Trois petits chats ( Liam)

Impossible de mettre la main dessus. La journée s'était bien déroulé pourtant. Je m'étais même levé de bonne humeur - traduction, j'avais autorisé Paul à me faire un câlin - et puis je l'avais laissé vagabonder à ses travaux d'infirmiers avant d'aller à la serre de combat. Je n'avais pas de missions en ce moment alors pour ne pas non plus perdre la main, je m'exerçait contre des monstres limités à ceux de la BGU. C'était mieux que de rester allonger dans ma chambre toute la journée non ? Au moins on ne pouvait pas me reprocher un manque d'activité de ma part.
Je m'étais battu contre deux ou trois Orchida et quelques Lygus avant de prendre la poudre d'escampette en entendant le pas familier d'un T-Rex. J'étais peut être suicidaire de temps en temps mais je n'avais pas envie que Paul se retrouve avec mon cadavre à l'infirmerie. Avant je me disais que si je mourrais, je manquerai à personne - pas même à mon père. Mais maintenant j'avais l'ancien paysagiste dans l'équation de ma vie. Il avait déjà perdu ses parents, je ne désirai pas ajouter une couche en me rajoutant à la liste. Et puis honnêtement, depuis que je le connaissais, j'y avais pensé de moins en moins. Le plus haut taux restait bien entendu le jour de mon anniversaire. Je lui avais d'ailleurs clairement fait comprendre que je ne le fêtais jamais. Simplement avec moi-même en mémoire de mon frère.

Enfin du coup en fin d'après-midi après avoir terminé ce que j'avais à faire - comme des rapports de missions qui trainaient - j'avais quitté la BGU pour rejoindre l'appartement de Paul. Même si j'avais clés, je n'osai pas encore penser qu'on avait emménagé ensemble. Mes vêtements qui étaient entreposés dans l'armoire de la chambre, ni ma brosse à dent sur le lavabo, ne voulait strictement rien dire. C'était peut être parce que j'étais terrifié par cette relation, qui était toute nouvelle même pour moi. Ca ne faisait pas si longtemps que ça après tout que Paul et moi on sortait ensemble. J'avais dit oui, sans véritablement savoir comment nommer ce que je ressentais pour l'infirmier. Était ce vraiment de l'amour ? J'avais eu beau lire deux trois livres sur le sujet, je n'avais pas trouvé de réponse à ma question. Même les tests ridicules sur internet...Qui s'étaient avérés positifs. " Vous êtes amoureux". Je me sentais bien avec lui, je ne voyais pas pourquoi je devais m'interroger aussi lourdement. La curiosité était un vilain défaut, mais ça pouvait être aussi pas très saint. J'avais moins de soucis avec Pauris. Hâte de câliner mon petit chat. Je m'étais attendu à le voir débarquer en ayant ouvert la porte de l'appartement. Mais rien.

- Pauris ?

Ma voix s'était élevé dans le salon vide. Il n'y avait vraiment aucun bruit. J'étais allé vérifié qu'il ne s'était pas encore une fois fait enfermé accidentellement dans le placard à balais ou dans l'armoire de la chambre. Mais rien. C'était un fait : Pauris n'était pas à la maison. Le taux de chat écrasé était élevé, et la panique avait commencé à monter. Je devais pourtant garder mon calme. Inspirant et expirant, j'avais quitté l'appartement pour me mettre à la recherche du chat.

- Pauris ???

Je criais dans la rue, regardant derrière et dans les poubelles. Répétant son nom, encore et encore. Où est ce que ça pouvait bien aller un chat ?

Après avoir donné son cours de la matinée, Liam était rentré chez lui à Balamb. Il ne faisait pas cours cet après-midi donc autant manger chez lui et commencer à préparer le cours suivant tranquillement à la maison. Installé à sa table de cuisine, il reposait sa tasse de cappuccino fumante sur cette dernière après en avoir bu une gorgée. Cela faisait toujours du bien de boire ce breuvage après son repas. Il y rajoutait toujours un peu d’épice pour en relever un peu le goût. Son regard parcourait alors toute la pièce. La cuisine était dans un sale état aujourd’hui. La vaisselle trainait dans l’évier et les poubelles ménagère et du tri sélectif étaient remplies à ras bord. L’instructeur se laissait vraiment aller ces derniers temps. Pourtant, il avait toujours mis un point d’honneur à garder sa maison entretenue mais ce que lui avais dit son fils cadet lui avait beaucoup occupé l’esprit dernièrement. D’après lui, une grosse partie des cadets semblaient souffrir d’une baisse de motivation générale. Ils entendaient tellement de choses sur Cydaée qu’ils commençaient à perdre confiance en eux. Cette information dérangeait Liam car si ses étudiants perdaient foi en eux et dans le SEED, il serait bien difficile de les préparer pour réussir le Concours du SEED. D’abord pensif, le visage de Liam finit par briller au contact des rayons de soleil sur sa peau. Cette cuisine était décidément bien exposée et puis difficile ne voulait pas dire impossible, pensait-il. Le quarantenaire avait du pain sur la planche.


Liam avait prononcé ces paroles comme pour se donner du courage. Il s’était alors aussitôt levé, avait débarrassé la table et s’était attelé à faire toute la vaisselle traînant dans l’évier. Une fois tout essuyé et rangé, il s’était alors attaqué aux poubelles. Les empoignant de chaque main, Liam sortit de sa maison mais il s’arrêta net sur le palier.  Joris, un ancien de ses élèves, était en train de farfouiller dans ses poubelles. Etait-ce bien le jeune Joris qu’il prenant en flagrant délit de farfouillage ? A y regarder de plus près, cela ne pouvait qu’être lui. Son attitude rebelle et nonchalante en témoignait pour lui. Très étonné de le voir ici, Liam fronça les sourcils en essayant de comprendre pourquoi le garçon était autant agité puis descendant les quelques marches le séparant du petit chemin menant à son portail, il ne pu l’empêcher de le taquiner :


Cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas vraiment vu à part peut-être au détour d’un couloir. Il faut dire que Joris était Seed maintenant donc il devait être occupé. Surtout depuis que son blâme avait été retiré, il avait dû sûrement repartir en mission, même si celles-ci se faisaient apparemment plus rare en ce moment. Il prit apparemment Joris par surprise car il crut le voir faire un bond en entendant sa voix.  Voyant le désarroi du jeune homme dans son regard, Liam se dirigea vers lui et lui demanda d’un ton plus sérieux :

Je savais à présent ce que ressentais une mère quand elle perdait son enfant de vue au supermarché. L'inquiétude était très présente, même si je doutais que quelqu'un ait enlevé Pauris. A moins de vouloir une rançon pour sa libération. La raison la plus simple était que le chat avait réussi à se faufiler dehors et était parti jouer les explorateurs. Il n'y avait plus qu'à espérer que Pauris n'ait pas vécu de mésaventures. Qu'il allait bien, juste perdu dans les rues de Balamb ou dans une poubelle. La honte quand même d'en être venu à fouiller les ordures. Avec de la chance, personne de ma connaissance ne me prendrait en flagrant délit. C'était cela dit bien connu que je n'avais pas de pot et une voix familière m'avait sursauter.

Je reconnaissais Liam, un instructeur de la BGU. Je l'avais eu en tant que professeur, et ça ne s'était pas très bien passé au niveau de ses cours. Ces derniers étaient beaucoup trop durs pour moi, alors j'en avait séché bon nombre. Combien de fois était il venu carrément toquer à la porte de ma chambre pour que je vienne m'entrainer ? Trop surement, pour le pauvre instructeur qu'il était. Mais il pouvait se rassurer sur un point : il n'était pas le seul que j'avais rendu chèvre.

J'étais un peu gêné de la situation, je ne voulais pas que Liam pense que j'étais un fouineur. En voyant ma tête, l'instructeur avait changé de ton, se rendant surement compte de l'inquiétude qui peignait mon visage.

- Je cherche mon chat, il était pas à l'appartement

Expliquais je tout en sortant mon téléphone portable afin de lui montrer une photo de Pauris. On ne savait jamais, dès fois que Liam l'ait vu passer dans le coin.  Bien qu'il ne devait surement pas être le genre de personne à prêter attention aux animaux qui parcouraient les rues de Balamb. Heureusement que mon petit chat était tombé sur moi, sinon il serait encore tout seul. J'avais réussi à persuader Paul de l'emmener avec nous. Je m'étais vilainement servie de son empathie pour le faire accepter.

Pendant que le jeune Wilder s’expliquait sur les raisons de sa présence ici, Liam en profita pour soulever le couvercle de chacune de ses poubelles pour y mettre les sacs fermés quelques minutes plus tôt. Joris cherchait apparemment son chat qu’il n’avait pas trouvé dans son appartement. Liam jeta un coup d’œil à la photographie de ce dernier sur l’écran que le jeune Seed lui tendait. L’instructeur haussa les épaules d’un air désolé, signe que la petite bouille du chaton ne lui disait rien.


Liam fit mine de réfléchir. Il savait qu’une de ses voisines avaient plusieurs chats. Cette dernière recueillait les bêtes perdues et s’en occupait comme s’ils étaient les siens. Quand la vieille dame le pouvait, elle retrouvait les propriétaires et leur rendait leur petite boule de poils et quand ces derniers demeuraient introuvables, alors elle gardait les animaux avec elle. Peut-être avait-elle vu le chat de Joris passer dans le coin et que ce dernier profitait d’un bon petit goûter ?


Liam ferma le portail derrière lui et fit signe au Seed de le suivre. Helena ne comprendrait peut-être pas de voir débarquer Joris chez elle. Il valait mieux accompagner le garçon pour tranquilliser la petite dame. Cette dernière était plus habituée à la compagnie des chats qu’à celle des hommes mais elle connaissait bien Liam. L’instructeur passait parfois prendre de ses nouvelles et lui apporter quelques courses qu’il faisait pour elle afin de la dépanner. Helena serait sûrement ravie d’avoir de la visite aujourd’hui. Les deux hommes traversèrent la rue et à quelques patés de maison, Liam s’arrêta devant l’une d’elle où trainaient déjà des chats le long du muret entourant la demeure.  


Il y avait tellement de chats que Liam se demandait comment Helena faisait pour tous les différencier. Elle leur avait donné à tous un petit nom et savait les reconnaître sans jamais se tromper. Liam en était toujours époustouflé. Il aurait été le premier à s’y perdre. Quelle mémoire elle avait, cette chère Helena !

La déception s'était affiché sur mon visage lorsque Liam m'avait annoncé qu'il ignorait où était Pauris. Il ne l'avait pas non plus aperçu. J'avais eu l'espoir que l'instructeur ait remarqué cette boule de poil passer peut être dans son jardin. Manifestement ce n'était pas le cas. C'était la première fois que mon chat fuguait et je ne savais pas du tout quoi faire pour le retrouver. Le pire était surement d'imaginer qui lui était arrivé quelque chose. Raison pour laquelle il n'était pas rentré à l'appartement.

- C'est pas grave, je vais continuer à chercher...

Il restait encore des poubelles à fouiller et des recoins à inspecter. D'ailleurs, je n'avais pas penser à regarder en-dessous les voitures. C'était ce que j'avais songé en voyant un chat tigré blanc et orange en sortir. Je pouvais toujours le faire en retournant sur mes pas si ma quête des poubelles était un échec. Est ce que j'aurai dû amener un sachet de ses gâteaux préférés pour le faire venir ? L'odeur lui serait peut être parvenu...J'étais tellement partie comme un fou que je n'avais pas penser à cela. Aish, je faisais vraiment un piètre maître à ne pas savoir comment retrouver son animal. Paul allait aussi être inquiet, c'était une évidence, quand j'allai lui annoncer la nouvelle si je rentrais les mains vides.
Alors que je comptais prendre congé pour continuer mes recherches, Liam me proposait d'aller voir sa voisine. Apparemment cette dame avait beaucoup de chats chez elle, et les adoraient assez pour accueillir ceux qui étaient perdus. Je ne perdait rien à aller lui demander ou de jeter un coup d'œil. Avec de la chance, Pauris se trouvait peut être là bas.

- D'accord allons voir

C'était très aimable à Liam de m'accompagner, et à vrai dire il valait mieux car je n'étais pas très doué pour faire les présentations. Comme l'instructeur la connaissait déjà, ça serait plus facile de pénétrer sur son territoire. Il y avait des personnes qui n'appréciaient pas qu'on vienne chez elle - et j'en faisais partie. Le livreur de pizza ou autre n'avait pas le temps de dire ouf que j'avais déjà récupéré la commande et claquer la porte. Je n'avais non plus jamais invité qui que se soit à l'appartement. Paul aussi d'ailleurs, vu qu'il savait que je détesterait cela.

Je suivais donc Liam, regardant tout de même autour de moi si je ne voyais pas une tâche noire dans le paysage. Mais rien à signaler. On était vite arrivé devant chez la dénommé Hannah. Des chats paraissaient sur le muret, nous fixant du regard. Ils étaient vraiment trop mignons. Liam me proposait de jeter un œil par dessus le petit mur pour voir si je n'apercevais pas Joris dans le jardin. Il y en avait énormément, certains dormaient, d'autres jouaient avec des balles ou ensembles en se donnant des coups de pattes.

- Je ne le vois pas...mais Pauris est peureux alors peut être qu'il est à l'intérieur...Tu peux sonner ?

Ce n'était pas moi qui allait le faire. Après tout c'était la connaissance de Liam, pas la mienne. Et je n'allai surement pas me salir le doigt, qui était déjà tout sale à avoir toucher les ordures des autres. Une fois de retour à l'appartement, je désinfecterait tout ça avec soin.

La triste mine de Joris avait fait mal au cœur de Liam. Le garçon semblait vraiment attaché à son petit animal de compagnie. Bien sûr, le contraire l’aurait étonné d’ailleurs mais chaque relation était unique et Joris en était clairement très proche.  

C’est en pensant à sa gentille voisine qui recueillait souvent les chats égarés ou abandonnés que le quarantenaire proposa à son ancien élève de l’accompagner dans sa recherche. Il ferait ainsi les présentations et aura eu le sentiment d’avoir fait sa bonne action de la journée. Au fond de lui, il espérait vraiment que le chaton aurait élu domicile pour la journée chez Helena.

Laissant Joris vérifier que son chat ne se trouvait pas dans la cour avant de la maison, Liam se dirigea vers la porte d’entrée. Il tourna la tête vers son camarade et attendit son feu vert pour sonner.  Quelques minutes plus tard, la petite dame vint lui ouvrir :





Demanda le Seed un clin d’oeil à l’appui de sa question. Liam ne ratait jamais une occasion de plaisanter avec sa voisine. Elle ne recevait pas beaucoup de visite alors s’il pouvait la faire sourire quand il la voyait, c’était déjà ça de gagné.



La vieille dame tourna la tête vers Joris et s’adressa à lui avec une voix plus forte tout en lui faisant signe de se rapprocher :