir, pour finalement rendormir. Quelle nuit.

J'allais devoir dormir avec ce garçon sur moi. J'allais sûrement être pas mal raide demain matin. Mais qu'importe. Il avait eu besoin de cette aide que dormir sur moi pouvait apporter. Ma respiration était lente. J'avais encore besoin d'un peu de sommeil avant de laisser le soleil me tirer lentement de mes songes. Je pouvais voir quelques étoiles dehors. Il restait encore un moment de sommeil. Je baillais. Comptant les fleurs. Je n'allait pas compter les moutons. Cela mange par moment mes amies végétales. Doucement, je sens le sommeil m'emporter à son tour.

Cette fois le rêve est bien loin de la neige, il est dans le parc que je travaille avec ardeur. Il est beau, le vent frais est là, pourtant je pouvais voir clairement le soleil dans les cieux. C'était aussi l'automne dans mes songes. Sûrement. Je me suis installé sur un banc. J'ai serré Joris, serrant cette silhouette étrange avec un petit sourire. Gardant ce contact entre moi et lui. Qui me faisait tant plaisir. Peut-être qu'un nuit, voir plus pourrait m'aider comme le faire pour lui. Je vais sûrement le regretter au réveil, mais qu'importe. Je resterai avec lui autant que possible. Je n'étais pas vraiment un ami, ni un étranger. Je devais ressembler à un confident. En quelque sorte.

J'avais dormi trop longtemps. Je pouvais le sentir dans chacune de mes cellules. J'avais un peu mal partout. Alors ouvrant doucement mes yeux, découvrant que j'étais seul, j'ai commencé à m'étirer. Le bruit que je pouvais entendre était sûrement du à la position que j'avais adoptée pour cette nuit. Mes bras semblait avoir serré moins mou que mes éternels coussins. Et pour cause. J'avais câliné Joris de tout mon saoul. Je me sentais un peu satisfait de sentir encore sa chaleur. J'ai souri stupidement. Avant de me gratter la tête. J'allais être en retard pour les semis ce matin. Pas grave. Je travaillerai plus. Alors sans me soucier des détails. Je suis allé dans la cuisine. Quelle n'était pas ma surprise en voyant. Un repas, simple certes, mais je n'avais pas à faire à manger. Il m'avait entendu, malgré ma discrétion naturelle. Drôle de garçon...

« Un peu mal partout, sinon, j'ai super bien dormi. Merci pour le déjeuner, ça me fait rudement plaisir... »

Pour le remercier, j'ai posé un bref baiser sur sa joue avant de m'installer derrière l’assiette. Un grand sourire aux lèvres. Ne pensant pas plus que ça à mon geste. Il était normal de le faire. Pour moi. Peut-être que j'étais encore un peu coincé dans cette enfance. Celle que j'avais du quitter de force. Avec amertume. Maintenant la peine loin, j'y retournais. Comme un boomerang. J'ai balancé même mes pieds. C'était à ce point.

« As-tu mangé ? Hors de question que je mange si tu ne l'as pas fait. »

Voilà que je me transformais en papa poule. J'étais grave. Il n'était pas mon fils, loin de là. On était quoi au juste au final ? J'en savais rien. Plus je fouillais, plus c'était flou comme une vision remplie de larmes, sûrement les siennes. Celles que je tentait d'effacer de son joli visage. Je comprenais un peu qu'il soit mannequin, il était beau alors que moi... J'étais honteux, alors finissant mon repas, j'ai filé me changer rapidement. Cacher ce qui pouvait être visible. Ça devait ressembler à une fuite, s'en était pas loin. J'étais rouge, je pouvais le sentir sur mon visage. Je me suis habillé, comme je le faisais d'habitude, des vêtement larges, mais pas trop assez pour me déplacer tel un chat dans les plantes avant de prendre la traditionnelle salopette verte des jardiniers. J'étais prêt à partir s'il le fallait.

« Merci encore de m'avoir laisser te serrer dans mes bras... »

Je pouvais percevoir le doute dans ses sentiments. Ils se posaient sûrement des questions bien plus compliqués que j'aurai pu le deviner simplement en le regardant s'accrocher avec fermeté sur la chaise. C'était sûrement dû à autre chose, il disait avoir mangé. Je ne pouvais que le croire sur parole. Je suis empathe, pas télépathe. Je souriais, il avait beaucoup pleuré. Son cœur souffrant d'un mal que j'avais tout le mal du monde à l'en défaire. Pourtant, j'essaye. Je lui souriais. Il devait savoir que moi, ça me faisait plaisir de le serrer. Qu'importe si le mannequin pouvait le prendre autrement. Je ne suis pas doué pour les double-lectures.

« Quand bien même, moi, ça m'as fait plaisir. Je me sens plus en paix avec moi-même, c'est trop bizarre. Alors merci.... »

Je n'arrivais pas à savoir pourquoi j'étais comme ça. Je ne comprenais pas ces choses que d'autres pouvaient saisir rien qu'avec un regard.

« Je vais devoir travailler, mais j'ai le week-end de libre. M'enfin, je te dis ça parce que tu pourrai être là. Enfin, si tu le souhaite. Je ne vais pas te forcer. À bientôt Joris... »

Je m'approchais et le serrait brièvement dans mes bras. Ça réchauffait mon cœur, l'automne avait des relents de froids, et un peu de chaleur humaine ne me faisait aucun mal. Puis, je pouvais le faire, sans trop en abuser. C'était ce qu'il avait dit. Je n'allait pas me priver. Je laissait l'appartement entre ses mains. Je n'avais pas peur, à part les plantes, il avait rien de bien important. Même ma vielle console de jeu, c'était remplaçable. Il pouvait casser un pot ou deux, je ne me fâcherait pas. Pour me mettre en colère il en fallait beaucoup. Je me souviens même plus quand c'est arrivé. Ma fuite face aux mots de cet homme, ce n'était pas de la colère, c'était de la honte. La même qui m'a fait m'effacer. Encore et toujours. Je suis comme certaines plantes, à la fois forte, mais fragile. Je reviendrai au coucher du soleil. J'ai pris ma voiture. Caressant brièvement sa carrosserie, mon bébé de métal. Mon agent polluant que j'aimais. Bien vite que les gens trouve de quoi rouler proprement, sans tricher. L'électricité était produite par des agents polluants bien plus toxique que ceux que mon pot d'échappement laissait derrière son passage. Un vélo avec le matériel que je transportais était impensable de toute façon. Je préférait me dire que j'avais bien fait. Que je laissais Joris prendre ses décisions.