Ensemble pour Nina ! [PV]

Nina était en danger. Leur père avait mis ses menaces à exécution et l’avait enfermé quelque part dans Dollet, la faisant passer pour malade auprès des autres personnes de la ville qui, par ailleurs, avaient d’autres chats à fouetter que de savoir ce que devenait la fille des Arriline. Nina n’avait eu le temps de rien faire, et si elle aurait pu se battre et se débattre, elle ne l’avait pas fait, probablement par peur de blesser quelqu’un avec ses facultés d’ancienne SEED, donnant raison à son père de l’enfermer et à Cyadée de les critiquer. C’était leur mère qui avait prévenu Callista. L’instructrice avait alors parlé à sa demi-sœur de la situation.

Cette dernière était récemment devenue instructrice elle aussi à cause de sa santé. C’était un sujet auquel Callista évitait de penser, et elle devait faire les choses par étape, une par une, elle ne pouvait pas se préoccuper de sa demi-sœur et de sa sœur jumelle en même temps, son esprit risquait d’exploser dans ce cas. Elle avait demander son aide à Freya car si récupérer Nina n’était pas dur en soit (elle n’était pas non plus gardée par des  soldats gabaldiens, tout ça restait une histoire de famille), il faudrait quand même prendre en compte la cécité de leur sœur qui n’aiderait pas à l’extraire de Dollet. Et, surtout, Freya n’était pas un visage connu à Dollet, ni dans la maison Arriline, alors que Callista était connue comme le loup blanc. C’est pourquoi elle avait besoin d’elle pour entrer dans la ville puis dans sa maison.

Une fois les choses expliquées et réglées avec Freya, les deux sœurs durent en référer à Kramer. Elles s’en tiendraient à un problème de famille, elles n’y allaient pas au nom de la BGU, Callista donna des assurances au directeur de sa bonne foi. Il était trop insondable pour qu’elle sache ce qu’il pensait, mais elles eurent l’autorisation de se rendre à Dollet toutes les deux, il faudrait juste qu’elles soient revenues à la fin de leur congé exceptionnel et, surtout, qu’elles restent discrètes. Cela allait de soi vu tous les problèmes récents.

Callista se déguisa un minimum, troquant le blond des Arriline pour des cheveux bruns, quasiment noirs corbeaux. Cela faisait ressortir ses yeux bleus, mais avec en plus des vêtements un peu différents de ce qu’elle portait en tant que SEED/Instructrice, elle pensait pouvoir faire au moins illusion sur le trajet menant à sa ville de naissance. Elle avait en effet mis des vêtements colorés, soit une robe chemise majoritairement rouge avec une ceinture jaune. Elle avait caché son holster sous une veste en cuir bordeaux et elle portait aussi des collants en laine et des bottes. Des vêtements civils et des vêtements qui ne rappelaient pas la noble qu’elle était. Elle avait pris un change un peu dans le même esprit mais plus foncé : les vêtements normaux et colorés de l’instructrice étaient rares car elle portait quasiment en permanence des pantalons ou des jeans noirs avec des tee-shirts neutres. Il avait fallu qu’elle écume son placard pour trouver quelque chose de passe-partout.

Sur le trajet, qu’elles firent en bateau, Callista repassa le plan avec sa demi-sœur : « Il faut qu’on entre dans la maison la nuit. Si père n’a pas fait changer les serrures, j’ai la clef, sinon, il faudra qu’on entre par effraction. Il a sûrement embauché quelques gardes pour surveiller Nina, mais pas non plus ce qui se fait de mieux, alors il nous suffira des les assommer. Ma mère sait que nous venons, mais elle ne sait pas quand. Si on la croise, on devra peut-être l’assommer aussi pour que père ne comprenne pas qu’elle est dans le coup. Notre maison est en plein centre-ville, il va donc être difficile d’y aller sans que personne ne nous voit… même de nuit… il va falloir compter sur la situation de Dollet qui n’a pas été en se simplifiant depuis l’invasion. Les habitants ont sûrement moins le droit et le cœur à traîner dans la ville jusque tard. »

Elle déplia le plan de la maison qu’elle avait dessiné elle-même pour Freya. « Nina est à la cave, dans une prison improvisée. Père semble la nourrir correctement en attendant de trouver quoi faire d’elle. Mère pense qu’elle risque d’être vendue mais elle ne sait pas à qui… je t’avoue que j’ai un peu peur qu’elle ne finisse entre les mains de personnes cherchant à percer les secrets de la para-magie, des gens à la solde de Cyadée… mais père n’a encore rien fait, pris aucun contact, je suppose que même pour lui c’est difficile de vendre sa propre fille... » Elle soupira et continua à réfléchir sur comment elle allait faire pour se cacher du regard des habitants de Dollet. Elle avait bien pensé à des lunettes noires mais ce n’était pas de saison, ça allait seulement attirer encore plus l’attention sur elle. « Qu’est-ce que tu en penses ? » Demanda-t-elle à sa demi-sœur qui, à défaut de connaître les lieux, avait peut-être des idées sur la marche à suivre. Cela devait lui faire bizarre d’aller au secours de leur sœur dans la maison où se trouvait son père biologique qu’elle n’avait jamais rencontré…

{Tenues civiles de Callista : https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/c1/6c/80/c16c8006d7bfa8f6e1ce5e465a3e20cb--natalie-dorner-stunning-brunette.jpg
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Dès que Callista m’avait mis au courant de la situation de Nina, il n’avait ensuite fallu que quelques minutes pour que nous nous retrouvions dans le bureau du Directeur Kramer. Bien que je ne lui en ai jamais parlé, ce dernier semblait parfaitement au courant des dernières péripéties de ma vie familiale. En tout cas, il ne posait aucune question sur ma participation à l’opération de sauvetage et n’émit aucune réserve, à part celle, on ne peut plus logique de rester discrètes. Beaucoup critiquaient le Directeur et ses méthodes mais pour ma part, je trouvais qu’il gérait plutôt bien le fardeau que représentait de gérer une organisation de cette envergure. J’aurai pu lui en vouloir après ce qui m’étais arrivé avec le SOLDAT et tout ça. Je l’avais fait d’ailleurs, pendant un bon moment. Aujourd’hui ? Je prenais conscience qu’entrer au SOLDAT était mon choix. J’avais conscience qu’il pouvait y avoir des effets secondaires. Mais j’étais jeune et je voulais fuir mes sentiments pour Léandre. Je n’avais même pas réfléchi. C’était mon seul reproche. Ils faisaient miroiter la lune à des adolescents impressionnables. Quel ado de quinze ans refuserait quand on lui proposait d’entrer dans l’élite contre une petite opération qui boosterait ses capacités ? Aucun. Ils étaient rares ceux qui refusaient le SOLDAT. Pour ma part, je n’en connaissais qu’une. Et son refus n’avait rien d’étonnant.

Après tout ce qui m’était arrivé, j’aurai très mal pris un refus de la part de notre Directeur. Mais nous n’en étions pas arrivés là et, pour cela, il avait gagné des points de respect.

L’autorisation obtenue, nous nous étions dirigées vers nos chambres respectives afin de nous préparer. Ne voulant pas prendre le risque que mon lien de parenté ne soit deviné, j’optais pour une perruque noire. Les SOLDAT n’étant pas en odeur de sainteté sur le continent, j’optais également pour des lentilles de contact vertes et un maquillage prononcé. Avec ça, j’étais méconnaissable. J’avais toujours aimé me déguiser. Mais là, c’était loin d’être un jeu. J’étais prête à tout pour sortir Nina de là. Je passais une tenue sombre, spécialement prévue pour pouvoir cacher un nombre impressionnant d’armes de lancer en tout genre. J’espérais ne pas avoir à en faire usage mais il valait mieux  être parée à toute éventualité. J’apportais une autre tenue du même genre ne sachant pas combien de temps tout cela nous prendrait. J’avais chaussé des chaussures confortables, au cas ou un peu d’escalade soit nécessaire. Ou de la course, ou que sais-je encore.

Il était maintenant temps de se rendre à Dollet. J’écoutais avec attention ce que Callista avait à me dire. Elle avait la parfaite maîtrise des lieux et surtout, elle connaissait bien son père – notre père en fait – ce qui était un atout pour ce genre d’opération. Les exfiltrations étaient toujours à mener avec subtilité. J’en avais fait peu car ma santé avait toujours été instable et la BGU ne voulait pas que je puisse compromettre les opérations. On m’avait cantonné à la castagne de masse et aux opérations ‘suicide’. Détail que je n’allais certainement pas avouer à Callista.

« S’il y a des gardes, c’est surement qu’il se doute que tu vas tenter quelque chose. Autant se préparer pour l’effraction. Il ne pourra pas anticiper qu’on soit deux donc il faudrait peut-être qu’on entre par deux points d’accès différents. Ca nous permettrait de neutraliser plus de gardes en moins de temps. »

Nos adversaires n’étant que des gardes lambda, il ne serait pas nécessaire qu’on se couvre. Il faudrait privilégier l’action rapide. Pour ce qui était de ne pas se faire voir, nous étions entrainées et rapide, cela ne devrait pas trop poser problème. Callista déplia ensuite le plan que je fixais afin d’en mémoriser tous les détails. La façon dont mon père traitait ma sœur me révulsait. J’étais bien contente de ne jamais avoir eu affaire à lui.

« Il faut absolument qu’on la sorte de là. Même si pour ça je dois démonter la maison pierre par pierre. Comment est-ce qu’on peut faire ça à sa propre fille ? »

Ma sœur ne m’avait jamais vu en combat, elle ne connaissait pas encore le monstre qui sommeillait en moi dans ces moments-là. Ma force était impressionnante mais je perdais en contrôle et ma résistance était quasi nulle. Je frappais et j’esquivais sans me soucier du reste. Mais, nous ne devions faire face qu’à du menu fretin donc ce n’est pas aujourd’hui que l’occasion se présenterait.

Pourtant, je n’étais pas sure de pouvoir me retenir si je croisais mon géniteur. Seul un être abject pouvait  faire ce genre de choses à sa fille. Jamais les Ravenel ne m’aurait traité de la sorte et nous n’étions pas liés par le sang. De nous trois, j’étais peut être celle qui avait eu le plus de chance.

« J’en pense qu’il faut bien qu’on se lance. Il faudrait qu’on repère la rue pour se fixer sur les allées et venues. Comme tu es connue là-bas il vaut peut-être mieux que je m’en charge, non ? »

Un fin sourire ironique barra les lèvres naturellement carmins sous la pression de la belle instructrice. Elle oubliait souvent que Freya ne connaissait pas vraiment Nina, et que, surtout, elle ne l’avait pas connu avant qu’elle ne devienne infirme. « Ce n’est pas de moi que père se méfie, encore que… peut-être. Mais s’il a engagé des gardes c’est parce que Nina n’a rien perdu de sa pugnacité quand elle a été blessée. C’est une SEED à la retraite, elle est encore très forte. Père ne pourrait pas la maîtriser à lui tout seul. » Et leur géniteur à toutes les trois s’en sortait plutôt très bien que sa fille à demeure respecte la parole qu’elle avait faite au directeur Kramer de ne plus jamais utiliser sa para-magie. Peut-être qu’en tout dernier recours, si elle était vraiment en danger mortel immédiat, elle le ferait… et encore. Nina avait ceci de commun avec Callista qu’une parole donnée n’était pas vaine.

« Une fois qu’on aura retrouvé Nina, si ce n’est qu’il faudra la guider à la voix, on pourra se considérer comme étant au moins deux et demi. D’ici là, tu n’auras qu’à entrer par devant et moi par derrière. » Elle montra sur le plan les accès dont il était question. L’un donnait sur la rue et était l’entrée principale, l’autre donnait sur la cour et le jardin et servait d’entrée pour les domestiques.

« A force de vendre son âme au plus offrant, il s’est perdu lui-même. Il ne nous considère pas comme ses filles, nous ne sommes que des objets qui désormais l’encombrent. » Sa voix ne tressaillait pas. Elle savait depuis son enfance que son père était indifférent à son existence et qu’il la vendrait à un riche partie dès qu’il en aurait l’opportunité. Il avait toujours été tellement déçu de n’avoir que des filles, il aurait voulu un garçon qu’il puisse former pour lui succéder. A la place, il ne pouvait espérer qu’un gendre avec un certain don pour le commerce et la diplomatie… et maintenant, avec les discours anti-SEED de Cyadée, il ne pouvait même plus espérer ça. Car trop de monde savait pour Nina et Callista, les deux jeunes fugueuses devenues Cadet à la BGU par leur propre moyen. Il ignorait qu’il avait une autre fille, d’une autre femme, mais il serait sûrement des plus surpris d’apprendre qu’elle avait terminé au même endroit… En même temps, c’était un homme intelligent, ses filles avaient juste décidé d’être malines pour le compte de personnes d’un standing un tout petit plus élevé.

« Oui, tu peux y aller en premier et m’envoyer un message quand il n’y aura personne. Après… ils me connaissent c’est sûr, mais dans la nuit, en brune, je pense que j’arriverai à faire illusion. » Puis ce n’était pas comme si les habitants n’avaient pas déjà plein de choses à penser depuis qu’ils avaient changé de régime. Encore que Cyadée ait une réputation en demi-teinte chez les civils, beaucoup adhéraient bêtement à ses paroles du moment qu’elle ne s’en prenait pas à eux. Ils étaient tous des moutons bêlant ce qu’on leur demandait sans réfléchir. Pendant ce temps, Callista la réprouvait formellement car, après tout, cette femme avait quand même retenu trois des leurs pour les torturer, si ce n’était pas de la simple cruauté, qu’est-ce que c’était ? Et on n’évoquera même pas la bestiole qu’elle leur avait laissé en cadeau pendant l’examen des Cadets. Non, décidément… Calli’ ne l’aimait pas. Mais elle avait pour le moment un autre monstre à terrasser, et elle avait pour moitié le même sang que lui.

Elle laissa Freya s’en aller seule dans le quartier pendant qu’elle attendait caché le signal que leur petite mission improvisée pouvait démarrer.

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Je devais bien avouer qu’il m’était difficile d’appréhender la cécité de Nina. Bien sûr, objectivement je savais que son accident ne l’avait pas privé de ses capacités hors du commun propre à tout SEED. Mais la vue me paraissait tellement indispensable que je ne m’imaginais pas combattre sans. Encore que je pouvais facilement briser des os si je le souhaitais mais ça, c’était uniquement à cause des expérimentations du SOLDAT. Un mauvais coup et je finissais au tapis. Sur ce point, mes sœurs étaient certainement avantagées. Mais j’aurais tout le temps de réaliser tout cela une fois Nina bien à l’abri. Non, le véritable problème venait surtout que, contrairement à Monsieur Arriline, mon père adoptif avait été tellement formidable que la simple pensée de me battre avec lui m’était intolérable. J’avais beau savoir tout ce qu’il avait fait subir à mes demi sœurs, le respect des ainés qu’on m’avait inculqué était tellement ancré que, même en n’ayant pas de lien avec mon géniteur et une rancune tenace à son endroit nourrie par mon abandon et les récits de Callista, tout monstre qu’il soit, je ne pensais pas être capable de lever la main sur lui. Sans doute aussi parce que je savais qu’il ne s’en relèverait pas.

« J’ai encore du mal à me faire à l’idée. Associer la notion de Père et des termes comme gardes et maîtriser… Ce n’est pas quelque chose de naturel pour moi et ca me révolte tellement. Pour vous deux. »

Plus j’en apprenais sur mon père biologique et plus l’amour déjà inconditionnel que j’avais pour les Ravenel grandissait. Si mon amour pour Léandre n’avait pas été un tel crève-cœur, nous aurions pu être la famille parfaite.

Mais l’heure n’était pas à de telles réflexions. Il fallait sortir Nina de sa prison familiale. Cette exfiltration ne pouvait plus attendre. Je savais à présent ce que j’avais à faire. Cette opération ne me semblait pas si difficile. Ou en tout cas ne comportais quasiment pas de risque que j’y laisse ma peau contrairement à la majorité des missions qu’on m’avait assigné quand j’étais encore en activité. M’introduire par la grande porte dans une maison bourgeoise, même gardée, ce serait du gâteau. J’hochais donc silencieusement la tête, agréant au plan de ma demi-sœur et l’esprit déjà focalisé sur ma mission. Il allait me falloir être rapide mais, après tout, s’était un de mes meilleurs atouts, après ma force herculéenne.

« C’est parti. »

Je me dirigeais donc dans le quartier de résidence des Arriline d’une démarche naturelle. Arborant cet air d’ennui soigneusement étudié que j’avais vu sur le visage de trop nombreux jeunes de mon âge. Pas plus perturbés que ça par les changements politiques tant que leur petit confort n’était pas perturbé, ils continuaient à vivre leur petite vie, sourds à ce qui couvait sous leurs pieds. Je pianotais sur mon téléphone, semblant éminemment concentrée et ainsi, je devenais totalement invisible. Une fois arrivée à proximité de la maison, j’inspectais prudemment les alentours. Apparemment, il n’y avait qu’un seul garde à l’extérieur. Et il n’était pas très discret. Les riches et les puissants de Galbadia avait bien perdu à ne plus avoir le droit de faire appel aux services du SEED. Tout chez ce ‘garde’ criait à l’amateurisme. Vérifiant qu’il était bien seul, je m’approchais de lui. Callista avait raison, son père devait avoir concentré l’essentiel de ses troupes pour canaliser un danger intérieur, pas extérieur.

Alors que je m’approchais d’un pas nonchalant, le garde fronça les sourcils. Il était posté bien en vue devant la porte principale. Une vraie invitation. Il m’accueilli avec un air irrité et les bras croisés.

« Je peux vous aider ? » Au ton de sa voix, on sentait qu’il ne voulait pas du tout m’aider mais plutôt me faire retourner très vite d’où je venais. Une chose était sure, si j’étais pour lui une nuisance, il ne me considérait pas comme un danger. Pas jusqu’à ce que je le rejette dans un coin sombre et invisible aussi bien de la rue que de la maison et ce, d’une violente traction du poignet. Je le lui avais sans doute brisé d’ailleurs mais je n’étais pas connue pour faire dans la dentelle. Avant qu’un son n’ait pu sortir de sa bouche, je l’avais rejoint avant de placer l’un de mes poignards sous sa gorge. « Si j’étais toi, j’éviterais de hurler. » Ma mise en garde du faire son petit effet car il ne pipa mot pendant que je le bâillonnais et l’attachait. Il ne me restait plus qu’à lui pincer le nez et l’empêcher de respirer suffisamment longtemps pour qu’il tombe dans les pommes. L’assommer aurait été plus efficace mais potentiellement plus fatal. Je maitrisais moins ma force que les besoins en oxygène d’un humain de sa corpulence. Un rapide et discret petit tour du propriétaire plus tard et je pouvais affirmer à Callista que la voie était libre. Je n’avais pas non plus aperçu de mouvement suspect par les fenêtres mais n’ayant pas encore pénétré à l’intérieur, on ne pouvait jurer de rien. J’adressais donc un rapide SMS à ma sœur. ‘Garde maitrisé à l’extérieur. La voie est libre.’ Je retournais ensuite d’où je venais avant de pénétrer d’un mouvement fluide dans la gueule du loup et de refermer sans bruit la porte derrière moi.

Callista secoua la tête, moins pour nier les paroles de sa demi-sœur que pour se convaincre que si elle devait affronter son père, elle arriverait à l’assommer sans lui faire trop de mal. Elle était dans un état d’esprit plutôt contraire à celui de Freya : si elle devait mettre KO leur père, elle n’hésiterait pas. Peut-être parce que c’était ce qu’elle avait fait voilà de nombreuses années avec un tison pour s’enfuir loin de lui.

« Je comprends ce que tu ressens, mais aujourd’hui, on ne doit pas le voir comme notre père mais comme le geôlier de notre sœur. Et tu n’as pas à être ennuyée pour nous, pour ce que ça vaut, c’est en étant élever par lui que nous sommes devenues ce que nous sommes. Dans ce milieu, avec un gentil papa bienveillant, nous n’aurions peut-être pas eu le courage de prendre la fuite et nous serions mariées avec une ribambelles de gosses. » Pas qu’elle n’aimait pas les enfants, mais elle préférait ne pas en avoir eu à peine sortie de l’adolescence. Bizarrement, malgré le danger et même l’accident de Nina, elle avait bien plus profiter de son adolescence au sein de la BGU que si elle était restée avec sa famille. Ce n’était pas le cas pour tous les cadets passés et actuels, mais pour Nina et Callista, ça avait été une échappatoire bienvenue ainsi qu’un objectif… Si elles n’avaient pas croisé la route des SEED, peut-être qu’elles seraient restés serveuses, qui sait ? En tout cas, elle préférait ne pas trop y penser, car vous savez ce qu’on dit, avec des « si » on mettrait Deling City en bouteille !

Les deux jeunes femmes se lancèrent à l’assaut après une dernière mise au point. Callista n’était pas rassurée d’être séparée de Freya vu ses antécédents médicaux, mais c’était la meilleure façon de faire sortir Nina. L’attente lui parut interminable, ce n’est que quand elle reçu le sms de sa demi-sœur que Calli’ se rendit compte qu’elle avait quasiment oublié de respirer. Elle manquait visiblement d’entraînement sur le terrain : il fallait qu’elle se reprenne ! La mission d’extraction de Nina ne devait pas échouer. Pas uniquement parce qu’elle était sa sœur jumelle (bien qu’il faille l’admettre, ça jouait pas mal), mais aussi parce qu’il ne fallait pas que Cyadée ait accès un nouveau cobaye. Il y avait peu de SEED à la retraite en dehors de Balamb, Nina était une proie trop facile. Et rien qu’à se souvenir de Lucian à son retour de mission donnait encore des sueurs froides à Callista. Comme beaucoup d’entre eux, elle détestait la sorcière, alors il ne manquerait plus qu’elle s’en prenne à une de ses sœurs pour que l’instructrice ne se jette une bonne fois pour toute dans une mission suicide. Callista était comme ça, sous ses airs calmes, presque froids, elle était capable d’être la pire des têtes brûlées. Sauf que peu de gens connaissaient cet aspect d’elle, elle se maîtrisait trop bien avec son fameux flegme.

Elle tapa rapidement un message à Freya « Ok. Je rentre. » et elle s’approcha de la maison, passant par la porte de derrière qu’elle n’eut même pas besoin de forcer. Les domestiques allaient et venaient à n’importe quelle heure alors elle n’était jamais fermée. En revanche, dès qu’elle eut passé la porte, elle tomba sur la cuisinière. Une brave femme qui avait souvent donné des gâteaux aux jumelles en cachette quand elles étaient petites. Calli’ se mordit la lèvre, hésitant sur la marche à suivre. Finalement, elle se glissa en silence derrière elle et elle frappa un point sur la gorge de la brave dame pour qu’elle perde connaissance. « Je suis désolée. » Murmura-t-elle en grimaçant. Nina devait être dans la cave, Callista se rendit à pas de loups jusqu’à la porte y menant, on pouvait entendre des voix d’hommes qui parlaient. C’était bien là qu’était Nina. Il devait y avoir environ quatre hommes car c’était le nombre de voix qu’elle distinguait. Elle envoya un nouveau message à Freya : « Suis à la porte de la cave, près des cuisines. 4 hommes minimum en bas. »

Callista n’était pas étonnée que son père n’ait engagé que des hommes, il avait été toujours d’un machisme crasse. Elle attendit que sa demi sœur arrive et elle lui fit signe d’approcher. Callista se dit qu’il faudrait trouver une arme improvisée pour sa sœur jumelle une fois qu’elle serait libre. Un bâton ce serait pas mal… « Prête ? » Murmura-t-elle à Freya avant d’ouvrir la porte de la cave et de se ruer vers les hommes. Au corps à corps, mieux valait que ce soit elle qui s’en charge, Freya ayant trop de force et risquant de les tuer presque sans faire exprès. « Callista ? » Demanda une voix au timbre clair : c’était Nina. « Oui ! C’est moi ! Et Freya est là aussi ! On vient te libérer ! Freya, tu peux te charger des barreaux pendant que j’en termine avec ces messieurs s’il te plaît ? » Elle ne pouvait pas regarder Nina en détail mais sa sœur avait l’air d’aller bien, elle avait juste les traits un peu tirés. « Freya ! Regarde si tu vois quelque chose qui pourrait servir d’arme non létal à Nina. Je doute qu’on nous laisse sortir si facilement. » Elle envoya un coup de pied au quatrième homme, le mettant à terre. Se battre contre des civils, c’était presque trop facile...

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{Désolée pour ce qui n'est même plus du retard tellement c'est honteux x.x}

J’avais énormément de mal a imaginer ce qu’avais pu être la vie de mes demies sœurs avant le SEED. Tout cela était tellement éloigné de tout ce que j’avais pu connaître. Avec ma famille, nous avions eu un mode de vie simple, fait de voyage. Etant donné que nous n’étions pas forcément bien vu des diverses populations que l’on pouvait croiser, l’entre soi était en général de rigueur. J’avais toujours été sociable mais ce penchant avait loin d’avoir toujours été payé de retour. Aussi, la plupart du temps je restais en compagnie des autres Voyageurs. Pourtant, jamais mes parents ne m’auraient imposé un mariage. Du moins, je ne le pensais pas. Pour être tout à fait franche, jamais la question n’avait été abordée. Ils n’avaient jamais contesté mes choix quand à mon avenir, n’avait que peut protesté quand je leur avait annoncé que j’allais rejoindre le SOLDAT. J’avais pourtant à peine quinze ans. C’était comme s’ils avaient toujours su qu’un jour, je finirais par leur échapper. D’une façon ou d’une autre. Peut-être que Maman avait réellement un don de clairvoyance après tout.

Je repassais le conseil de Callista dans ma tête. Ne pas voir Monsieur Arriline comme mon géniteur mais comme le geolier de Nina. Ce n’était pas si difficile. Après tout ça ne faisait pas si longtemps que je conniassais son existence et ce que j’avais appris de lui ne me donnait pas vraiment envie de lui faire un calin et de lui demander de rattraper le temps perdu.

Une fois séparée et ma petite mission de mise hors d’état de nuir de gardes terminée, je recevais un SMS de Callista m’indiquant qu’elle entrait. Rien à signaler de mon côté. Apparemment, j’avais bien fait mon travail mais je restais l’oreille aux aguets de peur qu’un nouvel ennemi ne sorte d’une des nombreuses pièces de la maison. Un nouveau message de Calli m’informant qu’elle descendait à la cave et qu’il y avait au moins quatre hommes là bas. C’était donc là bas qu’il avait enfermé Nina. Une bouffée de colère indignée me submergea. Un bruit se fit alors entendre dans une pièce non loin. Quelqu’un allait ouvrir la porte. Je ne distinguait qu’un seul jeu de pas. La personne était donc seule. Alors que je devinais qu’il posait la main sur la poignée je fis un brusque mouvement afin d’ouvrir et fermer la porte. La vitesse et ma force combinée firent qu’en se prenant la porte en plein front la personne se retrouva à terre, assommé. Une pression sur la jugulaire plus tard et le dernier garde était immobilisé et inconscient pour un moment.

Je me dirigeais ensuite vers la cave. Elle fut moins difficile à trouver que je ne le craignais. J’avançais à pas de loup pour ne pas révéler ma présence. Callista me fit alors signe de m’approcher. J’hochais la tête à sa question et la laissais se charger de nos ennemis. J’avais trop peur de causer leur mort à la moindre inattention. Les civils étaient si fragiles. Je me contentais donc de clouer au sol le bras d’une des victimes de Callista alors que je le voyais tendre la main vers son téléphone pour donner l’alerte. Les couteaux avaient toujours leur utilité en mission.

« Je m’en occupe ! »

Sans faire dans la dentelle, je donnais un puissant coup de pied dans la porte. Je n’avais pas prévu d’avance qui cèderait le premier entre les barreaux et le verrou. Il s’avéra que ce furent le verrou mais aussi les gonds. Peu émue par tout cela, je rattrapais la porte avant qu’elle ne s’écrase au sol en un lourd fracas. Je la repoussais sur le côté avant de vérifier que Nina n’avait aucune blessure apparente.

« C’est moi, Freya. »

Je serrais rapidement la main de ma demie sœur avant de me conformer aux instructions de Callista. Je sondais la pièce du regard. Je repérais un tuyau en cuivre qui devait servir pour l’eau. Long, épais et lourd. Ca devrait faire l’affaire si elle le maniait comme un baton. Je donnais donc un puissant coup de pied dans l’installation. Lancée à pleine puissance, mes coups étaient dévastateurs. Le tuyau de métal se décrocha donc sans trop de difficulté et l’air terrorisé des hommes encore éveillé valait largement le saignement de nez que ces efforts m’avaient valu. J’essayais de le faire disparaitre d’un revers de main avant de retourner auprès de Nina pour lui tendre son arme improvisée. Nous étions à présent trois mais pas tirées d’affaire pour autant.